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Qu'est-ce que la métaphysique ?

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« Lorsqu'on énumère les diverses sections du cours de philosophie, on cite habituellement la métaphysique en dernier lieu.

Est-ce pour laisser entendre qu'elle serait comme le couronnement des études de psychologie, de méthodologie des sciences et de morale ? Ou bien veut-on dire qu'elle est une partie de la philosophie, particulière et traitant d'un objet spécial, avec une méthode propre ? Par ailleurs, le mot "métaphysique" qualifie une réflexion, une méditation, tantôt dans un sens favorable, tantôt dans une acception péjorative.

On la considère soit comme une des plus hautes activités de l'esprit humain, soit comme une spéculation légèrement absurde, et qui va au delà du bon sens le plus courant. Est-il possible, dans ces conditions, de traiter de la métaphysique, en général ? En elle-même, elle pose déjà le problème de son existence et de sa valeur.

Traiter de la métaphysique, c'est déjà supposer l'existence d'une métaphysique.

Néanmoins, à travers la variété des problèmes posés et des réponses données par les métaphysiques, nous pouvons essayer de la définir comme attitude générale d'esprit. La métaphysique s'appelle parfois philosophie générale.

Comme telle, elle n'a pas d'objet propre ; elle est une méditation sur ce qu'il peut y avoir de plus éloigné de tout fait particulier.

Aussi, par exemple, elle pose le problème de la connaissance. Traditionnellement, la métaphysique vient, dans la philosophie d'Aristote, après les livres concernant la physique. Elle est une réflexion, au delà de la science des choses de la nature ; elle englobe d'un coup et la nature et la connaissance de la nature, l'esprit et la connaissance de l'esprit.

Sous sa forme la plus générale, elle est une conception du monde, dans sa totalité.

Sous cet aspect, la connaissance métaphysique s'oppose à la connaissance scientifique. Historiquement, la connaissance scientifique était partie intégrante de l'effort des philosophes pour connaître.

La métaphysique était comme le grand arbre, le tronc unique de la connaissance d'où jaillirent, au cours de l'histoire, les rameaux des sciences particulières, la logique, les mathématiques, la physique.

On peut remarquer que la psychologie, par exemple, n'était pas, chez les anciens, distincte d'un mode général de spéculation sur la nature spirituelle de l'âme et sur son immortalité.

Longtemps, la psychologie reste imbue de présuppositions d'ordre métaphysique, comme en témoigne la psychologie des a facultés de l'âme ».

Une telle façon de concevoir la psychologie est antérieure à la connaissance scientifique, que l'époque moderne s'efforce de poursuivre.

Ce qui veut dire que les, sciences se sont peu à peu détachées de la philosophie générale pour se donner des objets d'étude et des méthodes propres. L'empire de la métaphysique s'est donc restreint, au cours de l'histoire, au profit des sciences.

Est objet de réflexion métaphysique ce que la connaissance scientifique n'atteint pas encore.

L'une et l'autre ont pour terrain le domaine de la vérité, l'effort de l'homme pour comprendre l'univers.

Elles ne procèdent pas de la même façon, cependant. L'analyse rapide de la notion de problème nous permettra de préciser.

Un problème, c'est toujours une obscurité, une contradiction qui se pose comme insoluble, parce qu'on n'en peut déterminer correctement les données.

Un savant ne s'occupe d'un problème que s'il aperçoit une relation avec la connaissance existante, que si, d'autre part, il y a quelque moyen pour interroger le réel.

Un problème n'a de sens que dans l'ordre des phénomènes ; il a recours à l'expérience pour découvrir et particulariser les faits.

Sa réflexion n'est pour lui qu'un moyen de remédier à l'incohérence des faits entre eux, et il veut mettre en lumière, dans le concret, ce qui lui manque.

Le métaphysicien, lui, pose d'emblée le problème dans sa généralité.

Il le traduit en termes abstraits, en concepts, et, ainsi, on se détourne du monde des phénomènes.

Il a recours à la spéculation sur des idées.

Son raisonnement s'appuie sur les relations logiques.

Sa raison passe avant l'expérience, finalement nie la validité, voire la possibilité de celle-ci.

Il spécule, en dehors, — en deçà ou au delà, — du concret. On voit ici surgir une opposition plus forte entre la métaphysique et la science.

N'est objet de connaissance, pour le savant, que ce qui est objet d'expérience.

Le métaphysicien affirme une autre sorte de connaissance, portant sur des objets de pensée.

L'un.

s'oppose à l'autre comme le sensible s'opposerait à l'intelligible.

Ils s'opposent sur le terrain de la réalité.

La métaphysique s'appelle ici philosophie première. Comme la métaphysique est -antérieure au développement des sciences, il lui appartient de poser les termes d'un problème que le savant, pour sa part, refuse.

Au savant, le métaphysicien dit : vous élaborez votre connaissance scientifique à partir de ce que vous appelez le réel.

Ce réel, vous n'en avez de témoignage que par l'intermédiaire de vos sens.

Il serait facile de vous prouver que vos sens ne vous renseignent pas sur la nature du réel, que les objets sur lesquels vous travaillez ne sont qu'apparences, vaines images et fantasmes.

Ainsi le métaphysicien met en doute la réalité du monde extérieur, dont la science, par son travail, affirme l'existence, comme le fait aussi le sens commun.

Le métaphysicien réclame donc priorité pour ce problème, qui, pour lui, est antérieur à l'activité scientifique.

elle-même.

Qu'est-ce qui existe ? Ici, plus d'expérience possible.

Il faut décider, par les seules ressources de l'esprit, si la matière existe, qui est l'objet de la connaissance.

Le savant se voit ainsi accusé d'être un métaphysicien, — même s'il s'ignore comme tel, — un métaphysicien matérialiste, en ce sens qu'il affirme l'existence du monde extérieur, ou idéaliste s'il accepte de considérer la science comme une pure construction de l'esprit. En fait, l'histoire de la philosophie se partage en deux grands courants.

Il s'agit de répondre à la question : qu'estce qui est premier ? L'idéalisme répond que ce qui est premier, c'est l'idée, c'est l'esprit, qui a donné naissance à la matière. Le matérialisme répond que ce qui est premier, c'est la matière, et que l'esprit est produit par la matière. Il serait long de reprendre et de suivre l'histoire de cette querelle, sans doute interminable.

Il faut pourtant noter que toute une attitude d'esprit s'y reflète.

La métaphysique a tendance à rechercher ce qui est premier ; elle se tourne sans cesse vers le problème de l'origine. Dans l'ordre de la connaissance, elle est une réflexion sur les principes, — les notions premières, — de toute science.

Même dans les arts, elle cherche à élucider ce qui est à la base, ce qui est moteur.

La théorie de la connaissance, sous cette forme régressive, est amenée logiquement à poser, d'une façon ou d'une autre, la. »

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