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Un objet technique peut-il etre objet d'art ?

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« Définition des termes du sujet Un objet technique est un objet façonné par l'homme, un objet qui n'existe pas dans la nature, et que l'homme utilise pour parvenir à certaines fins : l'objet technique a une vocation utilitaire, il vise à augmenter le confort matériel de l'homme, à lui épargner certaines tâches. « Pouvoir », c'est à la fois « être capable de », en un sens physique, et « avoir le droit de ».

Ce sont donc à la fois les possibilités objectives et les statuts auxquels peut prétendre un objet technique qui sont en jeu. Il est difficile de définir une « oeuvre d'art » : est-elle un travail accompli par quelqu'un qui cherche à produire de l'art ? est-elle un objet qui, par certaines qualités particulières, se définit finalement comme artistique, ou est considéré par d'autres comme tel ? Il apparaît en fait que la question de portée apparemment limitée que pose le sujet interroge en fait, d'une manière plus générale, la définition de l'art et des critères de sa reconnaissance. Proposition de plan I.

La distinction entre art et technique du point de vue de leur utilitarisme Art et technique semblent s'opposer par les définitions traditionnelles qu'on en a donné : l'art serait une recherche désintéressée, visant le beau ou l'expressivité, alors que la technique viserait l'utile et ne se soucierait pas de l'esthétique.

Dans ce cas, la simple nature « technique » de l'objet technique lui interdirait toute prétention à être objet artistique, parce que la vocation de l'objet technique est nécessairement intéressée et utilitaire. Bergson Qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même.

C'est d'un malentendu sur ce point qu'est né le débat entre le réalisme et l'idéalisme dans l'art.

L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité.

Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de vue, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme.

De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité. II.

L'art comme technique plastique susceptible d'être appliquée à tout objet La distinction tranchée établie dans la première partie empêche de prendre au sérieux par exemple l'artisanat d'art, ou encore le courant esthétiques des arts décoratifs.

Ce sont des pratiques qui mélangent l'utilitarisme des objets techniques et la recherche esthétique, au lieu de les opposer radicalement. Schopenhauer Les oeuvres de l'architecture, contrairement à celles des autres arts, n'ont que très rarement une destination purement esthétique ; elles sont soumises à d'autres conditions étrangères à l'art, tout utilitaires ; par suite, le grand mérite de l'artiste consiste à poursuivre et atteindre le but esthétique, tout en tenant compte d'autres nécessités ; pour arriver à cette conciliation, il lui faut tâcher d'accorder par divers moyens les fins esthétiques avec les fins utilitaires ; il lui faut déterminer avec sagacité quel est le genre de beauté esthétique et architectonique qui se prête, qui convient la construction d'un temple, d'un palais, d'un arsenal.

A mesure que la rigueur du climat multiplie les exigences et les besoins de la pratique, à mesure qu'elle les rend étroites et impérieuses, la recherche du beau en architecture se renferme dans un champ plus restreint.

(...) Toutes ces nécessités de la pratique sont, pour l'architecture, autant d'entraves ; pourtant elles lui procurent, d'autre part, un puissant point d'appui ; car, vu les dimensions et le prix de ses ouvrages, vu la sphère restreinte de son activité esthétique, elle ne pourrait subsister uniquement comme art, si, en sa qualité de profession indispensable, elle n'obtenait en même temps une place sûre et honorable parmi les métiers. III.

La qualification a posteriori de l'art suffit-elle à définir l'art ? Il semble donc qu'il faille tempérer l'opposition initiale entre art et technique.

Cependant on peut se demander si le moyen que l'on a trouvé pour tempérer cette distinction – l'existence d'une qualité « art » applicable même aux objets techniques – suffit à définir réellement l'art.

Il faudrait alors dire peut-être que l'objet technique, s'il peut avoir des caractéristiques de type artistique, ne peut pas être une « oeuvre d'art » pour autant, dans la mesure où la notion d'« oeuvre d'art » implique une démarche qui est entièrement, et non accidentellement, artistique. Schelling L'oeuvre d'art réfléchit pour nous l'identité de l'activité consciente et de l'activité inconsciente.

Mais l'opposition des deux est infinie, et elle est supprimée sans que la liberté intervienne.

Le caractère fondamental de l'oeuvre d'art est donc une infinité inconsciente [synthèse de nature et de liberté].

L'artiste semble avoir représenté comme instinctivement dans son oeuvre, en dehors de ce qu'il y a mis avec une intention marquée, une infinité qu'aucune intelligence finie n'est capable de développer intégralement.

Pour illustrer ceci par un seul exemple, la mythologie grecque, dont on ne peut nier qu'elle enferme en elle-même un sens et des symboles infinis pour toutes les idées, est apparue chez un peuple et d'une manière qui, tous deux, écartent l'hypothèse d'une intention quelconque dans l'invention et dans l'harmonie par laquelle tout est fondu en un seul grand ensemble.

Ainsi en va-t-il pour toute oeuvre d'art authentique, car chacune, comportant en quelque sorte une infinité d'intentions, est susceptible d'être interprétée à l'infini, sans que l'on puisse jamais dire si cette infinité a son siège chez l'artiste lui-même, ou bien si elle réside simplement dans l'oeuvre d'art.

Dans le produit qui affecte seulement l'apparence de l'oeuvre d'art, en revanche, intention et règle n'apparaissent qu'en surface, si bornées et si limitées que le produit n'est rien que la réplique fidèle de l'activité consciente de l'artiste : ce n'est qu'un objet de réflexion, mais non pas d'intuition, car celle-ci aime s'abîmer dans ce qu'elle contemple et ne peut reposer que sur l'infini.. »

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