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Peut-on reprocher à une oeuvre d'art de ne rien vouloir dire ?

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Souvent, il nous est arrivé de nous arrêter devant une œuvre d'art et de méditer longuement, cherchant sa signification que nous ne voyions pas. En effet, le sens d'une œuvre n'est pas toujours explicite et il se peut même que l'auteur n'ait volontairement pas donné de signification à son œuvre. Mais la question n'est pas de savoir si une œuvre d'art peut être ou non dépourvue de signification, mais si cela peut constituer un reproche, si cela peut altérer sa qualité artistique. Pour cela, il faut réfléchir sur la finalité de l'œuvre d'art : doit-elle impérativement vouloir dire quelque chose, ou cela n'a-t-il aucune importance ? L'art se veut-il significatif, porteur de sens ?    La réflexion sur la signification de l'art a pris un nouveau départ avec la naissance du surréalisme et de l'art abstrait. Autrefois, avant l'apparition de la photographie et du cinéma, l'art se voulait prioritairement figuratif. Les artistes représentaient la nature, l'être humain de la façon la plus réaliste possible. Les œuvres avaient comme signification le sujet qu'elles représentaient. En plus du réalisme, les œuvres étaient également symboliques : par exemple les scènes religieuses ou les natures mortes. Il était établi que les os, les insectes, le gibier mort symbolisaient la mort, le temps qui passe, quand les fruits et légumes signifiaient la vie, la jeunesse... Les scènes religieuses étaient facilement identifiables et interprétables, renvoyant à l'acquis culturel et religieux des hommes. 

« Peut-on reprocher à une œuvre d'art de ne rien vouloir dire ? Souvent, il nous est arrivé de nous arrêter devant une œuvre d'art et de méditer longuement, cherchant sa signification que nous ne voyions pas.

En effet, le sens d'une œuvre n'est pas toujours explicite et il se peut même que l'auteur n'ait volontairement pas donné de signification à son œuvre.

Mais la question n'est pas de savoir si une œuvre d'art peut être ou non dépourvue de signification, mais si cela peut constituer un reproche, si cela peut altérer sa qualité artistique.

Pour cela, il faut réfléchir sur la finalité de l'œuvre d'art : doit-elle impérativement vouloir dire quelque chose, ou cela n'a-t-il aucune importance ? L'art se veut-il significatif, porteur de sens ? La réflexion sur la signification de l'art a pris un nouveau départ avec la naissance du surréalisme et de l'art abstrait.

Autrefois, avant l'apparition de la photographie et du cinéma, l'art se voulait prioritairement figuratif.

Les artistes représentaient la nature, l'être humain de la façon la plus réaliste possible.

Les œuvres avaient comme signification le sujet qu'elles représentaient.

En plus du réalisme, les œuvres étaient également symboliques : par exemple les scènes religieuses ou les natures mortes.

Il était établi que les os, les insectes, le gibier mort symbolisaient la mort, le temps qui passe, quand les fruits et légumes signifiaient la vie, la jeunesse...

Les scènes religieuses étaient facilement identifiables et interprétables, renvoyant à l'acquis culturel et religieux des hommes. Plus tard, avec le progrès technique, et les inventions comme le cinéma et la photographie, le surréalisme et l'abstrait ont connu un grand essor au détriment de l'art figuratif et réaliste.

Pour cela, on a pu reprocher à certaines œuvres de ne rien vouloir dire, d'être dénuées de toute signification.

Par exemple, les œuvres de Klein ont suscité de vives réactions : on ne comprenait pas ce qu'elles voulaient dire.

En effet, que peut bien signifier une toile peinte uniformément en bleu ? De même que la peinture, on peut s'interroger sur la signification d'œuvres d'art musicales, cinématographiques.

Une partition de musique sans paroles veut-elle dire quelque chose alors qu'elle ne contient pas de langage ? Concernant le cinéma, on peut citer la réalisateur espagnol surréaliste Luis Bunuel : on peut trouver que certains de ses films n'ont aucun sens et que ce sont de mauvais films. Les reproches sur le manque de sens de certaines œuvres d'art est véritablement fondé lorsque l'œuvre se voulait porteuse de sens. En effet, certaines ont pour but premier de valoriser, de dénoncer quelque chose en interpellant le public.

Par exemple, à travers ses œuvres, Picasso a voulu dénoncer la violence de la guerre (par exemple Guernica).

Si l'on considère que le message est trop implicite, que le sens est dur à trouver, on peut reprocher à l'œuvre d'art de ne rien vouloir dire, car elle ne remplit pas sa fonction principale qui était de faire passer un message. On a montré que dans certains cas, on peut reprocher à une œuvre d'art de ne rien vouloir dire : c'est le cas pour des oeuvres surréalistes ou des oeuvres qui ne sont pas parvenues à remplir leur fonction de faire passer un message. Mais peut-on si simplement dire que l'on peut reprocher à une œuvre surréaliste de ne vouloir rien dire, mais pas à une œuvre figurative ; peut-on établir une telle distinction ? Le surréalisme, en se libérant de la contrainte de la représentation fidèle de la nature, a laissé aux artistes d'autant plus de liberté de création, d'imagination.

Ils ont pu vouloir dire quelque chose par l'art.

En ce qui concerne les œuvres de Klein, qui ne présentent a priori aucune signification, il faut remarquer que le fait que le monochrome bleu par exemple soit bleu et non rose, qu'il soit de sa taille et non d'une autre...

lui donne un sens différent que s'il eut justement été rose.

On peut voir dans cette peinture la vie, l'infini, le néant, ou tout simplement une ode au bleu.

On peut interpréter à notre guise cette peinture dont le sens est caché.

Si Klein n'a pas voulu donner de signification apparente à son tableau, ce n'est pas quelque chose que l'on peut reprocher à son œuvre puisque ce n'était pas son but.

S'il en a donné une, on peut ou non la percevoir, cela dépend de chacun, mais dans ce cas on ne peut pas reprocher non plus le fait qu'il n'y ait pas de signification puisqu'il y en a une mais que nous ne la percevons pas. Concernant les œuvres musicales sans paroles, leurs caractéristiques musicales se suffisent à elles-mêmes pour dire quelque chose et n'ont donc pas besoin d'avoir recours au langage.

Par exemple, « La lettre à Élise » de Beethoven n'est qu'une composition, sans paroles.

Mais son titre, sa mélodie, sa tonalité, sont suffisantes pour que l'on ressente le caractère mélancolique de l'œuvre.

Pour Luis Bunuel, le fait que certains de ses films n'aient pas de sens apparent peuvent justement vouloir dire quelque chose : peut-être que la condition humaine elle-même n'a pas de sens. Ce qui découle de cette réflexion, c'est que la subjectivité joue un rôle important dans ce problème philosophique : peut-on se baser sur notre propre perception d'une œuvre d'art pour en déduire un reproche à l'encontre d'une œuvre qui a peut-être un sens que nous ne percevons pas ? Ce n'est sans doute pas légitime, car l'artiste sait le mieux quelle signification il a voulu donner à son œuvre et seul lui peut se reprocher de ne pas l'avoir fait assez transparaître. Nous avons donc montré que le public, c'est-à-dire celui qui contemple les œuvres, n'est pas celui qui peut se permettre de reprocher à une œuvre de ne rien vouloir dire, puisqu'il ne sait pas si elle signifie quelque chose pour le créateur.

De plus, pour confirmer l'idée que l'un ne peut pas reprocher à une œuvre d'art de ne rien vouloir dire, rappelons que l'œuvre d'art n'a pas pour finalité de vouloir dire quelque chose, ce n'est pas son but premier même si l'on peut se servir de l'art pour dire quelque chose, passer un message.

De ce fait, si un artiste n'as pas voulu donner de signification à son rouvre, cela n'altérera pas la qualité de celle-ci, car ce n'est pas nécessaire.

On ne dit pas qu'une oeuvre est réussie quand on parvient à en comprendre la signification, mais lorsqu'elle nous plaît, pour n'importe quelle raison.

De même, on ne peut pas reprocher à un objet fonctionnel qui marche bien, donc qui remplit sa fonction, de ne pas être beau, puisque ce n'est pas sa finalité.

Celui qui reproche à une œuvre d'art de ne rien vouloir dire oublie donc qu'elle n'est pas faite pour ça, et qu'il ne faut donc pas attendre d'une œuvre qu'elle arrive à nous montrer ce qu'elle veut dire. Si l'on reprend le cas de l'artiste qui veut créer son œuvre dans le but de vouloir dire quelque chose à ce qui vont la regarder mais qui n'y arrive pas, alors on peut seulement lui reprocher de n'avoir pas su se faire comprendre, de n'avoir pas montré assez explicitement ce qu'il voulait dire.

Mais en aucun cas on ne peut juger que son œuvre ne veut rien dire, car si il lui a donné un sens, elle en a bien un, que la subjectivité du public le comprenne ou non. Puisque la finalité, la fonction de l'eouvre d'art n'est pas de vouloir dire quelque chose, alors si elle ne le fait pas cela ne constitue pas un défaut.

Si l'artiste a pour but de donner une signification à son œuvre et qu'il n'y parvient pas, cela est plus discutable mais il est sur que l'eouvre a une signification.

Cependant, que la finalité soit de vouloir dire quelque chose ou non, ce n'est pas à une personne autre que l'artiste de formuler un reproche.. »

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