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Le concept d'autoanalyse

Extrait du document

« « Le travail est l'activité vitale propre au travailleur, l'expression personnelle de sa vie.

Et cette activité vitale, il la vend à un tiers pour s'assurer les moyens nécessaires de son existence.

Si bien que son activité vitale n'est rien sinon l'unique moyen de subsistance.

Il travaille pour vivre.

Il ne compte point le travail en tant que tel comme faisant partie de sa vie ; c'est bien plutôt le sacrifice de cette vie.

C'est une mar-chandise qu'il adjuge à un tiers.

C'est pourquoi le produit de son activité n 'est pas le but de son activité.

Ce qu 'il produit pour lui-même, ce n'est pas la soie qu'il tisse, l'or qu'il extrait de la mine, le palais qu'il élève.

Ce qu'il produit pour lui-même, c'est le salaire ; et la soie, l'or, le palais se réduisent pour lui à une certaine quantité de moyens de subsistance, tels qu'une veste de coton, de la menue monnaie et le sous-sol où il habite (...).

Si le ver à soie filait pour joindre les deux bouts en demeurant chenille, il serait le salarié parfait.

» KARL MARX. QUESTIONNEMENT INDICATIF • Comment comprenez-vous « le travail est...

l'expression personnelle de sa vie »? En quoi est-il important de retenir ce qu'exprime cette première phrase si l'on veut saisir le sens de l'ensemble du texte ? • En quoi Marx peut-il affirmer que « son activité vitale n'est rien sinon l'unique moyen de subsistance »? • Quelle relation existe-t-il entre « le travail...

c'est bien plutôt le sacrifice de cette vie » et « le produit de son activité n'est pas le but de son activité »? • Comment comprenez-vous « la soie, l'or, le palais se réduisent pour lui à une certaine quantité de moyens de subsistance »? • Comment comprenez-vous la comparaison finale ? Quelle est sa fonction ? • Quel est l'enjeu de ce texte ? — Est-ce de faire apparaître l'exploitation des travailleurs ? — Est-ce de faire apparaître des phénomènes aberrants (et lesquels)? — Est-ce de faire apparaître une déshumanisation (une dénaturation de l'humain) ? Remarque Le texte analyse, sans le nommer, le processus d'aliénation du travail par le biais du salariat.

Marx étudie ici le mécanisme de dépossession qui rend le travailleur extérieur à son activité, transformant cette dernière en marchandise, et les conséquences qui en résultent pour l'individu : le sentiment de sacrifier sa vie pour gagner les moyens de sa subsistance. a) Un mécanisme : l'aliénation Dans ce texte, Marx oppose deux formes de travail : l'une considérée comme l'activité vitale de l'homme, l'autre étant le travail vendu à un tiers contre un salaire.

En vendant le produit de son activité à un tiers (le capitaliste), le travailleur se dessaisit de ce qui est essentiel en lui ; il aliène sa propre existence, puisque, selon les termes utilisés ici par Marx, le travail est « l'expression personnelle de sa vie ».

Pourquoi le fait-il ? Afin d'obtenir les moyens de sa subsistance.

Phénomène paradoxal : l'individu se vend pour survivre, il se laisse déposséder de la part essentielle de sa vie pour gagner de quoi subsister, sous la forme d'un salaire.

Le mécanisme consiste donc à séparer l'homme de luimême ; il abandonne sa propre identité et reçoit de l'extérieur les moyens de sa subsistance.

En même temps, l'activité laborieuse de l'homme subit une objectivation : au lieu de rester liée à son auteur, elle se détache de lui sous la forme d'un produit, qui devient marchandise par la valeur d'échange qu'il acquiert en étant vendu.

En retour, le salaire reçu par le travailleur n'a plus de lien direct avec l'activité fournie, il est seulement conçu comme le moyen de se procurer des biens.

Marchandise d'un côté, salaire de l'autre, le travail de l'homme se trouve dans les deux cas métamorphosé, il disparaît en tant qu'activité spécifique. b) Travail : fin ou moyen ? L'un des résultats majeurs de ce processus réside dans la modification qui affecte la nature du travail.

Dans le premier cas, lorsque le travail n'est pas aliéné, il est la finalité de l'individu.

S'il est qualifié d'« activité vitale » par l'auteur, c'est parce que Marx considère qu'il s'impose nécessairement pour la survie.

L'homme est soumis au déterminisme naturel, qui le contraint à se procurer sa subsistance : il satisfait à cette exigence par son activité spontanée, son travail libre.

En d'autres termes, s£us sa forme autonome, le travail fait partie de la nature de l'être humain.

Il faut ajouter que, dans ce cas, l'objet (le résultat) produit est la finalité directe de l'activité : l'homme travaille pour se nourrir, se vêtir, se protéger des intempéries. Dans le cas du travail aliéné (vendu), il n'en va pas de même : l'activité laborieuse n'est plus à elle-même sa propre finalité.

Elle devient seulement un moyen de se procurer les biens nécessaires à la survie.

Par la même occasion, l'individu ne travaille plus pour se nourrir, se vêtir, etc..

mais pour gagner un salaire qui lui permettra de répondre à ses besoins.

La finalité visée n'est donc plus le résultat direct du travail (l'objet fabriqué), mais^a conséquence indirecte :. »

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