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Pourquoi conserver les oeuvres d'art ?

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« La conservation se révèle un facteur essentiel de l'évolution et du progrès.

Dès les origines, le sentiment d'un audelà, sorte de prolongement de la vie terrestre, poussa l'homme à conserver les objets qu'il avait créés, en raison de la nécessité qu'il y avait à pourvoir le défunt d'objets et d'aliments propres à entretenir la vie Aussi, L'idée de conservation s'est attachée aussi à tout ce qui concernait le divin.

C'est ainsi que chez les Égyptiens les temples étaient construits en pierre, tandis que les demeures profanes, celles même des souverains, étaient édifiées en matériaux périssables.

La notion de conservation prend une portée philosophique, tout ce qui vient du passé étant considéré comme vénérable. 1) Conserver pour la mémoire . En reprenant les catégories d'Aloïs Riegl dans Le culte moderne des monuments, il existe trois valeur que l'on peut accordé à l'œuvre d'art : la valeur de remémoration qui est intentionnelle, la valeur historique qui témoigne d'une époque passée, et enfin la valeur d'ancienneté qui se traduit par une certaine patine et usure qui parle à l'homme d'une manière universelle.

La valeur d'ancienneté a un rapport avec l'existence de chacun et offre la possibilité de fonder un rapport affectif au monde.

Ce rapport existentiel se perd avec le cinéma et la photographie.

Les dimensions du souvenir et de la durée se trouvent perdues par cette technique.

L'homme doit donc retrouver cette dimension du passé et sa valeur cultuelle.

Benjamin souhaite regagner ce rapport poétique au passé et redonner à la matière son aspect magique.

Le passé ne peut se retrouver que dans l'objet vieilli, qui a subi les épreuves du temps.

Ce passé à dimension existentielle doit se perpétuer d'une manière quasi-corporelle dans l'homme.

C'est toute une époque que l'on peut rejoindre à travers l'objet.

Par exemple, la fameuse madeleine de Proust porte en elle toute l'enfance de l'écrivain, c'est un souvenir involontaire qui vient présentifier le passé pour contrecarrer le temps du vieillissement.

L'utilité de la conservation des œuvres d'art est ici définie, elle permet à l'homme de se situer dans le temps, que ce soit du point de vue individuel ou collectif quand la mémoire d'un peuple est engagée. 2) Conservation et modernité. On peut facilement faire l'historique de la conservation des œuvres d'art, de la prise de conscience de la valeur des œuvres d'art qui a atteint son point culminant au 19e siècle.

Après les vandalismes de la Révolution, en France, il faudra attendre 1830 pour que, sous l'effet du mouvement d'intérêt que le romantisme porte au Moyen Âge, le gouvernement se préoccupe de créer un service propre à assurer la sauvegarde des monuments, luttant enfin contre le vandalisme qui s'étend à toute la France et dont Montalembert pourra dire rue Toulouse en est la capitale. En 1830, Guizot propose à Louis-Philippe la nomination de Ludovic Vitet à un poste d'inspecteur général des monuments historiques qui dirigeait un service d'inspecteurs (pour les monuments) et de conservateurs (pour les objets mobiliers), répartis dans les différents départements.

C'est un mouvement nouveau qui sera suivi par Prosper Mérimée puis par la restauration des œuvres d'art par Viollet-le-Duc.

Aussi, la raison de ce renouveau de la conservation est l'intérêt porté par les romantiques au Moyen Age, mais cet intérêt a pour origine la volonté de préserver le patrimoine des ravages de l'industrie et de la modernité.

L'érudition a permis de reconnaître dans les monuments de véritables berceaux culturels et historiques. 3) Conserver pour conservé, la folie muséale. Mais à force de tout conserver, de vouloir tout protéger, ne risque-t-on pas d'enlever toute valeur à la conservation ? On a été progressivement appeler à se demander, qu'est-ce qui vaut la peine d'être conservé ? Tout peut être exposé dans un musée, plus seulement les œuvres d'art.

Les musées d'art populaire, les musées d'art contemporain avec des œuvres parfois très récentes.

On élargit toujours plus les monuments aptes à être classés. Du patrimoine du Moyen Age au patrimoine industriel du 20e siècle, en passant par des habitats soi-disant caractéristiques, on prend le risque de donner une valeur historique à des choses jugées pourtant jugées anodines. De même, à force de vouloir tout exposer, on risque dégrader les œuvres d'art elles-mêmes.

C'est un écueil majeur de la conservation aujourd'hui, cela porte des questions qui font encore débat.

Mais cela a le mérité de montrer au grand public que pas uniquement ce qui pittoresque, ce qui est antique et en vieil pierre peut être porteur de mémoire , que le signification historique ne s'arrête pas à un sentiment esthétique.

On conserve pour préserver ce qui mérite de n'être pas détruit, ce qui a une signification pour un ensemble de personne, pour une région. Conclusion. On conserve pour préserver la mémoire individuelle et collective, les œuvres d'art permettent une remémoration du passé, de sentir ce qui peut relier un peuple ou une personne à ses origines.

On doit aussi penser pragmatiquement qu'on conserve pour empêcher la pure et simple destruction par le temps qui passe, le vandalisme.

Mais cette volonté de conservation ne doit pas s'arrêter à de simples considérations esthétiques, elle doit prendre en compte l'histoire même récente.

Mais il faut éviter de multiplier les objets conservés au risque au risque de faire perdre toute signification à la conservation elle-même.. »

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