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Que penser de la place de l'objet technique dans nos sociétés modernes ?

Extrait du document

« Cette question sous-entend que la technique a une place très importante dans nos vies, qu'elle dirige nos actes et conduit notre moralité.

Cela sous-entend aussi que l'homme ne peut se passer de technique, que la technique lui est consubstantielle.

Mais la question fondamentale est que la technique peut très bien outrepasser sa simple fonction d'auxiliaire, de moyen pour la vie pour devenir un but en soi.

Cette absence de finalité à l'extérieur de la technique peut conduire à la domination de celle-ci dans la conduite de nos vies et à une certaine domination.

Le rapport de possession s'est inverse, c'est l'objet qui possède l'homme et non l'inverse.

Il reste à penser ce nouveau rapport. 1) L'objet technique comme interface. L'objet technique moderne n'est plus qu'interface, médium entre nous et le monde.

Désormais tout n'est qu'interface, que ce soit accélérateur ou facilitateur de communication.

Lorsque intervient l'objet technique de type cybernétique, il y a distinction entre les canaux d'information et les canaux transmettant l'énergie.

Une « distance » plus grande s'établit entre l'origine et la fin de l'action ; cet espace est celui d'une nouvelle communication, d'un langage informationnel, d'une « mémoire » inédite et, par suite, de plus, d'une exigence supplémentaire, d'un surcroît de socialité.

On se demande même si l'écriture d'aujourd'hui pourra subsister.

La machine a besoin d'information que seul l'homme peut lui donner.

Elle est capable des prouesses les plus extraordinaires, des calculs les plus rapides, d'une sélection impeccable et rigoureuse dans une masse énorme de documents, à une seule condition : avoir reçu un « programme » élaboré par l'homme.

Les techniciens en sont bien conscients avec leur boutade : « Stupide comme un ordinateur ! » La machine est « ouverte », elle comporte une marge d'indétermination où s'insère l'information de provenance humaine.

Seul l'homme vivant peut créer de l'information, car il peut seul – en vue précisément d'établir un programme – anticiper le futur sur le présent, l'après sur l'avant.

Une double conséquence en découle.

D'abord, par la création d'un langage, l'homme est l'indispensable médiateur, d'une part entre les différentes machines et, d'autre part, entre les machines et lui-même.

Puis, la machine aidant, on ne peut plus négliger les moyens ou les causes en ne prévoyant, comme naguère, que les buts ou les fins ; ici, il y a vraiment intégration réciproque de la causalité et de la finalité. 2) Une nouvelle aliénation technique ? L'aliénation n'est plus réductible aux structures économiques ; plus profondément, elle porte sur le langage, sur la communication interhumaine.

L'homme est asservi à ses outils de communication : Internet, téléphonie mobile.

Il doit reformater son discours pour l'adapter à l'objet de communication, et il ne peut plus procéder autrement.

Par la technique de communication, l'homme est provoqué à découvrir et créer plus radicalement son existence sociale.

De plus, la valeur de l'espace et du temps ont changé quand la commande à distance annule l'éloignement et quand l'origine et l'ultime sont l'un dans l'autre.

Cela ne va pas évidemment sans que l'homme soit modifié.

La technique informationnelle qui implique communications, échanges et langage, manifeste encore plus clairement que tout autre technique combien ce phénomène est lié à l'existence sociale et à la pensée.

Mais la pensée n'est « humaine » que si elle est créatrice et non pas asservie ou répétitive, que si elle est poétique L'homme ne vit pas seulement de pain, une société technocratique peut devenir étouffante, mais aussi libérer des énergies pour l'art. . 3) Une place de la technique à tempérer. Il serait inexact de penser que les productions humaines et la technique dirigent toutes les sphère de la vie humaine.

Selon beaucoup, la technique aurait une place très importante dans nos vies.

Simondon dans Du mode d'existence des objets techniques désamorce la peur que l'homme peut ressentir face aux machines, face à la technique.

Elles ne sont pas des entités inhumaines capables de fonctionner seules dont l'homme serait l'esclave.

Au contraire l'homme est à l'origine de chaque pièce d'une machine, il en est le maître.

C'est un préjugé de croire que l'homme n'a aucun pouvoir sur la technique.

C'est déresponsabiliser l'homme que de croire que la technique ne peut que dominer l'homme. Conclusion. Les objets techniques modernes ont crée une nouvelle aliénation plus insidieuse que l'aliénation du début de l'ère industrielle.

C'est l'homme qui va de son plein gré vers les technologies cybernétiques de communication.

L'aliénation est le fait de passer par des interfaces pour communiquer avec autrui, de passer par des écrans et des claviers afin de communiquer avec autrui.

C'est l'absence de contact avec les humains et l'environnement qui provoque un sentiment de malaise.

Loin d'être un adjuvant, l'objet technique fait l'objet d'intérêt pour lui-même, on se préoccupe de ses performances, de ses innovations par rapports aux précédents modèles sans se demander ce qu'il procure de réellement nouveau pour la vie humaine.

Il faudrait peut-être revenir à une place plus humble de l'objet technique dans nos vies, moins central.. »

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