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Rapports de la force et du droit

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« Définition des termes du sujet: FORCE / FORT: a) Principe de puissance ou d'action.

b) Par opposition au droit: recours à la contrainte pour faire respect un pouvoir illégitime.

c) Droit du plus fort: conception qui fait reposer l'autorité du chef sur sa supériorité physique.

d) Fort: qui possède la force au sens fort ou au figuré.

Opposé à faible. DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). A.

Du prétendu « droit du plus fort » Toutefois, certains pensent que les règles juridiques expriment l'équilibre des forces en présence dans la société, plutôt que des exigences éthiques.

Le droit ne serait alors que la traduction de la force.

Telle est la thèse que développe le sophiste Calliclès dans le Gorgias de Platon.

À Socrate, qui affirme qu'il n'y a point de bonheur possible pour le tyran, puisque celui-ci est injuste, Calliclès répond que la justice est toujours du côté du plus fort.

Mais Calliclès distingue deux ordres radicalement opposés : la nature et la loi positive. • La nature, dit Calliclès, est gouvernée par la loi du plus fort – qu'on appelle familièrement la « loi de la jungle ».

En vertu de cette loi, il appartient au fort de dominer partout le faible : les gros poissons mangent les petits, et les êtres affaiblis ou malades sont appelés à être dévorés par leurs prédateurs.

C'est cette même loi, pense Calliclès, qui devrait régir les rapports entre les hommes.

Pour lui, il est juste que le plus fort s'élève au-dessus des autres, car son droit n'a d'autre limite que son pouvoir et son bon plaisir.

Cependant les hommes faibles, pour se protéger de la domination naturelle des forts, ont inventé la loi positive, laquelle s'oppose en tous points à la loi naturelle.

En effet, d'après la justice conventionnelle des hommes, il est bon au contraire de réprimer ses passions et de ne pas chercher à avoir plus que les autres.

Ainsi le juste et l'injuste s'inversent quand on passe de l'ordre naturel à l'ordre politique.

Mais peut-on ainsi fonder le droit sur la force ? En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est de subir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsi établies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.

C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables de dominer. B.

Force ne fait pas droit. • Rousseau, dans le Contrat social, réfute avec éloquence la thèse qui identifie le droit à la force.

« Qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? » demande-t-il à propos du prétendu « droit du plus fort ».

« Ce mot de droit n' ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout.

» Affirmer que la puissance fonde la légitimité, c'est confondre en effet le domaine du fait (ce qui est) avec celui du droit (ce qui doit être).

Or, ce n'est pas parce que l'esclavage existe qu'il est juste.

Et un crime reste un crime, même s'il demeure impuni. En outre, se soumettre à la force est un acte de nécessité ; obéir à la justice est un acte de volonté.

C'est un devoir d'obéir à la justice, tandis que céder à la force n'est qu'une maxime de simple prudence.

Ainsi, contre le sophiste Calliclès qui faisait de la force l'unique mesure du droit, Rousseau affirme l'essence morale du droit : céder à la force n'est nullement un devoir ; ce n'est qu'aux « puissances légitimes » qu'on est tenu d'obéir.

Les tyrans l'ont bien compris, qui cherchent toujours à masquer la force brutale sous des prétextes honorables.

Car la force nue est sans pouvoir sur les consciences.

Pour régner durablement, la force a tout intérêt à se faire passer pour le droit. L'hypocrisie des propagandes est, d'une certaine façon, l'hommage que la force brutale rend au droit.. »

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