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qu'est-ce que la réalité

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« Introduction.

- On peut considérer la métaphysique comme la partie de la philosophie qui a pour rôle de chercher où est le réel et quel est le degré de réalité des divers objets de connaissance qui s'offrent à l'homme.

Mais encore faut-il s'entendre sur la signification de ces mots.

Aussi, nous allons nous demander ce qu'il faut entendre par « réel » et par « réalité ». I.

— QU'EST-CE QUE LA RÉALITÉ ? A.

L'étymologie.

— Pour déterminer le sens des mots, il convient de recourir d'abord à l'étymologie, qui est ordinairement très éclairante. Réel » dérive de « res », chose.

La réalité est donc le caractère de ce qui est une chose ou, dans l'acception concrète du terme, la chose elle-même.

Mais que faut-il entendre par « chose » ou par « res » ? Dans le vocabulaire juridique, les choses s'opposent aux personnes une maison, de l'argent, un grade militaire ou un titre universitaire sont des choses.

Mais cette distinction ne peut pas nous être d'une grande utilité, car les personnes, aussi bien que les choses, sont réelles, font partie de la réalité. Dans le langage ordinaire, « chose » aussi bien que « res » sert à désigner les objets de pensée les plus divers. D'abord, sans doute et avant tout, les objets du monde inanimé : normalement, en effet, nous s ne faisons pas entrer les animaux ni même les végétaux parmi les choses.

Mais dans le « De natura rerum », Lucrèce traite de l'origine des vivants aussi bien que de la formation des astres.

et, lorsque nous attribuons à Dieu la formation de « toutes choses », l'homme lui-même est compris dans ces choses.

De plus, les mots « chose » et « res » servent à désigner des actions des événements ou des situations : « On ne fait pas de grandes choses sans passion », disons-nous, ou encore, rencontrant le témoin d'un incident qui nous intéresse, nous demandons : Racontez-moi la chose ; nous parlons des « choses humaines ».

de la « chose publique ». Enfin, - mot « chose » nous sert à désigner jusqu'à des pensées : une dissertation pauvre d'idées, je dirai qu'elle ne contient as grand'chose, tandis que d'une autre je dirai qu'elle est pleine de choses. Il ne semble donc pas que l'étymologie puisse nous aider à préciser la signification des mots « réel » et « réalité ». Mais peut-être est-ce déjà un service appréciable que de nous préparer à nous \l contenter d'une certaine imprécision. B.

Acceptions diverses.

— En effet, comme les substantifs « res » et « chose », le mot « réalité » est pris en divers sens, et parfois il est difficile de préciser, dans un contexte donné, sa signification exacte. Dans son acception abstraite, qui est l'acception primitive, « réalité » désigne, non pas des choses ou des faits, mais le caractère de ce qui est réel, c'est-à-dire existe.

Dans ce cas, réel » s'oppose à « apparent » ou à « illusoire », à « imaginaire » ou à « mensonger ».

« Réalité » est alors synonyme de « vérité » ou de « certitude ».

Le juge d'instruction a pour rôle de contrôler la vérité ou la réalité des faits imputés à l'accusé.

Les esprits critiques doutent de la réalité des apparitions ou encore de la réalité de ces animaux fantastiques que certains disent avoir aperçus et dont les populations s'effraient. « Réalité » est plus ordinairement pris dans son acception concrète et désigne ce qui existe indépendamment de l'idée que nous pouvons en avoir.

Dans ce cas, « réel » s'oppose à « possible ».

On entend par « possible » ce qui, n'impliquant pas de contradiction, existera lorsqu'une cause adéquate l'amènera à l'existence ; par exemple, dans un tas de pierres, on peut voir un mur possible, qui deviendra réel lorsqu'un maçon aura disposé les pierres en forme de mur.

Le possible n'existant que dans l'esprit qui se représente son existence, « réel » s'oppose aussi à « idéal » ou, plus exactement, à « idéel », néologisme créé précisément pour désigner ce qui n'existe que dans la pensée sans présenter le caractère de perfection impliqué dans « idéal » ou en faisant abstraction de cette perfection. La réalité ainsi comprise, c'est d'abord le monde matériel : la matière est ce qu'elle est indépendamment de l'idée que nous nous faisons d'elle, et son existence s'impose à nous avec une telle force que les sceptiques les plus convaincus ne parviennent pas à la tenir dans la pratique pour irréelle.

Tout naturellement, nous voyons dans ce qui se touche et se voit le type même de la réalité. Mais il est aussi des réalités immatérielles : non seulement Dieu et l'esprit ou l'âme, du moins pour les philosophes spiritualistes, mais encore les faits psychiques.

Nous disons par exemple que, dans le domaine de la psychologie, l'introspection seule atteint, la réalité, tandis que les autres modes d'observation ne nous font connaître que les signes des faits qu'étudie le psychologue.

Quand je vous prête un sentiment que vous n'éprouvez pas, je déforme la réalité, tout comme lorsque j'affirme l'existence d'une maison là où il n'y en a point. C.

Essai de définition.

— En somme, « réel » est à peu près synonyme de « existant », et, par « réalité », nous pouvons entendre ce qui existe ou l'ensemble des existants.

On appelle « réaliste » celui qui voit les choses comme elles sont, sans faire abstraction de rien, et tient compte de toutes les données de l'expérience, tandis que l'idéaliste vit au moins en partie dans le rêve. II.

- OU EST LA RÉALITÉ ? Ayant défini la réalité par l'existence, il pourrait sembler que notre tâche est terminée.

Mais on peut poser une nouvelle question et demander ce qu'on entend par existence. A.

Conception réaliste de la philosophie classique.

— a) Le sens commun suivi par la philosophie classique n'en doute pas : exister c'est être en soi, indépendamment de la connaissance que peuvent avoir des être conscients ; l'existence ou la réalité sont dans les choses.

Sans doute, le fait d'être connues donne aux choses un nouveau mode d'existence, une existence intentionnelle ou mentale, mais de là il résulte que le réel est connu ; il n'en résulte. »

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