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Qu'est - ce qu'une vie réussie ?

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« Définition des termes du sujet La question « qu'est-ce que » signifie que l'enjeu du sujet est de donner une définition d'un certain objet.

Cet objet est ici « une vie réussie ».

La vie est ici comprise comme le laps de temps compris entre la naissance et la mort d'un individu.

La question est donc de déterminer à quelles conditions on peut considérer que ce que nous avons vécu dans ce laps de temps est une réussite.

Réussir quelque chose, c'est en faire un succès, en tirer toute l'excellence possible, sans rien en gâcher.

La vie comprise comme laps de temps nous étant attribué est donc supposée pouvoir être manquée, ratée : ce premier présupposé du sujet ne va pas de soi, et l'idée d'une vie « ratée », « gâchée », devra être élucidée. Dans le langage courant, une vie réussie est souvent comprise comme une vie dans laquelle on aura acquis les biens que l'on considère majoritairement comme les plus importants : réussite professionnelle et familiale, richesse, reconnaissance sociale par exemple – il faudra interroger cette conception courante de la « réussite », la mettre en question de manière à déterminer si elle est ou non valable pour penser le concept de « vie réussie », dans la mesure où la philosophie a généralement considéré les biens qu'elle met en avant comme secondaires, voire illusoires – la philosophie antique a ainsi abondamment défini ce que c'est qu'une « vie bonne », en s'effoçant d détacher celle-ci des biens couramment prisés.

Le sujet réclame ainsi que l'on réévalue les conceptions courantes en les confrontant aux conceptions philosophiques, susceptibles peut-être de les invalider. Un autre difficulté du sujet vient de l'instance qui doit juger du caractère réussi ou non d'une vie : cette instance doit-elle être l'individu qui vit cette vie, et dans ce cas la réponse à la question sera nécessairement relative à la perspective de l'individu concerné ? ou faut-il en appeler à une instance tierce, le jugement porté sur la vie d'un individu étant alors le fait de quelqu'un que cette vie ne peut pas concerner ? Autrement dit, peut-il ainsi y avoir un concept général de la « vie réussie », ou de la « vie bonne », qui dépasserait la singularité des vies individuelles ? Proposition de plan I. Quelle est la valeur de la conception courante, relativiste, de la vie réussie ? La première partie devra d'abord examiner la conception courante de la « vie réussie » : on pourra par exemple interroger les normes de réussite imposées par la société.

Cela ouvrira à une réflexion sur la valeur du discours dominant sur la vie réussie : quelle est sa valeur pour le rapport de l'individu à l'excellence de sa propre vie ? doit-il s'y plier, ou au contraire conquérir une singularité, une volonté propre, pour échapper à la « dictature du on » dont parle Heidegger ? Heidegger, Être et Temps Le distancement caractéristique de l'être-avec-autrui implique que l'être-là se trouve dans son être-en-commun quotidien sous l'emprise d'autrui.

Il n'est pas lui-même, les autres l'ont déchargé de son être.

Les possibilités d'être quotidiennes de l'être-là sont à la discrétion d'autrui.

Autrui, en ce cas, n'est pas quelqu'un de déterminé.

N'importe qui, au contraire, peut le représenter.

Seule importe cette domination subreptice d'autrui, à laquelle l'être-là, dans son être-avec-autrui, s'est déjà soumis.

Soi-même, on appartient à autrui et l'on renforce son empire.

« Les autres », que l'on nomme ainsi pour dissimuler le fait que l'on est essentiellement l'un d'eux, sont ceux qui, dans l'existence commune quotidienne, se trouvent « être là » de prime abord et le plus souvent. En usant des transports en commun ou des services d'information (des journaux par exemple) chacun est semblable à tout autre.

Cet être-en-commun dissout complètement l'être-là qui est mien dans le mode d'être d'« autrui », en telle sorte que les autres n'en disparaissent que davantage en ce qu'ils ont de distinct et d'expressément particulier. Cette situation d'indifférence et d'indistinction permet au « On » de développer sa dictature caractéristique.

Nous nous amusons, nous nous distrayons, comme on s'amuse ; nous lisons, nous voyons, nous jugeons de la littérature et de l'art, comme on voit et comme on juge ; et même nous nous écartons des « grandes foules » comme on s'en écarte ; nous trouvons « scandaleux » ce que l'on trouve scandaleux.

Le « On » qui n'est personne de déterminé et qui est tout le monde, bien qu'il ne soit pas la somme de tous, prescrit à la réalité quotidienne son mode d'être.

(...) Le « On » se mêle de tout, mais en réussissant toujours à se dérober si l'être-là est acculé à quelque décision. Cependant, comme il suggère en toute occasion le jugement à énoncer et la décision à prendre, il retire à l'être-là toute responsabilité concrète.

Le « On » ne court aucun risque à permettre qu'en toute circonstance on ait recours à lui.

Il peut aisément porter n'importe quelle responsabilité, puisque à travers lui personne jamais ne peut être interpellé.

On peut toujours dire : on l'a voulu, mais on dira aussi bien que « personne » n'a rien voulu Transition : la mise en évidence du manque de valeur heuristique du fait de se plier à ce que l'opinion considère couramment comme une « vie réussie » permet de se tourner vers une conception proprement philosophique de la vie réussie, afin d'évaluer sa pertinence : comment produire un concept de la vie réussie ? comment assumer le travail de rejet des opinions que la production de ce concept induit ? comment ce concept peut-il, aussi, prétendre à une universalité ? II.

Que serait un concept de la vie réussie ? Les concepts de vie réussie que la philosophie a produits ont en commun de passer par un rejet de ce qui est habituellement considéré comme étant les conditions de la réussite d'une vie.

C'est la valeur de toutes les choses de l'existence qui se trouve ainsi réévaluée.

Une vie réussie serait alors une vie capable à la fois de se détacher de. »

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