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Peut-on vouloir etre dépendant d'autrui Mon plan est-il acceptable ?

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« Le thème de cet énoncé articule volonté et dépendance qui, sans aucun préjugé, peuvent être de prime abord conçus comme des opposés.

De manière implicite, la volonté est toujours supposée libre, libre de toute dépendance.

Alors qu'au contraire, la dépendance est souvent comprise comme la négation de la liberté, c'est-à-dire de la volonté libre. Il s'agit alors de se demander s'il est possible de vouloir la négation de la volonté, d'une volonté qui est au principe de la liberté, autrement dit s'il est possible de pouvoir vouloir être dépendant.

Dans cette possibilité qu'aurait la volonté de renoncer à elle-même pour choisir la dépendance, ou choisir de ne plus choisir, s'éprouvent en un certain sens les limites de la volonté.

De manière plus explicite, pouvoir vouloir ne plus être libre de vouloir pose le problème de la libre aliénation, ou encore, de la servitude volontaire (La Boétie). Un tel problème peut se structurer en deux temps qui assurent la progression du propos : premièrement, interroger la signification du pouvoir de la volonté, c'est-à-dire penser les conditions de la liberté et de sa négation ; puis, dans un second mouvement, chercher à déterminer le sens de la dépendance envers autrui pour savoir s'il s'agit d'une négation de la liberté, c'est-à-dire du pouvoir de la volonté (auquel cas il serait impossible de vouloir être dépendant d'autrui, car cela mettrait la volonté en contradiction avec elle-même). I.

La liberté : condition et négation Dans sa seconde Critique ainsi que dans les Fondements, Kant définit la liberté par son autonomie.

Est libre une volonté qui s'assure d'une indépendance absolue envers tout principe extérieur déterminant.

La libre volonté se caractérise par le désintérêt, car tout intérêt est déjà asservissement à une finalité extérieure à la volonté elle-même.

Désintérêt et autonomie, c'est-à-dire se donner à soi-même sa propre loi, de tels traits fondamentaux qui sont la condition d'une volonté bonne et libre. Mais si la volonté kantienne, bonne et libre, s'atteste dans une posture d'indépendance et de désengagement (le désintérêt), autrement dit s'affirme comme non-dépendante, et avant toute autre instance, non dépendante d'autrui, elle n'en est pas moins en un certain sens soumise à la loi morale.

La loi morale qui justement enjoint à la liberté (pour être libre, “ agis de telle manière que… ”) exige d'être suivie : la loi morale de Kant soumet l'acteur moral car son application est la condition de la liberté.

Cette soumission envers la loi comme autre de soi même peut ainsi être comprise comme une dépendance envers autrui (car même si la loi morale réside en le cœur de l'homme, elle représente un certaine altérité).

Une telle dépendance serait la condition de la liberté ! En conséquence, il semble que la volonté, pour être libre, doive toujours déjà être une servitude volontaire.

Vouloir être dépendant est alors non seulement une possibilité de la volonté, mais la condition de sa liberté.

Une telle acception de la notion de vérité est déjà présente durant la période scolastique, et se prolonge avec Spinoza et Leibniz pour qui la liberté consiste en une adhésion consciente de la volonté à ses propres déterminations, c'est-à-dire en une dépendance lucide (le déterminisme). II.

La dépendance envers autrui La volonté de la dépendance est donc possible.

Vouloir être dépendant n'est pas une négation de la volonté comme principe de la liberté.

Vouloir la dépendance (envers la loi comme autre de soi (Kant)) n'entraîne pas de contradiction, mais est au contraire la condition de l'indépendance.

Mais qu'en est-il d'autrui, quelle peut être ici son identité ? L'œuvre de Levinas développe avec la plus grande profondeur une pensée éthique du rapport à l'autre, de l'altérité. Autrui, pour Levinas, impose au sujet la responsabilité éthique : la volonté du sujet est toujours déjà sous la dépendance d'autrui puisqu'en celui-ci réside sa responsabilité.

Pour être sujet, et sujet comme volonté éthique, il faut être dans la dépendance d'autrui.

Il ne s'agit pas de savoir si l'on peut vouloir être dépendant d'autrui puisqu'on l'est à l'origine : telle est la responsabilité de l'homme, la responsabilité de l'autre, dont on dépend. En conséquence, cette dépendance n'entre pas en contradiction avec la libre volonté car elle en est la condition.

Pour vouloir et vouloir librement, c'est-à-dire dans le domaine de l'éthique, il faut s'inscrire dans la dépendance d'autrui : je dois être dépendant pour pouvoir vouloir.

La dépendance précède même la possibilité du vouloir en ce qu'elle la rend possible. On ne peut pas vouloir être dépendant d'autrui car pour vouloir, il faut déjà être dépendant. Conclusion - Interroger la possibilité de la volonté d'être dépendant confronte la volonté à ses limites.

A ses limites, en d'autres termes, à son principe.

Car une telle réflexion engage à penser les conditions de possibilité et la signification de la volonté.

Comment penser son apparente négation dans la volonté de la dépendance ? Au terme de ce développement doit être compris que la volonté de dépendance est la condition de la volonté, et qu'en tant que volonté de dépendance, elle n'est déjà plus volonté mais toujours dépendance ou responsabilité.

La dépendance précède la volonté comme a négation, son impossibilité.

Mais une telle impossibilité est ce qui même la rend possible, voire nécessaire (Levinas).. »

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