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 Punir l'injustice commise vise-t-il à rendre les hommes plus justes ?

Extrait du document

Du point de vue de la victime également, qu'elle ignore, la punition peut paraître injuste.

Dans tous ces cas, ce n'est pas tant la punition qui est injuste que la justice dont elle relève.

Dans le cas du condamné à tort, ce n'est pas la punition qui est injuste, car si elle lui a été administrée c'est qu'il a été jugé coupable, à tort certes, mais jugé néanmoins, sans quoi, il n'aurait pas été puni. La punition correspond à son statut de coupable. L'injustice ne réside donc pas dans la punition mais dans le jugement, ou dans le processus qui a conduit au jugement de culpabilité, quoiqu'il en soit, elle se situe en amont de la punition. 

« Demande d'échange de corrigé de GA BIN Jeanny ([email protected]). Sujet déposé : la punition du coupable est-elle la réponse la plus juste à l\'injustice ? La punition du coupable est-elle la réponse la plus juste à l'injustice ? La punition s'applique aussi bien dans la sphère publique que dans la sphère privée, elle entre dans un cadre défini, elle nécessite une autorité, et un règlement.

Elle consiste pour l'autorité à infliger une sanction à toute pers onne relevant de cette autorité et ayant enfreint le règlement établi et dont l'autorité est le garant. L'injustice d'un autre côté peut se définir par rapport à un affect, du point de vue d'une personne comme un acte immérité, un vice, ou un désordre social ; ou par rapport à la justice, comme étant contraire à celle-ci que l'on prenne la justice comme vertu, comme exigenc e visant l'équité, elle est alors ce qui va l'encontre de ce qui tend vers cet idéal d'équité ou à la jus tice comme institution, l'injustice étant alors contraire à c e qu'elle édicte. P arce que la punition est la réponse choisie par la justic e en tant qu'institution pour des raisons rétributives ou utilitaristes elle apparaît comme étant la plus juste.

Pour autant, dans la mesure où l'injustice ne se réduit pas à ce qui est contraire à la justice institutionnelle, de même qu'être juste ne se réduit pas à ce qui relève de la justice, peut-on dire qu'elle est vraiment la réponse la plus jus te ? P our répondre à c e t t e question, nous allons nous demander quelles réponses on peut apporter à l'injustice et mettre en parallèles c e s réponses et l'injustice.

P uis nous examinerons dans quelle mesure la punition peut être injuste ? Répondre à l'injustice dépend de la façon même dont on la définit et surtout du point de vue duquel on se place, si l'on prend un point de vue particulier, cette particularité du point de vue entraîne une partic ularité et donc une multiplicité des réponses.

O n s'attardera sur deux modes de réponses à l'injustice : la vengeanc e et l'acceptation. La vengeance comme la punition s'applique au coupable, dans les deux c a s l'offenseur subit un dommage mais elle s'en distingue e n c e q u ' e l l e e s t dispensée par l'offensé, celui qui a subi l'injustice.

Elle n'est pas motivée par la raison qui en établit le cadre général comme c'est le cas pour la punition, mais par une passion individuelle, de ce fait elle est potentiellement illimitée.

C e qui définit qu'une ac tion est injuste et appelle la vengeance c'est un jugement particulier, une volonté particulière pas une règle ou des lois.

La vengeance relève de la violence, la punition de la force.

La violence, c ' e s t l'impatience, le déc haînement des désirs, toute injustice relevant de la violence, y répondre par la vengeance, c'est répondre à la violence par la violence, il y a donc une circularité de la violence.

La force d'un autre côté est principe de puissance et d'ac tion parce qu'elle manifeste une volonté générale au service d'un bien commun. Une autre réponse c onsiste à accepter la fatalité de l'injustice, figure du mal, comme accepter la fatalité du mal.

C ela peut prendre plus ieurs formes : le rire de Démocrite.

Il s'applique à tout le genre humain, coupable de rechercher un coupable autre que lui-même.

Le rire de Démocrite consiste à tourner l'homme en dérision car ce dernier définit l'injustice par rapport à ses besoins alors que ce sont précisément ses bes oins perpétuels et inconstants, qui par ailleurs n'en sont pas , qui créent de l'injustice.

Démocrite ne rit pas tant du mal que de l'attitude vaine de l'homme face au mal, c'est de l'homme luimême que vient le mal pourtant ce dernier condamne tout et n'importe quoi excepté lui-même.

L'injustic e viendrait des valeurs mauvaises de l'homme, il doit accepter cela, qu'elle lui inhérente, au lieu de chercher des sources extérieures à condamner.

Fénelon condamnera cette dérision, ce mépris des hommes et de leur s ouffrance. l'ordre libertin de Sade.

Sade qui a passé de longues années en prison, c ritique lourdement le système carcéral, il est inutile car il exacerbe le désir de s'adonner au vice : « vous avez imaginé faire merveille, je le parierais, en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de chair.

Eh bien vous vous êtes trompés : vous avez échauffé ma tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise.

C ela commençait à se passer, et cela sera à recommencer de plus belle.

Q uand on fait bouillir le pot, vous savez bien qu'il faut qu'il verse.

» A ussi propose-t-il de substituer à l'ordre carc éral, l'ordre libertin où l'on serait libre de faire le mal, ce dernier étant nécessaire. Si le rire de Démoc rite a le bénéfice de recentrer l'origine de l'injustice, de fait, il semble très difficile de rire au spectacle de l'injustice et moins encore lorsqu'on la subit, quant à l'ordre libertin de Sade, si la c ritique du système carcéral est pertinente, on ne peut résolument accepter que la seule attitude raisonnable face au crime consiste à s'y plonger avec volupté.

Il y a dans l'acceptation le risque de l'interpréter c omme légitimation de l'action injuste, et ainsi en encourager la répétition.

La punition peut être vu comme le contraire même de l'acceptation, parce qu'elle ne s e veut pas qu'une réponse à l'injustice, elle se veut réparation.

Elle n'a pas qu'un effet répressif, elle a aussi un effet persuasif et ce qu'elle s'exerce dans le domaine public, de la justice institutionnelle notamment d'un point de vue utilitariste qui se réclame justement de c et aspect préventif ; ou dans le domaine privé, un parent qui punit s on enfant le fait dans le cadre d'une éducation. C omparé aux autres réponses, la punition semble ce qu'il y a de plus juste mais elle peut aussi paraître injuste dans certaines circonstances. Q uand un homme est condamné à tort par exemple, qu'il subit une peine pour un crime qu'il n'a pas commis, alors il est évidemment vic time d'une injustic e. Le projet de loi du 28 novembre 2007 instituant la rétention de sûreté, c'est-à-dire la possibilité de maintenir exc eptionnellement en détention provisoire les criminels ayant commis des crimes graves et ayant purgé leur peine mais qui sont jugés dangereux, peut paraître injuste dans la mesure où l'on ne punit plus pour ce que l'on a fait mais pour ce que l'on est s usceptible de faire.

O n a là une illustration de l'utile pouvant être injuste (critique par Kant de Beccaria). Du point de vue de la victime également, qu'elle ignore, la punition peut paraître injuste. Dans tous ces cas, ce n'est pas tant la punition qui est injuste que la justice dont elle relève. Dans le c as du condamné à tort, ce n'est pas la punition qui est injuste, car si elle lui a été administrée c'est qu'il a été jugé coupable, à tort certes, mais jugé néanmoins, sans quoi, il n'aurait pas été puni.

La punition correspond à son statut de coupable.

L'injustice ne réside donc pas dans la punition mais dans le jugement, ou dans le processus qui a conduit au jugement de culpabilité, quoiqu'il en soit, elle se situe en amont de la punition. De même en ce qui concerne le projet de loi, en autorisant l'emprisonnement pour dangerosité, cette mesure confond précisément punir et prévenir, et, la présomption de culpabilité risque de remplacer la présomption d'innocence.

La punition perd son sens au profit de la prévention, ce n'est donc pas elle qui est en cause mais bien la justice qui décide ou non d'établir cette loi et surtout qui décide de l'orientation qu'elle prend. Enfin du point de vue de la victime qu'elle ignore, là encore c'est parce qu'elle relève de la justice qu'elle se doit d'ignorer la victime, en effet, ce qui fait la force de la justice c 'est préc isément cette distance qu'elle prend par rapport à l'individu, à la victime et à sa partialité.

C e qui permet à la punition de se distinguer de la vengeance, c 'est le cadre et la distance que lui donne la justice.

C e qui lui permet d'être l'exercice d'une force et pas d'une violence et donc de ne pas être injuste, c'est c ette distance qu'elle prend par rapport à la victime. O n peut multiplier les exemples, car il y en a de toutes sortes, on en viendra toujours à la même conclusion, ce n'est pas la punition qui est en cause mais le cadre qui l'établit.

A insi, en tout état de cause, au sens de la justice, comme la punition relève d'elle, elle y est toujours conforme, si elle se révèle injus te, c'est une injustice relative (qui vient de la justice dont elle relève), c'est qu'elle témoigne d'une faille de la justice dont elle procède. P our répondre à la question initiale nous sommes restés s ur le sens de juste, au sens de conforme à la justice, ou ne relevant pas de l'injustice.

M ais ce qui est juste, peut auss i bien faire référenc e à la jus tice qu'à la justesse, est alors juste, ce qui est adapté, ce qui convient, la question se pose alors au sens de la justesse, l'injustice est-elle celle qui convient le mieux à l'injustice ? Là encore, c'est parce que la punition procède de la justice qu'elle se trouve confronté au problème de justesse.

« Toute loi est universelle et sur des c a s particuliers, l'universalité ne permet pas de se prononcer avec justesse »A ristote, Ethique à Nicomaque, livre V , chapitre X.

La justice repose sur l'universalité des lois, il n'y a pas de justice sans lois pour tous.

M ais l'application mécanique de l a l o i à tous, manque de justes se, l'universalité des lois l'empêche de prendre en considérations la particularité des cas, empêchant l'ajustement notamment de la peine.

Et c'est dans ce sens que la punition peut s'avérer ne pas être la réponse la plus juste à la nature. Sujet désiré en échange : le désir es t-il la marque de la misère de l\'homme ?. »

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