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Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi-même ?

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« Demande d'échange de corrigé de DURAND Jean ([email protected]). Sujet déposé : Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ? La conscience se définit comme la connaissance plus ou moins claire que l'Homme possède de ses états, de ses pensées et de lui-même.

C'est également la capacité de porter des jugements de valeur sur ses actes, c'et le pouvoir de distinguer le mal et le bien.

Mais la conscience est aussi ce avec quoi je connais l'existence du moi, du monde d'autrui. "Prendre conscience" est l'"action de s'approprier ou de considérer comme propre à soi".

Tandis qu'être "étranger à soi" signifie "qui n'est pas en relation avec "soi"", est le fait de "garder son propre caractère, ne pas sortir de son naturel". Enfin, le fait de "devenir" suppose que l'on passe d'un état à un autre, d'une situation à une autre, ou que l'on subit une transformation progressive. Il y a mille manières d'être étranger à soi et de vivre cet étranger.

Il y a l'étrangeté que nous transmet notre histoire, le poids conscient ou inconscient que nous font porter nos ancêtres, nos parents, et celle que les autres portent sur nous. Nous nous demanderons donc dans un premier temps si la distanciation entre soi et le monde peut être une mise l'écart de soi.

Ou, dans un deuxième temps, si elle peut être interprétée comme une relation féconde, qui me permettrait de me trouver là où je ne me cherchais pas. La distanciation entre soi et le monde peut être mise à l'écart de soi.

Tel est le cas de l'autisme, auquel du reste nous fait penser au héros principal de "L'Étranger" de Camus, si l'on considère que l'autisme se définit comme l'incapacité pour l'individu autiste de ressentir des émotions et d'éprouver la moindre empathie pour l'Autre.

La personne autiste est tellement centrée sur elle-même (on la dit enfermée dans sa bulle) qu'elle n'est pas en mesure d'établir un lien avec ellemême et a ou n'a pas conscience de son étrangeté.

Dans "L'Étranger" de Camus, le héros ne prend conscience de lui qu'au moment de son procès pour crime, parce qu'il fait l'effort de comprendre les gens qui l'entourent afin de donner un sens à sa présence singulière à ses yeux dans ce tribunal, présent à son procès auquel il se sent étranger.

En s'appropriant l'étrangeté des autres, il se découvre lui-même tant étranger aux autres qu'il prend conscience, paradoxalement, de son existence. C'est en oubliant un peu de lui-même qu'il a pu aller sur le terrain de l'observation de l'Autre.

Ainsi donc, pour entrer en contact avec les autres, cela suppose la capacité d'établir avant tout une distanciation avec soi-même. La distanciation entre soi et le monde ne pourrait-elle pas aussi être interprétée comme une relation féconde ? Il en est ainsi au théâtre : l'acteur endosse un habit pour jouer un rôle et être un autre.

Ce jeu de rôle permet au spectateur (l'Autre) de se distancer de l'acteur pour ne garder que l'essentiel du message.

La relation qui s'établit entre l'acteur et le spectateur est source d'enrichissement mutuel, puisque l'un et l'autre connaissent l'objet du jeu, et sont capables d'en mesurer les enjeux.

Les règles de la relation sont dès le départ clairement définies et connues de tous les protagonistes. Il n'en est pas toujours de même dans le théâtre de la vie où, si je ne prends pas conscience de la place que j'occupe, du rôle que je joue, je peux tout aussi bien manipuler l'Autre qu'être manipulé par l'Autre.

Prendre conscience de moi ne peut se faire que par l'effet miroir que me renvoie l'Autre de lui-même.

Ses différences mettent en lumière ma singularité.

En prenant conscience de l'Autre, je prends conscience de moi.

En regardant l'Autre dans ses vérités, son miroir me renvoie à mes propres vérités.

Si je n'ai pas conscience de moi, on peut ainsi me manipuler, faute de prise de conscience du jeu que je joue.

Je ne maîtrise pas le "jeu" car je n'ai pas conscience du "je".

"Même si l'Autre est un leurre, j'ai besoin de l'Autre pour me construire" (Boris Cyrulnik) par ce perpétuel effet miroir auquel l'Autre me renvoie.

L'étranger n'est pas seulement l'Autre, dont la différence serait déjà source d'inquiétude et de menace, mais il représente aussi l'Autre de nous-mêmes. Cet Autre que je suis et que je ne m'attendrais jamais à être.

"Je reprends mon bien à l'Histoire car, en proie à la dissolution de mon être, aux apparences trompeuses, je soupèse enfin l'existence". L a prise de conscience de soi est donc un long processus fait d'allers-retours entre soi et l'Autre.

Lorsque je m'enferme dans ma bulle et que je l'ignore, ma singularité me rend étranger à moi -même.

Mais quand j'en sors pour aller à la rencontre de l'Autre, c'est dans la distance que je suis capable de mettre entre moi et l'Autre que je peux mieux mesurer nos différences et, m'enrichissant de l'Autre, me rapprocher de moi-même. Sujet désiré en échange : Bergson qu'est-ce qu'un jugement vrai ?. »

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