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Qu'est-ce qui permet d'affirmer qu'une loi est juste ?

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« introduction a) Un constat : Il est des lois qui peuvent paraître injustes : la loi qui instaure l'esclavage n'est-elle pas injuste ? Et la révolte de l'esclave qui, contre la loi, secoue le joug de son servage n'est-elle pas juste ? Inversement, une action injuste pourra être légale, par exemple la mise à mort de l'esclave par son maître. b) Le problème : On peut dans ces conditions se demander ce qui permet d'affirmer qu'une loi est juste ou injuste. Mais cette question ne prend tout son sens que si la justice ne peut se réduire à la loi.

Sinon elle reviendrait à se demander ce qui permet d'affirmer qu'une loi est légale.

Il convient donc de rechercher s'il existe une justice indépendamment des lois, ou si au contraire il n'existe pas de justice mais seulement des lois. 1) la justice existe au-delà des lois a) Une justice transcendante ? • Pour Platon le juste est lié au Bien dont il constitue, avec le vrai et le beau, un des aspects.

Le juste est avant tout l'expression de l'ordre et de la mesure; l'injuste, au contraire, est ce qui détruit l'harmonie.

Il est ce qui met l'individu en conflit avec le cosmos et avec la cité.

La justice lie les hommes selon des lois harmoniques et les unifie, l'injustice les sépare et les divise.

La justice est la vertu propre de l'âme, dont la fonction est de gouverner.

L'âme juste sera donc heureuse même si elle subit l'injustice et l'âme injuste malheureuse.

Ainsi Platon place-t-il la justice « dans la plus belle classe des biens, parmi ceux qu'il faut aimer pour eux-mêmes et pour leurs suites, si l'on veut être heureux ».

Dans ces conditions, la justice étant l'ordre et l'harmonie, dans l'âme, dans la cité, dans le cosmos, il existe bien pour Platon une justice en soi, transcendante, dont les lois doivent être l'expression. • La position platonicienne est celle de toute conscience religieuse.

Il y a une justice éternelle au-delà de toute justice humaine parce qu'il existe un souverain Bien, un Dieu, qui est souverainement juste et donc le principe de la justice.

Ainsi pour Rousseau une justice universelle « émanée de la raison seule » ne saurait se suffire par ellemême, car « toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source » (cf.

Du contrat social, II, 6). b) Une justice universelle ? • Aristote, en rejetant la conception platonicienne d'un Bien universel et absolu, refuse une justice transcendante, pour ne plus poser qu'une justice pratique.

Cependant, en considérant, comme Platon, que l'univers est un cosmos, un ordre, il trouve dans cet ordre même le modèle de la justice qui apparaît comme le bien proportionné, la juste mesure.

Ainsi, se rattachant à l'idéalisation mathématique de Platon, la justice, pour Aristote, consiste à répartir correctement, à établir des égalités, arithmétiques ou proportionnelles.

Elle existe par là indépendamment des lois, lesquelles ne sauraient d'ailleurs, en raison de leur caractère général, y répondre totalement : d'où la distinction du juste et de L'équitable (cf.

Ethique à Nicomaque, V : « L'équitable, tout en étant juste, n'est pas juste selon la loi, mais un correctif île la justice légale.

La raison en est que la loi est toujours quelque chose de général, et qu'il y a des cas d'espèces pour lesquels il n'est pas possible de poser un énoncé général qui s'y applique avec certitude »).

Il existe donc une justice universelle (cf.

Rhétorique, 1373 b : « Il y a une justice et une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur est naturel et commun, même quand il n'existe entre eux aucune communauté ni aucun contrat »). • Pour Kant, la justice procède de la Raison et se fonde sur les impératifs catégoriques de la loi morale.

Une loi ne pourra être tenue pour juste que si elle s'accorde avec la Raison et ses impératifs catégoriques : - « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» - « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» - « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» Ainsi, parce que la Raison est universelle, la justice l'est également, et ne se circonscrit pas aux lois humaines. c) Conclusion et transition Dans ces diverses perspectives, il apparaît qu'une loi ne peut être dite juste que dans la mesure évidemment où elle répond aux impératifs de la Justice en soi, ou de la Loi morale.

Mais le problème est que les hommes ne s'accordent pas sur la définition des exigences de cette Justice qui, si elle était véritablement universelle comme on le prétend, devrait s'imposer à tous.

C'est pourquoi l'on peut se demander si une telle Justice existe réellement. 2) le rejet d'une justice en soi a) Hobbes • Épicure observait déjà : « La justice n'est rien en soi ; la société des hommes en a fait naître l'utilité dans les pays où les peuples sont convenus de certaines conditions pour vivre sans offenser et sans être offensés.

» • Cette doctrine a été développée par Hobbes, pour qui la justice se ramène aux lois.

Selon lui il n'y a en effet, dans l'état de nature, pas de place pour le juste ou l'injuste.

L'un et l'autre ne sont définis que par des conventions. »

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