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Peut-on revendiquer le droit au secret ?

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« Sujet : Peut-on revendiquer le droit au secret ? [Tout homme a le droit de se réserver un «jardin secret» où il puisse se réfugier.

La vérité n'est pas une idole.

On peut lui préférer d'autres valeurs, comme la liberté et la sécurité de tous, qui exigent quelquefois que tout ne soit pas dit.] Le droit au secret, c'est la protection des personnes et des biens Dans un pays libre, le droit protège la vie privée des personnes.

C'est pourquoi ceux qui, par leur fonction, ont accès à certains renseignements, sont tenus au secret professionnel qui leur interdit de divulguer ce qu'ils savent.

De la même façon, un journaliste d'investigation revendique le droit de taire ses sources afin de protéger la liberté de ses informateurs. «Toute vérité n'est pas bonne à dire» Nous connaissons tous des moments où nous trouvons plus facile et plus intéressant de négliger la vérité, voire de la cacher.

A ces moments, nous pensons que certaines choses ont plus de valeur que la vérité.

La vérité est un choix: nous pouvons vouloir l'illusion, le mensonge, le secret parce que nous pouvons aimer d'autres choses plus que la vérité. Nul ne peut contester le droit de l'Etat au secret La divulgation de certaines informations peut aller contre les intérêts de l'Etat, et donc des citoyens eux-mêmes.

Il est des secrets d'État qui ne doivent pas être révélés pour des raisons diplomatiques, économiques ou stratégiques, et cela dans l'intérêt de la nation tout entière.

C'est ce que l'on appelle la raison d'État, qui exige de sacrifier la vérité au nom de l'intérêt commun. [Le droit au secret, c'est le droit de tricher, de mentir, de trahir, de travestir la vérité, de poursuivre son intérêt personnel au détriment de l'intérêt collectif.

Aucun État démocratique et républicain ne peut tolérer une telle licence.] Secret, mensonge et manipulation Secret d'État, secret bancaire, secret défense, autant d'alibis pour ne pas dire la vérité et laisser libre cours aux plus scandaleuses malversations.

L'accès à la vérité ne peut pas être limité à quelques privilégiés.

La vérité est, en droit, bonne pour tous, et tous nous estimons y avoir droit parce qu'elle est, en matière d'information, indispensable à une vie civique démocratique. Droit au secret et totalitarisme Une cité libre, c'est une cité où chacun a le droit d'être informé.

La démocratie d'un État républicain (res publica; «chose publique») repose sur la diffusion de l'information auprès d'un public aussi large que possible.

La protection de prétendues libertés individuelles n'a souvent pas d'autre but que le maintien, par le secret, de privilèges qui, s'ils étaient mis en lumière, seraient dénoncés comme atteintes graves à la liberté civique. Le refus du secret En cherchant la vérité, on cherche aussi à abolir la tromperie et l'injuste rapport entre ceux qui trompent et ceux qui sont trompés.

La conception élitiste d'une vérité réservée aux initiés est choquante.

Comme l'écrit Sigmund Freud, dans les Nouvelles Conférences sur la psychanalyse, «la vérité (...) n'admet ni compromis ni restriction». Dans le quotidien, la vérité concerne en priorité le discours: pour dire la vérité, il faut bien entendu en être d'abord informé.

Mais on sait, en revanche, qu'il ne suffit pas de connaître la vérité pour l'énoncer spontanément: cette non-réciprocité ouvre la possibilité du mensonge.

Pour Platon, le mensonge ne peut être utile, et donc justifié, que s'il vise le Bien commun.

Aussi doit-il être réservé à ceux qui connaissent ce Bien: les rois-philosophes de la République.

«Si donc il appartient à quelqu'un de mentir, c'est aux gouverneurs de la cité, pour tromper les ennemis ou les citoyens, quand l'intérêt de l'État l'exige: aucun autre n'a le droit de toucher à une chose si délicate» (La République).

Le droit au secret ne peut donc être revendiqué que par ceux qui poursuivent le Bien commun et qui, au nom de ce Bien, estiment que certaines choses doivent être tues.. »

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