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Platon vs Calliclès: Qu'est-ce qu'une vie bonne ?

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Comment un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un ? Voici ce qui est beau et juste suivant la nature [...]. Pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible, au lieu de les réprimer et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous les désirs à mesure qu'ils éclosent. Mais cela n'est pas à la portée du vulgaire. De là vient qu'il décrie les gens qui en sont capables, parce qu'il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance. Il dit que l'intempérance est une chose laide, essayant par là d'asservir ceux qui sont mieux doués par la nature et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté. Car pour ceux qui ont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a fait capables de conquérir un commandement, une tyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funeste que la tempérance ? Tandis qu'il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les en empêche, ils s'imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule ! Et comment ne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance, puisqu'ils ne pourraient rien donner de plus à leurs amis qu'à leurs ennemis, et cela, quand ils sont les maîtres de leur propre cité ? La vérité que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant. Platon

Selon Calliclès, la justice et les exigences de la morale sont le fait d'hommes incapables de vivre selon la nature. La véritable injustice, c'est la dépendance. Or, réprimer ses passions, c'est accepter un ordre extérieur, et donc artificiel, qui interdit le bonheur de l'être humain authentique, le fort.

« Comment un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un ? Voici ce qui est beau et juste suivant la nature [...]. Pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible, au lieu de les réprimer et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous les désirs à mesure qu'ils éclosent.

Mais cela n'est pas à la portée du vulgaire.

De là vient qu'il décrie les gens qui en sont capables, parce qu'il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance.

Il dit que l'intempérance est une chose laide, essayant par là d'asservir ceux qui sont mieux doués par la nature et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté.

Car pour ceux qui ont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a fait capables de conquérir un commandement, une tyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funeste que la tempérance ? Tandis qu'il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les en empêche, ils s'imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule ! Et comment ne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance, puisqu'ils ne pourraient rien donner de plus à leurs amis qu'à leurs ennemis, et cela, quand ils sont les maîtres de leur propre cité ? La vérité que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant. Dans le Gorgias, Socrate et ses interlocuteurs dialoguent à propos de la rhétorique, art de persuader.

Or, si elle est capable de faire passer l'injuste pour le juste, le mal pour le bien, c'est qu'elle est avant tout une technique de mensonge, de tromperie.

M ais C alliclès conteste la conception socratique.

Pour lui, l'idée même de justice n'est que la manifestation d'un désir de cacher sa propre faiblesse en voulant imposer aux forts un ordre moral contraire à leur nature. Problématique. Selon C alliclès, la justice et les exigences de la morale sont le fait d'hommes incapables de vivre selon la nature.

La véritable injustice, c'est la dépendance.

Or, réprimer ses passions, c'est accepter un ordre extérieur, et donc artificiel, qui interdit le bonheur de l'être humain authentique, le fort. Enjeux. 1 ° La logique de C alliclès aboutit à ce constat paradoxal : seul le tyran peut être heureux, puisque seul il peut assouvir absolument toutes ses passions. On retrouve ici l'idée d'âme tyrannique développée dans La République : la vie de la cité est le reflet agrandi de la nature de l'âme des hommes qui la composent. 2° C alliclès se réfère à la nature.

Or, il n'est pas sûr que la condition humaine se limite essentiellement aux exigences d'une nature dont on ne sait pas vraiment ce qu'elle peut.

C ar la maîtrise des passions est tout aussi naturelle que leur libre exercice, puisque l'homme est naturellement doté de Ici faculté de les penser. P L A T O N.

Né à Égine, près d'A thènes, en 429 av.

J.-C ., mort à A thènes en 347 av.

J.-C . Son père, A riston, descendait de C odros, dernier roi d'A thènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève de l'héraclitéen C ratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques.

V ers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399, date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à M égare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages en Égypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.

Le tyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine. Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré à Athènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'A cadémos ; ce fut l'origine de l'Académie.

Il se rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.

Il mourut octogénaire, à A thènes, désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.

T outes les oeuvres de Platon sont des dialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C 'est sous l'influence de Socrate que P laton conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait du philosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

Pour les P ythagoriciens, la raison des choses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de la nature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

P laton fut le premier à poser un principe intelligent comme raison des choses.

— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.

Platon remonte à l'idée.

Il procède par élimination des dissemblances, et ne considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.

Les ressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.

La dialectique opère de même pour les autres notions. Platon dégage, par ce moyen, l'Idée de la beauté.

Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.

Les phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.

Il faut dégager l'intuition de la beauté de la jouissance des belles choses.

Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sont faits.

Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.

C elle-ci est le soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes choses.

L'Idée de Bien est le principe de l'être et de l'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.

— L'homme connaît les Idées en vertu de la théorie pythagoricienne de la « réminiscence».

Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé dans une vie antérieure.

L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dont nous nous souvenons, et qui nous trouble.

— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée sur un char d'où elle contemple le monde des Idées.

Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle est emprisonnée.

Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête, dans la poitrine, dans le ventre.

Après la mort, l'âme injuste est châtiée.

L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe de son bien.

La morale platonicienne consiste à ressembler à Dieu.

Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, si on l'a commise, il vaut mieux expier que ne pas expier.

— Platon a abordé le problème politique.

Il s'élève contre la position inférieure de la femme grecque.

Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communauté des femmes et des enfants ; chaque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de la génération immédiatement postérieure.

Les arts sont soumis au soldat, qui représente le courage.

Les poètes sont exclus de la cité.

Le gouvernement appartient aux meilleurs, qui reçoivent une éducation musicale et sportive, sont initiés à la théorie des Idées et à la notion du Bien ; en un mot, aux philosophes.

Mais Platon sait bien qu'il est impossible de « faire que ce qui est juste soit fort ».

— L'enseignement de Platon s'arrête véritablement à sa mort.

Ni la nouvelle Académie, ni l'école d'A lexandrie ne le prolongent.

Saint A ugustin, la Renaissance, Malebranche, telles sont les étapes du renouveau du platonisme, mais celui-ci est alors modifié par la pensée chrétienne.

Q uoi qu'il en soit, l'influence de Platon durera sans doute toujours.. »

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