Qu'est-ce que l'injustice ?
Extrait du document
«
L'injustice est un concept négatif, au sens où il ne se comprend que par opposition à la justice.
On dira que
ce qui est injuste, c'est ce qui ne respecte pas la justice.
Pour déterminer ce qu'est une injustice, il faut donc
envisager en quels sens on peut ne pas respecter la justice.
La justice peut s'entendre d'abord comme conformité à
la loi.
En effet pour qu'une action puisse être dite juste ou injuste, il faut pouvoir l'évaluer par rapport à un critère.
Or en l'absence de loi on n'aurait aucun critère pour évaluer l'action.
Dans cette perspective, l'injustice se
comprendra alors comme le fait de ne pas respecter la loi.
Si le fait de ne pas respecter la loi est injuste, c'est que
la loi est censée être la même pour tous, et qu'elle est donc censée garantir à chacun les mêmes droits, mais
impose également à chacun les mêmes devoirs.
Donc celui qui ne respecte pas la loi rompt l'égalité devant la loi est
se comporte donc de manière injuste, puisqu'il n'assume pas la part de devoirs qui lui revient.
On peut pourtant faire
remarquer que la légitimité ne se confond pas avec la légalité.
Il se peut en effet que la loi elle-même ne soit pas
juste.
Dans cette mesure il peut être injuste de respecter la loi, et juste de la transgresser.
L'injustice sera alors
non plus de ne pas respecter la loi positive, édictée par les hommes, mais de contrevenir à une norme de justice
inscrite dans la nature même des choses.
Mais il se peut aussi qu'une loi juste donne lieu à des applications injustes
de la loi.
En effet la loi étant par essence générale, elle ne peut anticiper sur les cas particuliers qui se présentent.
Il se peut alors que la loi soit juste dans son principe, mais donne lieu à des applications injustes.
L'injustice est
alors manque de jugement, c'est-à-dire incapacité à appliquer la loi avec discernement.
I.
L'injustice c'est de ne pas respecter la loi, qui doit être la même pour
tous.
Pour déterminer si une action est juste ou injuste, il faut disposer
d'un critère pour le faire.
Or le critère qui permet d'effectuer ce jugement,
c'est une loi, qui détermine clairement ce qui est permis et ce qui est proscrit.
C'est la raison pour laquelle, dans le Discours sur l'origine et les fondements
de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau, note qu'à l'état de nature, les
hommes ignorent ce qu'est le juste et l'injuste.
Rousseau ne prétend pas
qu'un tel état a réellement existé, mais le propose comme une expérience de
pensée qui doit permettre de déterminer d'où vient l'inégalité parmi les
hommes.
Il s'agit de se demander si cette inégalité est naturelle ou bien
provient de la société.
Rousseau montre que cette inégalité vient de la
société, parce que l'homme à l'état de nature vivant isolé, et n'entretenant
que peu de rapports avec ses semblables, les inégalités naturelles sont très
faibles (en effet chacun parvient à subvenir à ses besoins, qui se réduisent à
l'alimentation).
Lorsque les hommes se mettent en société, ils instituent des
lois pour régler leurs rapports, et ce n'est qu'à partir de ce moment qu'une
action peut être dite injuste.
Il faut insister sur le fait qu'il ne s'agit pas ici
que d'un problème logique (qui est que l'on ne peut décréter une action
injuste sans critère pour le faire).
En effet une loi juste est une loi qui
respecte l'égalité, c'est-à-dire qui garantit à chacun les mêmes droits et
impose de même des devoirs identiques.
Or celui qui ne respecte pas la loi ne prend pas sa part de devoir, et rompt
donc le principe d'égalité, qui est à la base de la justice.
Il faut donc dire que l'action injuste est celle qui
transgresse la loi parce qu'elle rompt le principe d'égalité.
II.
l'injustice tient parfois à la loi elle-même
Dire qu'une action injuste est une action qui transgresse la loi ne vaut que si la loi elle-même est juste.
Or.
»
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