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L'injustice peut-elle être naturelle ?

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« Introduction : La justice, c'est le pouvoir de faire régner le droit de chacun, et l'exercice de ce pouvoir.

Parler d'injustices naturelles, c'est donc postuler une infraction possible du droit naturel.

Or l'idée de droit naturel signifie justement que la nature a fixé de justes proportions et rapports entre les choses.

Le droit naturel est par définition désigné comme le fondement même de la justice institutionnelle.

Il semble donc paradoxal de parler d'injustices naturelles, car dans la mesure ou ce qui est naturel est pensé comme juste et droit, les injustices ne devraient pas résulter de la nature, mais de l'action de l'homme sur celle-ci. 1ère partie : L'homme à l'état de nature ne peut connaître d'injustices. Si parler d'injustice naturelle, c'est parler de l'homme à l'état de nature, alors il semble que l'injustice ne soit pas possible. - « La nature fait bien les choses », a-t-on coutume de dire.

Cela signifie que la nature a répartit les choses de manière équitable et juste.

La Déclaration universelle des droits de l'homme le réaffirme : « tous les hommes naissent naturellement libres et égaux », annonce l'article 1er.

Si le juste est assimilé à l'équitable, alors il en découle que la nature ne peut qu'être juste, et qu'il ne saurait donc y avoir d'injustices naturelles. - Pour Thomas Hobbes, qui traite de l'individu dans le Léviathan, l'homme à l'état de nature, c'est-à-dire dans son état originaire avant que la société soit créée, est dans un état de pleins pouvoirs, et possède un droit sur toutes choses.

Chaque homme à un droit sur tout, de sorte que toute action est légitime, le seul but étant la conservation de la vie.

Les hommes se retrouvent donc dans un état de guerre entre eux, puisque tous cherchent à s'accaparer les mêmes biens (un territoire, de la nourriture, etc.) et sont donc conduits à lutter les uns contre les autres pour y parvenir. -Hobbes ajoute que l'état de nature suppose une égalité de force entre les hommes, qui fait que « le plus faible sera toujours susceptible de vaincre le plus fort ». 2ème partie : L'homme en société peut ressentir des injustices fondées sur l'inégalité naturelle. -Pourtant, si l'on considère toujours la justice comme l'égalité entre les êtres, l'expérience de notre vie sociale nous montre que la nature est source d'injustices. -Les maladies sont naturelles, et ne touchent pas tous le monde.

Les hommes sont inégaux face aux contingences naturelles, aux accidents qui surviennent.

L'injustice naturelle serait alors ce qui est de l'ordre de l'accident, du hasard -L'homme en société souffre d'une d'injustice naturelle qui est celle de sa naissance.

Certains naissent dans l'opulence, d'autre dans la misère, et l'on peut parler d'injustice naturelle dans la mesure où c'est une injustice originaire, liée au seul fait du hasard de la nature. -Même si pour Aristote, la justice est l'affaire des hommes et non de la nature, le philosophe reconnaît dans l'Ethique à Nicomaque que certaines personnes sont naturellement avantagées par rapport à d'autres, lorsqu'elles ont pour elle la beauté, et l'aisance financière, car alors il leur est plus facile d'être bonnes, c'est-à-dire vertueuses et justes, que si la nature ne les avaient pas tant pourvu. 3ème partie : La justice n'est pas naturelle, donc il ne peut y avoir d'injustices naturelles. -En réalité, la justice est un idéal qui ne se réalise que dans l'institution. -Selon Hobbes, la justice n'est pas une essence idéale l'œuvre de l'Etat civil que les hommes ont créé, et qui définit les lois, et donc le juste et l'injuste.

La justice est, de ce fait, une affaire purement humaine, instituée et institutionnelle.

S'il n'y a rien de juste et d'injuste que ce qu'ordonnent les lois positives, il en résulte que la justice n'a besoin d'aucun fondement en nature, et par conséquent qu'il ne peut exister ni justice ni injustice hors de l'institution.

Dans cette acception, la notion d'injustice naturelle n'a donc aucun sens. Conclusion : Le problème que soulève la notion « d'injustices naturelles » est finalement de chercher à savoir si la justice est une valeur ou une institution.

Si l'on considère qu'elle n'est autre qu'une vertu morale fondée sur une supposée égalité naturelle chez les hommes, alors on peut dans un premier mouvement ne pas voir la possibilité de l'existence d'injustices naturelles qui semblerait contrevenir à la définition même de justice.

Dans un deuxième temps, c'est en envisageant l'homme en société que l'on peut noter l'existence d'injustices sur lesquelles l'homme n'a de prise, et par conséquent dont il est conduit à en tenir la nature pour seule responsable.

Toutefois, si l'on considère que la nature en définitive n'est qu'une institution créée par les hommes, alors la nature ne peut commettre d'injustices, puisque celles-ci ne le seront jamais qu'au regard des lois humaines.. »

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