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Quel est le rôle du désir dans notre conscience du réel ?

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« Le désir intervient dans l'étymologie de “ philosophie ”.

Et la philosophie se veut consciente, conscience, et conscience du réel comme de ce qui l'entoure.

Ainsi interroger le rôle du désir dans la conscience du réel est en quelque sorte questionner la dynamique même de l'entreprise philosophique. Le thème de cet énoncé se constitue autour de l'idée d'une relation de subordination explicite dans la notion de “ rôle ”. Penser le désir en termes de rôle ou de fonction exprime sa relativisation et sa subordination à la conscience (du réel) comme finalité. En conséquence, le désir comme fonction entre dans la constitution de la conscience dont l'objet est ici le réel.

Si le désir est conçu ainsi comme une condition nécessaire à la conscience du réel (la question ne porte pas sur l'existence ou l'absence d'un rôle du désir dans la conscience du réel, mais bien sur sa nature), en quoi et pourquoi la fonction est-elle un moyen nécessaire ? I.

L'objet du désir comme fonction : l'étonnement La conscience du réel introduit la dualité dans sa dénomination : il y a le réel, objectif, extérieur, en face de… ; et la conscience, intérieure et réflexive.

La notion de conscience exprime en effet la relation réflexive entretenue par le sujet confronté à l'objet comme en-face.

Du sein de cette réflexivité, le sujet peut se saisir comme étant le fondement constitutif du réel investigué par la conscience [le criticisme transcendantal kantien]. Ainsi qu'en est-il du désir et de son efficience dans l'acte d'une conscience réfléchissant le réel et soi-même ? Traditionnellement [témoignage rapporté par Hérodote à propos de Solon], le philosophe se définit par la polymathie, le désir d'appliquer la conscience à toutes choses de la réalité.

Le désir apparaît être le moteur de la philosophie comme tension à la connaissance et à la conscience du réel.

Cette acception du désir au fondement de l'entreprise cognitive se retrouve plus tard chez Platon et Aristote (Métaphysique), lorsque ces derniers font de l'étonnement le socle où s'enracine le désir de la connaissance. Dès lors peut se comprendre que le rôle du désir (de la connaissance), consécutif à l'étonnement premier suscitant l'incompréhension, participe de la saisie du réel comme présence.

Autrement dit, le désir est ce qui permet à la conscience de se saisir de son objet de manière réflexive et de le penser comme présence, c'est-à-dire de faire de faire de l'en-face du réel qu'il soit conscience. II.

Conscience (du réel) et désir Le désir est ainsi la puissance motrice de la conscience tournée vers le réel comme vers un objet dont elle réfléchit la rationalité (comprendre).

La genèse du désir dans la conscience procède, selon Spinoza, de l'affection, de l'affection ellemême devenue la possibilité d'une détermination de l'agir.

Dans cette détermination (réflexive) s'origine la conscience qui en tant que puissance d'agir est désir (de quelque chose). Mais en quel sens cette dimension constitutive du désir dans le procès même de la conscience comme advenue à soi de la réflexivité peut-elle être pensée en termes de rôle et de fonction ? Penser la possibilité d'une partie constitutive (de la conscience) comme également fonction (dans la conscience) doit permettre de mieux saisir le rôle du désir dans la conscience du réel. Pour Spinoza, l'augmentation de la puissance d'agir passe par la possession formelle de la puissance d'agir – possession soumise à la conduite de la raison.

L'augmentation du désir comme puissance d'agir consiste alors en une augmentation de la maîtrise et d'emprise sur l'extériorité constituant progressivement la conscience d'un réel comme extériorité rationalisable et compréhensible.

Avec le développement de la puissance d'agir, le désir a pour rôle de permettre la réduction du réel comme extérieur à la conscience comme rationalité : le désir permet l'intériorisation de l'extériorité du réel en la rationalité de la conscience. III.

La fonction (du désir) dans le réel (de la conscience) Le rôle du désir dans la conscience du réel exprimée en termes de rationalité ou de rationalisation s'abolit dans l'achèvement en la conscience : une fois le réel devenu réel pour la conscience, c'est-à-dire compréhensible et rationalisé, le désir de l'extériorité comme étrangeté suscitant l'étonnement s'estompe. Compréhension et maîtrise contribuent à la disparition progressive du désir.

Le rôle du désir se réduit à l'impulsion engendrant le désir de la conscience (du réel) qui, achevée, abolit le désir.

Puisque le désir ne vit que de l'absence de l'objet possédé, le réel devenu propriété de la conscience par la rationalisation que manifeste la maîtrise ne peut être le lieu du désir mais consacre le désenchantement [Weber]. Ainsi, l'idée d'une fonction dans le réel relative à la relation finalisée du désir envers la conscience exprime la réduction progressive de la fonction du désir, son intégration par la compréhension, dans la rationalité d'une conscience dont elle est tout de même une condition nécessaire du développement.

Penser le désir comme fonction relative à une conscience qui est conscience du réel constitue dès l'abord une réduction cognitiviste du problème du désir dans la conscience.

Le désir, selon les termes de la question, ne peut qu'être alors une fonction subordonnée trouvant le fondement de sa valeur en la conscience comme arraisonnement du réel. Conclusion - - Le rôle du désir, consécutif à l'étonnement suscité par l'incompréhension, condense la conscience du réel comme présence – présence que l'on désire réduire à la connaissance par la maîtrise dans la conscience. L'augmentation de la maîtrise, résultant de l'entreprise de rationalisation conduite sous l'impulsion du désir, assure l'intériorisation du réel en la conscience : le désir (de maîtrise et de compréhension) satisfait, le réel devient conscience du réel – le désir en est la condition nécessaire mais non suffisante en tant qu'elle en assure le déclenchement. La conscience du réel comme telle (extériorité intériorisée, c'est-à-dire rationalisée) signe la mort du désir – la possession étant consacrée.

Si le désir est fonction, et le réel conscientisé, tout ne fait que se soumettre au téléologisme d'une rationalité dissolvant les conditions de sa réalisation [Hegel].. »

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