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Peut-on vivre sans oublier ?

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« VOCABULAIRE: SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence. OUBLI: Fait qu'un souvenir ne soit pas rappelé ou ne puisse l'être. VIE: Du latin vita, «vie», «existence».

1.

Vie : en biologie, ensemble des phénomènes propres à tous les organismes (animaux et végétaux), parmi lesquels l'assimilation, la croissance et la reproduction.

2.

Durée s'écoulant de la naissance à la mort.

3.

Élan vital : chez Bergson, courant de vie qui se déploie à travers la matière en créant perpétuellement de nouvelles formes. Introduction. L'homme a la faculté de se souvenir, mais celle-ci est indissociable de la faculté d'oublier.

Or l'oubli est le plus souvent conçu comme un défaut, une faiblesse ou une perte.

Imaginez alors à l'inverse l'exemple d'un homme qui n'aurait pas du tout la faculté d'oublier, qui se souviendrait de tout (Cf.

l'analyse de Nietzsche ci-dessous).

Analysez ce que deviendrait son existence et expliquez alors pourquoi cet idéal se révèle en fait un enfer...

Vous pourrez ainsi reprendre l'analyse de l'oubli en vous demandant si celui-ci est nécessaire ou si au contraire il est ce que combat tout travail de mémoire. On a tendance à voir dans l'oubli une défaillance ou une déficience de la mémoire.

Ne peut-on pas dépasser cette conception négative de l'oubli ? L'oubli ne serait-il pas, au même titre que la mémoire, nécessaire à la vie ? Bref, peut-on vivre sans oublier ? L'oubli, condition de l'action. Distinguer deux mémoires. Procédons tout d'abord à une analyse de l'oubli, et par conséquent à une analyse de la mémoire, dont il est indissociable.

Il convient de distinguer avec Bergson (Matière et Mémoire, rééd., PUF, 1985) deux sortes de mémoires, et par conséquent deux sortes d'oublis. - La mémoire-habitude : c'est une mémoire qui, fixée dans l'organisme, dans le corps, naît de la répétition d'un même effort, par décomposition et recomposition d'actions mentales en mécanismes moteurs (par exemple, lorsque j'apprends par coeur un poème en le répétant et en en scandant les vers).

L'oubli, dans ce cas, est une déficience de la mémoire: il est le moment où s'enraye le mécanisme de cette mémoire-habitude.

Cependant, cette mémoire n'est qu'une fausse mémoire. - La mémoire vraie, ou mémoire pure, qui « retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à mesure qu'ils se produisent » (Matière et mémoire, p.

168).

Cette mémoire pure est «coextensive à la conscience », la conscience ne pouvant à la limite qu'être conscience du passé, car la perception, « si instantanée soit-elle, consiste en une incalculable multitude d'éléments remémorés, et à vrai dire, toute perception est déjà mémoire.

Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir» (ibid., p.

167). Nécessité de l'oubli pour agir. Ainsi, selon Bergson, la conscience étant mémoire, notre passé nous accompagne intégralement et « se penche sur le présent ».

Dans ces conditions, le problème n'est plus d'expliquer la conservation du passé, mais au contraire d'expliquer l'oubli.

Car si la conscience est mémoire, si le passé se conserve automatiquement en nous, pourquoi n'avons-nous pas toujours conscience de ce dernier, pourquoi l'oublions-nous? C'est que l'oubli est en fait une condition de l'action.

Car si l'homme avait constamment présent tout son passé, il se perdrait dans une rêverie sans fin et sans prise sur le réel.

C'est à l'attention que revient ce rôle de choisir dans les souvenirs.

L'oubli ne se réduit pas à une déficience de la mémoire, mais il existe un oubli qui est une sélection des souvenirs au service de l'action. Cependant, nous pouvons nous demander si la fonction de l'oubli se limite à favoriser l'action, ou si l'oubli n'est pas une fonction vitale, dont dépend le bonheur même de l'homme.. »

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