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KANT : la métaphysique comme illusion

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KANT : la métaphysique comme illusion

« KANT : la métaphysique comme illusion L'emploi logique de la raison implique qu'elle recherche toujours la raison de chaque raison, la condition du conditionné, et ce, en une régression à l'infini. Cependant cet emploi logique ne peut décider si le conditionné l'est relativement ou absolument, en d'autres termes s'il existe un inconditionné.

En revanche, l'usage transcendantal de la raison, voulant donner du conditionné une explication complète, postule que le conditionné ne peut avoir d'existence réelle que s'il procède d'un inconditionné qui fonde la réalité.

Cet usage refuse donc la régression à l'infini.

Mais cet inconditionné ne pouvant être trouvé dans le monde phénoménal de l'expérience, la raison transcendantale le place dans un monde suprasensible, qui est celui de la métaphysique.

Ainsi naissent les idées transcendantales d'âme, de monde et de Dieu, lesquelles entraînent paralogismes et antinomies.

Or, tandis que la vérité de la science réside dans la coïncidence entre le concept fourni par l'entendement et l'intuition fournie par la sensibilité, il ne peut y avoir, par définition, aucune intuition métaphysique correspondant aux idées métaphysiques puisque la métaphysique prétend saisir des objets qui sont hors du monde de l'expérience.

L'usage transcendantal de la raison est donc illégitime, et la métaphysique une pure illusion. La critique de la raison pure fixe les limites de la connaissance: en dehors des mathématiques, l'entendement ne peut connaître que les phénomènes saisis dans l'expérience.

Mais, la raison, avide d'absolu, d'unité et de totalité ne se satisfait pas d'une telle discipline.

Elle cherche à aller toujours plus loin, jusqu'aux bornes supposées de l'univers, ou à la cause première de toutes choses, pour découvrir ce qu'elle croit être la vérité foncière de tout.

La discipline qui est le résultat de cette indiscipline porte un nom: elle s'appelle la métaphysique. Kant n'est pas contre la métaphysique, à la manière dont on peut dire que Diderot et d'Holbach l'étaient.

En revanche, il dénonce comme illusoire sa prétention à être une connaissance, suprême qui plus est.

La partie de la Critique de la raison pure qui analyse ces illusions de la raison pure s'intitule « Dialectique transcendantale».

Kant, en effet, prend le terme de dialectique dans le sens que lui avait donné Aristote, par opposition à Platon: alors que Platon voyait dans la dialectique la philosophie par excellence, puisqu'elle donne accès aux Idées, pour Aristote, la dialectique n'est qu'une logique inférieure, une logique du vraisemblable (par opposition au vrai, dûment démontré). Les trois illusions de ta métaphysique Christian Wolff, disciple de Leibniz, philosophe oublié aujourd'hui mais très influent au XVIIIe siècle, avait divisé la philosophie en trois disciplines: la logique, la physique et la métaphysique.

La métaphysique était elle-même subdivisée en métaphysique générale (l'ontologie qui traite de l'être en tant qu'être) et en métaphysique spéciale qui traite d'un être particulier (la cosmologie concerne le monde, la théologie, Dieu, et la psychologie, l'âme).

C'est cette dernière tripartition qui constitue le plan de la dialectique transcendantale. Pour Kant, le monde, Dieu et l'âme sont inconnaissables, car ils échappent à l'expérience et, à la différence des nombres et des figures, ils ne sont pas des objets mathématiques connaissables a priori (sans le recours à l'expérience).

Mais cela, la raison ne veut pas le savoir et elle croit (l'écervelée!) pouvoir établir une science du monde, une science de Dieu et une science de l'âme, réunies sous le nom de métaphysique spéciale.

Pour ce faire, elle s'empare des catégories de l'entendement, car elle ne dispose d'aucun outil en propre.

Imagine-t-on un quidam dérobant un marteau pour casser le crâne d'un fantôme? On le dirait insensé parce que le fantôme et le marteau n'appartiennent pas au même plan de réalité. C'est pourtant ce que fait la raison lorsqu'elle s'empare des catégories de l'entendement (par exemple, celle de causalité) pour établir la connaissance d'objets qui par nature n'appartiennent pas au champ de la connaissance possible.

Pour prendre un exemple: si la question de savoir quelle est la cause du tonnerre a bien un sens pour l'entendement, celle de savoir quelle est la cause du monde ou la cause de Dieu n'appartient pas au même plan, car elle dérive de l'usage indu d'un outil de connaissance pour un inconnaissable. On ne connaîtra jamais tout le monde. »

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