Peut-on prendre en haine la raison ?

« Il est assez inhabituel, dans le cadre d'une démarche philosophique, d'affirmer un lien entre la haine et la raison (= misologie).

Car il semble évident que la raison est une bonne chose, comme l'on dit.

En effet, la raison nous permet à la fois de distinguer le vrai du faux (théorie) et d'agir de manière réfléchie (pratique).

Il faut donc exposer les raisons qui expliqueraient qu'en matière de connaissance et de conduite, la raison peut être un obstacle, un frein, un danger (pensez aux sophistes).

Qu'est-ce qui peut expliquer le rejet de la raison ? Pourtant vous n'aurez pas traité complètement le sujet si vous en restez là.

En effet, le terme " pouvoir " renvoie aussi bien au fait (est-il possible ?) qu'au droit (devons-nous ?).

Par conséquent, il y a peut-être un devoir de raison comme il y a un devoir de mémoire qui rend nécessaire mais difficile son exercice. [La raison souvent s'oppose au désir, à la passion, aux sentiments.

Elle fait voir les choses de manière froide et réaliste, elle empêche les émotions.

Elle est tyrannique et austère.

Voilà pourquoi on peut la prendre en haine.] La raison s'oppose au désir L'action et la passion sont deux des catégories d'Aristote qui correspondent à la voix active et à la voix passive du verbe.

Dans la philosophie scolastique le terme de passion désigne la passivité, le fait de subir, d'une façon très générale.

Cette signification très large du mot passion persiste encore chez Descartes.

Il désigne, dans le « Traité des passions », tous les phénomènes passif de l'âme, les modifications produites en elle, de façon involontaire, par l'agitation des esprits animaux. Selon Descartes, tandis que « les actions de l'âme sont nos volontés à cause que nous expérimentons qu'elles viennent directement de notre âme et semblent ne dépendre que d'elle », on peut au contraire considérer comme passion « toute pensée qui est excitée dans l'âme sans le secours de la volonté par les seules impressions qui sont dans le cerveau ».

Tout ce qui n'est pas manifestation de l'activité volontaire est considéré comme passion.

Pour Descartes, perceptions, sentiments, émotions sont des « passions ».

Cependant précise le philosophe que le terme de « passion » désignera pour lui surtout es émotions car « parmi toutes les pensées de l'âme, les passions sont celles qui l'agitent et l'ébranlent le plus fort ».

En fait les six passions fondamentales citées par Descartes : l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse sont des réactions affectives de l'individu à certains objets et renvoient aux besoins et aux tendances.

Pour tous les moralistes du XVII ième, les passions désignent les « appétits » de l'être vivant. La psychologie contemporaine paraît avoir mieux délimité l'usage du mot « passion ».

Essayons de préciser ce qu'est la passion par rapport au sentiment et à l'émotion.. »