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Emmanuel Kant, Métaphysique des moeurs, Première partie : Doctrine du droit.

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La raison ( ... ) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'Etats, qui bien qu'ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit. Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution ( ... ) qui nous semble la plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut vers laquelle tous les Etats sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême. Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un voeu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir. Emmanuel Kant, Métaphysique des moeurs, Première partie : Doctrine du droit.

- "état de nature" : état dans lequel on vivrait sans lois, sans droit, sans autorité commune (cf. Hobbes, pour qui l'état de nature est un état de guerre perpétuel de tous contre tous); on notera que les individus ne sont plus entre eux à l'état de nature, mais que les Etats le sont ! (pas d'autorité commune entre eux).  - raison = présentée comme une conscience morale à laquelle nul ne peut désobéir

« La raison ( ...

) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'Etats, qui bien qu'ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit.

Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution ( ...

) qui nous semble la plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut vers laquelle tous les Etats sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême.

Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un voeu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir.

Emmanuel Kant, Métaphysique des moeurs, Première partie : Doctrine du droit. Les problèmes du texte, rapportés aux notions du programme : Ce texte de Kant porte sur la philosophie de l'histoire, notion en général abordée quand on traite de l'histoire, puisqu'elle pose la question de savoir à quoi doivent tendre toutes les actions des hommes à travers l'histoire.

Pour répondre à cette question, Kant utilise une notion qui doit également être connue d'un élève de terminale, celle de "devoir".

Un devoir, c'est ici quelque chose qui doit être.

A cette question de savoir qu'est-ce qui doit être, qu'est-ce qui doit advenir au terme de l'histoire (but, fin, de l'histoire), Kant répond : la paix (état dans lequel il n'y aurait plus aucune relation conflictuelle, aucune violence, entre les hommes en tant qu'individus, ainsi qu'entre les Etats).

Kant va ici prendre à la lettre le terme de "devoir", en le rapprochant d'un idéal : si le devoir est ce qui doit être alors il n'est pas (il n'est pas de l'ordre du fait) ; dès lors aucun fait ne saurait nous éloigner de notre idéal.

Le fait que les guerres existent, que les hommes se battent, etc., ne saurait valoir argument contre cet idéal, au contraire ! Il FAUT que la paix soit, tel est le maître mot de ce texte. On notera que ce texte porte également sur d'autres notions du programme : morale et politique, l'Etat, le droit.

Il dit bien en effet que le but de la politique ne doit pas être de préparer la guerre mais au contraire de préparer la paix, de tendre à l'abolition de toute guerre et de tout conflit : cela ne signifie rien d'autre que la politique doit être morale (ce qui s'oppose aux thèses, par exemple, de Max Weber, qui oppose l'éthique de conviction et celle de responsabilité, et de Machiavel).

Préparer la guerre signifie ne pas agir conformément au droit, être hors la loi, donc, que les Etats désobéiraient entre eux aux lois qu'ils imposent à leurs citoyens ! Pour Kant, cette situation n'est pas tenable, il faut que les Etats établissent entre eux des relations juridiques dignes de ce nom, et pour cela, ils ne doivent plus se faire la guerre. Plan possible -et termes sur lesquels il fallait s'arrêter : I- "La raison...

son droit" (constat : la suppression de la guerre comme fin suprême de l'individu et de l'Etat est un impératif de la raison) - "état de nature" : état dans lequel on vivrait sans lois, sans droit, sans autorité commune (cf.

Hobbes, pour qui l'état de nature est un état de guerre perpétuel de tous contre tous); on notera que les individus ne sont plus entre eux à l'état de nature, mais que les Etats le sont ! (pas d'autorité commune entre eux). - raison = présentée comme une conscience morale à laquelle nul ne peut désobéir II- "Aussi...

suprême" (conséquence de ce constat sur le plan politique : cet idéal doit et peut devenir réel) - distinction à analyser : devoir et fait; idéal et réalité - analyse de la finalité de la politique : le bien commun ; comparaison possible avec la thèse de Machiavel selon laquelle la fin justifie les moyens (la guerre est donc parfois nécessaire pour le bien du peuple...

on répondra alors à Machiavel : de la Nation, plutôt, non ? c'est justement à ce genre de politique qu'il faut renoncer pour aller vers la constitution d'un droit international...) III- "Et si...

devoir" (conséquence : la politique doit être morale) - c'est donc le réalisme politique qui est à craindre ! ce n'est pas une simple chimère...

ou plutôt, elle ne doit justement pas l'être ! C'était donc un sujet d'actualité, pourrait-on dire..... »

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