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Que valent le bien et le mal ?

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« Le problème qui se pose à nous comporte un paradoxe évident ; exposons-le afin de clarifier notre analyse.

Le sujet « Que valent le bien et le mal ? » relève de la morale.

En effet, le bien et le mal sont les deux valeurs essentielles de la morale.

Ainsi, afin de juger une action, nous disons qu'elle est bonne ou mauvaise.

C'est en ce sens que bien et mal sont des valeurs, c'est-à-dire des mesures pour nos actions.

Nous comparons alors nos actions au bien et au mal. Cependant, notre sujet nous demande ce que valent le bien et le mal.

En d'autres termes, il faut se demander ce que valent les valeurs.

Mais comment évaluer ce qui permet justement d'évaluer ? Comment mesurer ce qui permet de mesurer ? Nous devons donc nous interroger sur le statut des valeurs morales, sur leur valeur – pour étrange que cela puisse paraître – quitte à mettre en question leur statut de valeur.

Or, pour cela, il nous faudrait trouver un autre critère d'évaluation ; mais lequel ? I – Axiologie et morale La morale repose traditionnellement sur une axiologie.

Qu'est-ce que cela signifie ? L'axiologie (de axia, valeur) désigne l'ensemble des valeurs sur lesquelles se fonde la morale ; au premier titre, nous pouvons considérer le bien et le mal comme les valeurs par excellence de la morale.

Or, en quoi consiste la morale ? La morale se repose sur ce que l'on appelle des jugements de valeur, auxquels on oppose des jugements de fait.

Les jugements de fait concernent ce qui est (par exemple, « le soleil est une étoile ») tandis que les jugements de valeur concernent ce qui doit être (par exemple, « cette action est mauvaise » sous-entendu « elle devrait être bonne »).

Ainsi, dans les jugements de valeur, des valeurs telles que le bien et le mal servent à l'évaluation.

La morale pose ce qui est conforme à telle ou telle valeur : les actions bonnes sont conformes au bien et les actions mauvaises conformes au mal.

Les jugements de valeur énoncent alors que les actions doivent être conformes au bien et contraires au mal. Qu'apprenons-nous en disant cela ? Pour l'instant, nous pouvons remarquer que le bien et le mal sont les valeurs qui permettent les jugements de valeur.

Être une valeur signifie « servir de mesure » : l'action est bonne si elle est conforme à la valeur « bien ».

La valeur permet donc l'évaluation : la valeur évalue.

Cela implique que la valeur vaut en soi et que rien ne l'évalue.

Le bien est bien en soi, il est une valeur en soi.

On ne le juge pas, il permet de juger. II – Nietzsche et la généalogie de la morale Au terme de notre première partie, nous avons donc déterminé le statut des valeurs telles que le bien et le mal : il s'agit de valeur qui valent pour elle-même.

Elles valent en soi et permettent en cela d'évaluer.

Peut-on s'en tenir là ? Afin de progresser dans notre enquête, tournons-nous vers les analyses de Nietzsche dans La généalogie de la morale.

Dans cet ouvrage, Nietzsche confronte deux conceptions concernant les origines des notions de bon et de mauvais. La première, que Nietzsche critique, établit que les notions de bien et de mal désignait à l'origine les actions utiles ou nuisibles, les unes étant dites bonnes, les autres mauvaises.

Or, qui disait cela ? Ceux-là mêmes à qui profitaient les actions utiles.

Les personnes bénéficiant d'actions utiles désignaient ces actions par le terme d'action « bonne ».

Au fil du temps, cet origine aurait été perdue et les adjectifs bons et mauvais auraient fini par désigner d'une part les actions non égoïstes, d'autre part les actions égoïstes. Or, remarque Nietzsche, il est impossible qu'une telle origine ait pu être oubliée.

Le sentiment de l'utilité ne peut pas se perdre, mais uniquement se renforcer.

En fait, Nietzsche suggère que les actions dites bonnes étaient à l'origine dite telles par ceux qui arrivaient à imposer leur manière de faire, fût-elle blessante pour les autres.

Ainsi, « bon » désignait ce qui est fort et non ce qui est utile.

Où Nietzsche veut-il en venir ? Pour l'instant, il se contente de renverser la morale, en montrant qu'à l'origine le bon n'est pas forcément l'utile, mais plutôt l'expression d'une force, la manifestation d'une supériorité qui se nomme elle-même « bonne ». Retenons à ce stade que les valeurs de bien et de mal ne semblent plus valoir ce qu'elles semblaient valoir au début de notre analyse.

Le bon n'est plus l'équivalent de l'utile, comme on le pensait.

Cependant, cette thèse en implique une plus radicale.

Examinons-là dès maintenant. Nietzsche: La généalogie de la morale 1.

Retrouver l'origine des concepts Rechercher l'origine d'un concept revient à comprendre les conditions dans lesquelles il s'est formé, par qui et à quelles fins il a été créé.

Un concept n'est pas quelque chose de neutre, puisqu'il cache une volonté que la généalogie va s'efforcer de démasquer.

Dans l'origine de la morale, Nietzsche va faire apparaître la stratégie des faibles pour se protéger contre les forts.

Dans l'ascétisme, il va déceler l'orgueil de celui qui valorise la souffrance et dévalorise le monde.

La généalogie est une philosophie du soupçon qui interroge les apparences pour les renverser. 2.

La critique de la philosophie systématique. »

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