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Pourquoi la beauté séduit-elle ?

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Séduire, signifie attirer fortement quelqu'un, le tenir comme sous un charme, s'imposer à lui par telle qualité ou exercer sur quelqu'un tous les moyens de plaire, en particulier pour l'abuser, faire illusion, le faire agir dans un sens bien précis. Qu'est-ce qui dans la beauté peut nous charmes, quelle est sa spécificité ?

« Pourquoi la beauté séduit-elle ? Séduire, signifie attirer fortement quelqu'un, le tenir comme sous un charme, s'imposer à lui par telle qualité ou exercer sur quelqu'un tous les moyens de plaire, en particulier pour l'abuser, faire illusion, le faire agir dans un sens bien précis.

Qu'est-ce qui dans la beauté peut nous charmes, quelle est sa spécificité ? 1) La beauté séduit : la conception platonicienne. Toutes les polémiques qui précèdent Platon, et jusqu'à un certain point l'esthétique de Platon lui-même, s'éclairent si l'on garde à l'esprit la lutte entre moralistes et immoralistes.

Tel le combat que mène Socrate, partisan de la morale et de l'utilité dans l'art.

Ne faut-il pas, demande Socrate, rapprocher l'art de la philosophie - celle-ci étant la plus haute musique (Platon, Phédon) ? Or Platon commence par s'identifier à Socrate ; et c'est au nom de l'opposition de l'être et du paraître que l'Hippias majeur condamne les principales thèses sophistiques : l'occasion ne livre jamais que le faux-semblant ; il faut se détourner de l'idée d'un art essentiellement pathologique comme de l'idée que cette pathologie est superficielle.

Au contraire, pour Platon, l'art est magique, d'une magie qui délivre de toute superficialité ; il est folie, délire (Phèdre, 245 a), mais en cela il nous ravit dans un ailleurs, dans un au-delà, dans le domaine des essences.

Loin de résider exclusivement dans l'objet, dans le visible, le Beau est, en soi, condition de la splendeur du visible et, à ce titre, idéal dont l'artiste doit se rapprocher ; d'où le thème de la mimèsis.

De la beauté des corps à celle des âmes, de celle des âmes à celle de l'Idée, il y a une progression, qu'énoncent les textes de l'Hippias majeur et du Phèdre et que ramasse la dialectique du Banquet et de La République ; mais il faut noter que l'Idée du Beau est seule à resplendir dans le sensible ; seule capable de séduire directement, elle est distincte des autres Idées.

D'où la complexité de l'esthétique platonicienne.

Car, d'un côté, l'art ne peut être que second par rapport au Vrai ou au Bien et le Beau est en désaccord avec le V rai et le Bien, puisqu'il apparaît dans le sensible ; pourtant, ce désaccord est heureux, et le Beau rejoint le Vrai parce qu'il révèle ou désigne l'Être au sein du sensible ; et l'art, s'il peut et doit être condamné, en ce que l'imitation des Idées telle qu'il l'accomplit est toujours de second ordre, mérite cependant d'être pris en considération en ce qu'il est médiation : par lui s'articule la différence entre sensible et non-sensible. 2) Le mystère : on sait dire pourquoi un objet est beau. On connaît les célèbres analyses de Kant.

Le beau, dit-il, est sans concept ; impossible de définir ce qu'est le beau en soi, et donc de donner des règles qui en garantissent la production ; le jugement de goût est toujours singulier, il ne dit pas que les roses sont belles, mais que cette rose est belle.

Et il ne justifie pas, il exprime simplement le plaisir que nous prenons à percevoir la chose belle.

Ce plaisir est à la fois le ressort et le critère du jugement.

Critère subjectif, donc ; et, en effet, le plaisir à son tour exprime l'état du sujet, l'harmonie de ses facultés dans leur libre jeu.

En disant que l'objet est beau, je ne sais et je ne dis rien de lui, je parle de moi, et j'affirme que ma perception est heureuse.

Est-ce à dire que le beau soit totalement relatif ? Un certain historicisme le suggère, et c'est lui sans doute qui, avant et après Kant, a dû ébranler les certitudes dogmatiques : on a pu être gothique comme on peut être persan, et, pour un œil gothique, le gothique était beau, de même, disait Voltaire, que pour un crapaud, c'est sa crapaude qui est belle.

Thème éculé et trop facile, car si on est tenté de dire, lorsque le Musée imaginaire commence à rassembler les arts sauvages, que tout est beau parce que n'importe quoi a pu trouver quelqu'un pour le juger beau, cela revient à dire que rien n'est beau : le subjectivisme finit par annuler le jugement de goût.

Or, Kant s'est bien gardé d'aller jusque-là ; pour lui, le jugement de goût, même s'il ne peut se justifier par quelque concept, revendique l'universalité ; en prononçant ce jugement, j'affirme que tous doivent le prononcer comme moi.

Mais ce que j'arrache ainsi à la relativité de l'histoire, ce n'est pas une idée du beau, ou un art poétique, c'est une idée de l'homme ; ce que je promeus à l'universel, c'est le sentiment que j'éprouve devant le beau, dont je postule que tous doivent l'éprouver .J'affirme que tous les hommes sont semblables, qu'il y a en eux une nature transcendantale universelle, je suppose que « chez tous les hommes les conditions subjectives de la faculté de juger sont les mêmes [...] car sinon les hommes ne pourraient pas se communiquer leurs représentations et leurs connaissances ».

Finalement, on pourrait trouver des raisons pour lesquelles une œuvre d'art serait belle, des raisons précises. 3) Pourtant la beauté ne doit pas séduire. Hegel, dans son Esthétique pense que notre relation habituelle aux choses est de l'ordre du désir.

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté.

Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.

Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir.

L'objet existe pour lui-même.

La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.

On comprend aisément la remarque de Hegel dans la mesure où la vue par exemple d'un tableau d'une coupe de fruit peinte par Cézanne ou par Chardin n'induit pas l'envie d'acheter des pêches ou des abricots au premier marchand de fruit venu.

De même la différence entre la peinture de nu et la pornographie, se situe que dans le second, le but est d'engendrer des désirs sexuels contrairement au premier.

C'est la différence qu'à déjà opérer Kant dans la Critique de la faculté de juger entre l'agréable et le beau.

L'agréable vise à la satisfaction du plaisir des sens, il est intéressé.

Le plaisir esthétique doit être désintéressé, il ne s'intéresse justement pas au contenu de la chose représentée.

La portée universelle de l'art ne supporte pas les petites différences de goût individuelles, car ce qui est agréable à l'un ne peut ne pas l'être à l'autre.

L'art n'est pas là pour rassasier les désirs, il est un plaisir intellectuel qui donne à penser, à interpréter qui induit une certaine vision de la culture. C'est une vision limitée de l'art que de le réduire à une satisfaction des désirs.

A ussi, la beauté artistique ne peut avoir pour but de séduire. 4) La beauté a le mystère du divin. Heidegger pense que l'œuvre d'art est dévoilement de la vérité de la chose.

L'œuvre installe un monde, ce n'est pas elle qui est installée.

L'œuvre rayonne, elle a une aura.

Ce qui donne le sacré de l'œuvre d'art, c'est « l'ici et le maintenant » de la véritable présence de l'œuvre d'art.

Il se fait souvent un silence quasi religieux face à une œuvre d'art digne de ce nom.

A l'exemple du romantisme qui a voulu rénover le sentiment religieux, la peinture de Caspar David Friedrich, Le retable de Tetschen, peinture de paysage représentant un Christ sur une montagne éclairée par le soleil Une œuvre d'art ne mérite pas un discours mais une prière car la contemplation d'une peinture élève notre âme vers Dieu.

La contemplation esthétique est une expérience intime d'union avec l'esprit du C réateur.

Cette pensée qu'on pourrait appliquée au Retable exprime ce désir d'union de la nature, de l'art et de la religion en vue d'une certaine totalité Tout homme devant la nature éprouve un certain sentiment du divin.

Ainsi le beau a du sens car il est le signe du divin. . Conclusion. La beauté séduit d'une manière mystérieuse, il y a en elle un « je ne sais quoi » indéfinissable qui ne peut se ramener à des critères définies et quasi scientifiques.

Dès qu'on explique ce caractère mystérieux, la beauté disparaît.

La beauté séduit sous son apparence sensible, sa capacité à rayonner, à exprimer des idées intelligibles sous des aspects agréables.

Pour autant, la beauté ne peut se réduire à une pure sensibilité, à la simple excitation des sens. Il ne doit pas être un instrument de séduction des foules au risque de devenir simple propagande ou publicité.

Rappelons que l'art est par définition production d'objets inutiles, beau parce que ne possédant pas de fonction prédéfinie.

Aussi, la beauté séduit par sa gratuité, elle est un supplément au caractère ordinaire des choses.. »

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