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Quel concept de Dieu après Auschwitz ?

Extrait du document

« - C'est précisément à cause d'Auschwitz que le juif a le devoir de croire dans le Dieu de l'histoire.

Il est en quelque sorte interdit de donner à Hitler une victoire posthume.

L'expérience d'Auschwitz met en question le concept traditionnel de Dieu.

La solution de Jonas consiste dans l'idée d'un acte par lequel Dieu, en créant le monde, se dépouille en sa faveur des privilèges du créateur.

Ce qui est remis en question, c'est l'idée d'un Dieu omniscient et omnipotent qui intervient dans l'histoire.

Idée d'un Dieu souffrant, d'un Dieu altéré, affecté par ce qui se passe dans le monde, d'un Dieu soucieux, manquant, contrit, contracté. - Du coup, si Dieu est affecté par la vie de ses créatures, il a une certaine passivité : l'acte créateur commence par le retrait de la divinité et par son acceptation de dépendre de ses créatures afin d'atteindre sa plénitude.

Par l'acte de créer, Dieu s'est privé lui-même de la possibilité d'intervenir.

Nier la toute-puissance de Dieu n'est pas affirmer son impuissance.

Si Dieu n'est pas intervenu, c'est parce qu'il ne le pouvait pas, c'est parce qu'en créant le monde, Dieu s'est dépouillé de toute sa puissance.

Idée d'un Dieu qui se nie lui-même pour faire place au monde et à son devenir.

Il n'est pas un sorcier prêt à agir lorsque le péril menace.

L'omnipotence n'appartient pas à Dieu, mais l'humilité et l'impuissance. - Nécessité pour Dieu de s'autolimiter, de se retirer, de retenir sa puissance, pour libérer un espace dans lequel le monde puisse prendre place et les hommes jouir de leur liberté.

L'image de Dieu passe tout entière sous la garde de l'homme.

C'est à l'homme qu'il appartient d'accomplir l'image de Dieu ou de la détruire. - Un Dieu tout puissant est contradictoire.

Une puissance absolue serait dépourvue d'objet : toute puissance agit nécessairement sur une autre qu'elle doit vaincre et qui lui oppose sa résistance.

Il faut que la puissance soit partagée pour qu'il y ait en soi puissance.

Un Dieu tout-puissant serait totalement insondable, énigmatique, inintelligible.

Or, le Dieu de la Torah est un Dieu qui, étant révélé, peut être en partie compris. Introduction Un étrange abîme se creuse lorsque l'homme tente de questionner ses idéaux au regard de l'histoire, des évènements, des faits.

Le fait que l'horreur idéologique – qui a engendré l'existence des camps de la mort et a appelé de ses souhaits la mort du peuple juif – ait pu se concrétiser sur terre, pose un problème radical à notre croyance en un Dieu : « Comment a-t-il pu laisser une telle chose se produire ? », demandera le sens commun.

Et c'est bien là tout l'édifice religieux qui se voit ébranler dans ses fondements, ceux-ci reflétant tous la même idée-principe que Dieu est amour et bienveillance.

C'est alors à la philosophie que revient le rôle de poser la question du rapport possible entre l'idéal et le réel, le fait. De fait, s'interrogera-t-elle : après la reconnaissance de l'existence de la Shoa dans l'histoire de l'humanité, est-il encore possible de croire en Dieu ? Autrement dit, les évènements sombrent qui émaillent l'histoire de l'humanité ne tendent-ils pas à faire s'effondrer toute croyance en un Dieu bon et juste, particulièrement l'existence avérée des camps de la mort ? Mais n'est-ce pas, cependant, l'espoir et plus radicalement l'espérance qui permettent à l'homme de se prémunir du péché et, ainsi, de se bonifier ? I) La mort de Dieu Nombreux sont les philosophes qui, spectateurs de ce traumatisme-cauchemar historique qui fut engendré par le nazisme, se prononcèrent sur cette douloureuse question de la négation de la volonté divine – telle que nous l'ont transmises les religions chrétiennes, judaïques et coraniques – par de tels faits. Ce qui est en question ici, c'est bien celle de la possibilité du mal, et même d'un mal radical.

Et cette question fait d'avance résonner celle de la possibilité d'un Dieu juste et bienveillant.

N'y a-t-il pas là une opposition manifeste entre l'idée quasi universelle d'un Dieu omniscient, omnipotent, juste et bienveillant (idée du Dieu judéo-chrétien, du Dieu musulman) et l'existence des camps de la mort ? Autrement dit, l'existence du mal – par sa manifestation récurrente dans l'histoire de l'humanité – n'est-elle pas l'obstacle majeur à la foi ? Un philosophe, dont les pensées sonnaient, à l'époque (fin du 19ième siècle), comme des prémonitions et qui furent. »

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