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Le rôle du désir dans la vie

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« RÔLE DU DÉSIR DANS LA VIE DE L'ESPRIT Il y a d'étroits rapports entre le désir et l'imagination : ce sont des biens imaginaires ou embellis par l'imagination qui enflamment le désir, et c'est par une prise de possession imaginative qu'ils deviennent imaginairement nôtres.

Aussi, pour déterminer le rôle du plaisir dans la vie de l'esprit, pourrons-nous nous aider du rôle qu'y joue l'imagination. Le désir constitue comme la toile de fond de notre activité intérieure.

A l'avant-scène apparaissent de temps en temps, avec des formes nettes et accusées sans lesquelles on n'a pas l'impression du réel, de vives émotions ou des passions violentes qui portent invinciblement à l'action, des volitions qui comportent au contraire une parfaite maîtrise de soi.

Dans les intervalles et en marge de cette activité qui tire les regards, se poursuit l'imprécis et capricieux défilé des désirs que leur inconsistance empêche de nous dominer comme elle nous rend difficile toute action efficace sur eux. Nous pouvons aussi concevoir le désir comme l'expérience imaginaire qui prépare le choix de l'objet vers lequel nous nous porterons effectivement : le désir est le noviciat de l'action.

De même, en effet, que l'imagination présente à l'esprit diverses hypothèses comme solution du problème à résoudre, de même, le désir tâtonne en quelque sorte à la recherche de ce qui nous convient. Cette recherche étant constante, le désir nous apparaît comme le ressort habituel de notre activité mentale. L'émotion et la passion viennent parfois bousculer le cours de nos pensées, mais elles ne constituent qu'un orage au cours d'une saison dont les jours se succèdent sans heurt.

Normalement ce sont nos désirs ou leur contraire, nos craintes, qui orientent le déroulement de nos réflexions ou de nos rêves.

Parfois, sans doute, un changement de direction contredit le désir qui menait le mouvement : c'est la volonté qui est intervenue. Mais son intervention ne consiste qu'à faire prévaloir, grâce à la réflexion, le désir d'un bien supérieur sur le désir des biens sensibles vers lesquels nous nous portons spontanément. Toutefois ces actes volontaires qui renversent l'orientation de nos pensées sont assez rares dans nos journées. C'est pourquoi, s'il est vrai qu'il faut nous juger d'après notre ordinaire et non d'après notre comportement dans des circonstances exceptionnelles, plus que la volition, le désir est révélateur de notre vrai moi.

Dans nos décisions volontaires, nous nous plions à des circonstances indépendantes de nous et notre vouloir se cantonne dans les étroites limites du possible.

Le désir, lui, ignore ces barrières et se porte vers tout ce que nous estimons notre bien, vers tout ce qui nous grandirait à la mesure de l'être que nous aspirons à devenir.

Aussi pourrait-on dire que « le moi n'est rien de plus que désir ». Conclusion.

— On voit l'importance du désir et on peut regretter d'avoir si peu de prise sur lui.

Mais s'il est difficile de le diriger par une action immédiate et directe, il est possible de l'orienter en s'y prenant de loin.

Nos désirs paraissent spontanés, mais ils résultent de tout ce que nous sommes et ce que nous sommes dépend dans une grande mesure de ce que nous faisons.

Ne courons pas après ces feux follets que sont nos désirs : ils nous échappent.

Mais réglons les comportements dont nous sommes les maîtres — nos lectures, nos relations, les spectacles où notre imagination s'alimente — et nous transformerons peu à peu le monde de nos désirs.. »

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