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Quel est le rôle de l'imagination dans l'existence humaine ?

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« 4 conceptions sont à connaître: -I- Rôle positif: c'est la thèse de l'imagination-invention créatrice, facteur de progrès, fonction du sur-réel capable de nier l'acquis (Bachelard). — II — Rôle négatif : c'est la thèse de Descartes et du rationalisme classique.

Le réel est vrai et le vrai est réel ; il n'y a donc pas de place pour l'imagination.

Aussi Descartes tient-il cette fonction pour l'ennemie de la pensée rationnelle et de la science.

L'esprit scientifique caractérisé par le souci de l'objectivité, de l'ordre et de la méthode, exclut l'imagination qui est « maîtresse d'erreur ». Sans arguer du fait que, dans la VIe partie du « Discours de la Méthode », Descartes, en brossant le tableau enthousiaste des réalisations possibles de la nouvelle science, fait preuve de la meilleure imagination, il faut rappeler qu'il vise surtout, dans son exclusion, la subjectivité, donc les images.

D'autre part on peut objecter (comme on l'a vu ci-dessus avec G.

Bachelard), que l'imagination est aussi à l'oeuvre dans l'invention (chercher les possibles, construire des expériences, émettre des hypothèses).

Voir l'influence des auteurs de fictions scientifiques sur l'orientation des recherches. — III — Rôle de divertissement : exposé par Pascal dans les « Pensées », repris de nos jours sous une forme différente par Lacroze (« La fonction de l'imagination » 1938).

Pour échapper à l'angoisse que provoquerait une prise de conscience de notre condition humaine vouée à la mort, l'imagination nous est donnée comme une fonction de divertissement, c'est-à-dire de distraction (au sens étymologique) et ses créations sont autant d'évasions : ainsi le jeu, l'art, les mythes, etc. L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence de tout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de sa vanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-àdire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue des biens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais le divertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussi nuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. — IV — Rôle de compensation : c'est la conception de Bergson (« Les deux sources de la morale et de la religion » 1932).

Elle se rattache étroitement à.

l'ensemble de sa philosophie. La nature a fait surgir dans l'évolution, l'intelligence.

Cette fonction perfectionnée, si elle avait été donnée seule, eût constitué un triple danger pour l'espèce et c'est pourquoi la nature a fait surgir en même temps la parade et la compensation : l'imagination ou « fonction fabulatrice », qui « crée les dieux ». En effet, l'intelligence pousse l'individu à travailler pour lui-même, elle relâche le sentiment de la pérennité de la société par la réflexion sur la mort, elle mesure les délais de l'action socialement utile et décourage par là l'initiative. Pour ces trois raisons, son exercice exclusif eût amené une perturbation dangereuse pour la vie de l'espèce.

Mais « le même acte par lequel était posé l'homme avec l'intelligence fabricatrice,...

suscitait la fonction fabulatrice ». Cette imagination, dont la littérature et les arts en général ne sont que l'exercice devenu désintéressé, a une fonction biologique : c'est « une faculté spéciale d'hallucination », capable de susciter des sensations illusoires, mais sensations tout de même, contre lesquelles l'intelligence sera impuissante.

Elle est appuyée sur l'instinct et, comme lui, au service de l'espèce.

Pour protéger la société et l'espèce contre l'individualisme de l'intelligence, l'imagination crée : les « tabous » (interdictions socio-religieuses qui arrêtent certaines initiatives individuelles nuisibles au groupe), la croyance à la survie (négation de la mort) et enfin les dieux (dont la puissance est d'abord tutélaire et encourage l'action).. »

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