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Pour savoir, faut il renoncer à croire ?

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« Analyse et problème : • Croire, c'est attacher une valeur de vérité, avoir foi en quelque chose, mais sans certitude ni preuve possibles.

S'il faut croire, c'est qu'il n'y a pas de certitude, de connaissance objectivement vérifiée. • Au contraire, savoir, c'est avoir la connaissance complète et certaine de quelque chose.

Le savoir est rationnel, objectif et vérifiable. • On peut croire quelque chose de vrai : mais on ne peut jamais avoir la certitude que cette chose est vraie, il n'y a pas de vérification.

Inversement, la croyance peut également être fausse même si celui qui croit est convaincu de la véracité de l'objet de sa croyance. • On peut donc voir, entre croire et savoir, un rapport non seulement de hiérarchie, mais aussi d'exclusion : - savoir, c'est-à-dire avoir la connaissance précise et objective d'une chose, semble plus valable que croire, puisqu'il y a une adhésion à la réalité et à la vérité. - or comment savoir et croire en même temps, puisque croire, c'est se passer de la certitude et de la vérification propres au savoir ? • Ce sujet invite à s'interroger sur les rapports entre savoir et croire : rapport de hiérarchie et d'exclusion, avonsnous dit, mais peut-être également un rapport complémentaire : est-ce que la croyance ne prend pas parfois la relève du savoir ? I – Croire et savoir : une différence de nature A.

Une différence de résultat • Croire, c'est affirmer la vérité ou la réalité d'une chose sans pouvoir en présenter la preuve.

Savoir, c'est au contraire s'appuyer sur des vérifications possibles et construire une connaissance certaine.

La différence principale entre les deux, en termes de résultat, repose sur la présence ou l'absence de vérification et donc de certitude. • Dans une perspective scientifique, qui est la notre aujourd'hui, croire est une faiblesse, d'une part parce que la croyance peut nous mener vers l'erreur ou l'illusion, d'autre part parce que l'objet d'une croyance ne peut jamais être ni démontré ni vérifié. • Ainsi, il semble que savoir soit supérieur à croire, puisque le premier a une qualité de certitude que le second n'a pas. B.

Une différence de démarche • Savoir, c'est observer la réalité qui nous entoure, faire des expérience, l'étudier, émettre des hypothèses et les vérifier.

C'est donc être en contact direct avec le réel et fonder sa connaissance sur ce contact. • Croire au contraire découle d'un acte de la volonté, qui décide d'adhérer à une idée ou à une thèse : c'est être en contact avec une intériorité, la sienne, plutôt qu'avec l'extérieur, le réel.

De plus, croire relève du sentiment (le sentiment de confiance que l'on accorde à une idée), contrairement au savoir. • Il semble donc que croire et savoir s'excluent mutuellement.

En effet, leur différence de résultat et de démarche les rend incompatibles.

Si on croit, on ne peut pas savoir, et inversement.

Plus encore, dans une perspective scientifique et rationnelle, savoir semble plus valable que croire. Mais s'agit-il vraiment de renoncer ? II – Renoncer ? A.

Remplacer • Renoncer implique qu'on laisse de côté, qu'on exclut ce à quoi on était attaché, que l'on cesse volontairement de poursuivre quelque chose.

Il y a dans le renoncement une idée de sacrifice et de souffrance. • Or, si l'on estime que savoir est supérieur à croire, on ne peut pas dire que l'on « renonce » au second au profit du premier.

Le fait de croire est alors périmé et superflu, et disparaît de lui-même. • Lorsque nous progressons dans notre connaissance et dans nos méthodes de réflexion, la croyance est remplacée par le savoir, elle lui cède le pas naturellement : il ne s'agit pas de laisser de côté volontairement le fait de croire.

Si le savoir et la croyance sont incompatibles, il n'y a pas renoncement mais remplacement. B.

Une perte ? • Cependant, on peut également voir une perte dans le fait d'abandonner la croyance, même si c'est au profit du savoir et que l'on juge ce dernier indispensable. En effet, le recul des croyances religieuses ou magique comme mode d'explication des phénomènes, c'est-à-dire le passage de l'irrationnel au rationnel, s'accompagne d'une perte de sens du monde. • C'est ce que Marcel Gauchet a appelé le désenchantement du monde : le monde, entièrement explicable scientifique, perd de sa dimension spirituelle.

Il est entièrement prévisible et l'homme qui cherche des explications scientifiques ne cherche plus le sens des choses. • Aussi, en laissant de côté la croyance au profit du savoir, l'homme se retrouve dans un monde qui ne lui accorde plus de place : un monde mécaniste, donc absurde au regard des considérations existentielles qui sont également les notre.. »

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