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Que la nature soit explicable, est-ce explicable ?

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« La nature est le milieu matériel extérieur dans lequel évolue l'humanité, qui s'oppose donc à la culture, entendue comme l'ensemble des créations techniques, sociales et spirituelles par lesquelles les hommes se distinguent des autres espèces vivantes. Expliquer quelque chose revient à rendre raison de ce quelque chose, c'est-à-dire à déterminer la cause d'un effet (cause efficiente) ou la raison de cet effet (cause finale, pensée comme le « ce vers quoi » tend cette chose). L'acte d'expliquer est donc orienté vers une compréhension de ce qui cause une chose, et de la fin vers laquelle elle tend. La formulation de ce sujet est surprenante pour deux raisons : parce qu'elle implique un présupposé à questionner ; parce qu'elle recouvre une dimension réflexive.

En effet, le sujet implique que la nature est explicable : or, rien n'est moins sûr, il s'agit d'une assertion à questionner, à vérifier.

Il se peut en effet que les lois du milieu dans lequel évolue l'humanité ne puissent être expliquées.

Et deuxièmement, le sujet nous invite à rendre raison de l'acte de compréhension par lequel nous expliquons la nature, à expliquer le fait que nous puissions expliquer la nature.

Le sujet nous invite donc à une réflexion sur cette faculté propre à l'entendement humain qui consiste à rendre raison des phénomènes naturels. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure il est vrai que la nature est explicable, et en quel sens nous pouvons rendre raison de l'acte par lequel nous comprenons les causes et les fins des phénomènes naturels. I. La nature est inexplicable, et il est inexplicable d'en rendre raison : le point de vue de Hume a. Causalité incertaine et phénomènes naturels Nous commencerons ici par remettre en question le présupposé du sujet, qui affirme, quelque peu péremptoirement, que la nature est explicable : est-ce si sûr ? En effet, David Hume montre bien dans l'Enquête sur l'entendement humain que dans le domaine des choses de fait, par opposition au domaine des représentations, l'explication d'un phénomène ne peut se faire en vertu du principe de non contradiction aristotélicien.

Que le soleil se lève, ou non, n'implique pas de contradiction. b. La nature n'est pas explicable En raison de cette distinction entre choses de fait (parmi lesquelles nous trouvons les phénomènes naturels) et représentations, nous dirons que la nature n'est pas explicable (et qu'à fortiori nous ne pouvons l'expliquer).

En effet, Hume montre bien que les phénomènes naturels sont soumis à une légalité coutumière (les choses se passent généralement de la même manière) mais que nous ne pouvons rendre raison des causes de ces effets.

Il se peut en effet toujours que les effets que nous constatons cessent d'advenir : la nature n'est donc pas explicable. II. a. La nature est explicable, et le principe de raison suffisante peut l'expliquer : la thèse Leibnizienne La nature n'est pas explicable par l'entendement limité de l'être humain… La thèse de Hume concorde partiellement, partiellement seulement, avec celle de Leibniz.

En effet, l'un comme l'autre pensent que la nature ne peut être expliquée par l'entendement humain, qui est trop limité pour rendre raison de toutes les causes et saisir toutes les fins des effets qu'il constate.

Pour Leibniz, seul l'entendement du Créateur peut expliquer l'enchaînement causal infini pour rendre compte du moindre effet, et savoir vers quelle fin chaque effet s'achemine.

Nous dirons donc que le seul entendement capable d'expliquer la nature est l'entendement divin. b. … mais le principe de raison suffisante explique la nature Cependant, cela ne signifie pas pour Leibniz que la nature ne peut être expliquée.

Il existe pour Leibniz un principe qui rend raison de tous les effets, de pourquoi et de comment ils sont, qui porte le nom de principe de raison suffisante.

Reportons nous à la définition qu'en donne Leibniz dans la Monadologie : « Rien n'est sans raison : cet axiome doit être considéré comme l'un des plus hauts et des plus fécond de toute la connaissance humaine, sur lequel est édifiée une grande partie des sciences métaphysiques, physiques et morales. Sans lui, on ne peut ni prouver l'existence de Dieu à partir des créatures, ni produire une argumentation des causes aux effets ou des effets aux causes, ni conclure quoi que ce soit dans les questions civiles.

De sorte que tout ce qui, à la différence des formes de la logique et des vérités des nombres, ne relève pas de la nécessité mathématique, doit en dépendre entièrement.

» Nous dirons donc que grâce au principe de raison suffisante, la nature est explicable, et que nous pouvons expliquer notre capacité à l'expliquer : le principe de raison suffisante permet en effet de suppléer aux limites de notre entendement, en affirmant qu'il existe une cause à tous les effets que nous constatons dans l'ordre du monde (dans. »

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