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Peut-on nous reprocher une faute de goût ?

Extrait du document

« [Les fautes de goût sont une preuve d'inculture.

On peut nous les reprocher.

Le goût exige de la sensibilité mais se cultive.

Le manque de goût est une preuve de vulgarité, de manque d'intérêt et de paresse.

Celui qui est capable de reconnaître la bonté doit aussi être capable de reconnaître la beauté.] Le goût se conquiert Pour juger de la qualité d'une oeuvre d'art, il faut du goût, c'est-à-dire une sensibilité spéciale capable de reconnaître la beauté véritable.

En effet, la beauté artistique ne s'impose pas à tous.

Il faut du discernement pour différencier le beau du kitsch.

Cette sensibilité n'est pas seulement innée: elle se cultive, c'est-à-dire qu'elle se développe par l'étude et par la fréquentation assidue des oeuvres d'art. Seul l'ignorant n'a pas de goût Il est possible de cultiver son goût, car celui-ci obéit, comme la beauté, à des règles objectives, par exemple à des règles d'harmonie dans l'arrangement des couleurs et des formes.

Ces règles s'apprennent comme on apprend les bonnes manières ou un métier.

On peut donc nous reprocher une faute de goût puisque c'est la preuve de notre ignorance et de notre manque d'intérêt pour la beauté. Le goût est une marque de supériorité "Une belle âme ne va guère avec un goût faux», écrit Diderot dans ses Lettres.

Le bon goût est aussi une marque de supériorité morale et spirituelle.

Si je sais reconnaître le beau, c'est parce que je sais aussi ce qu'est le bon.

Une belle oeuvre d'art ne procure pas une jouissance grossière des sens, mais une satisfaction sublimée de l'esprit. [Le goût est subjectif.

On ne peut pas me reprocher d'aimer ce que j'aime.

Pour le goût, il n'y a pas de règles.

Le bon goût est le plus souvent une affaire de mode.

On ne saurait donc me reprocher mes jugements esthétiques.

D'autant que le goût n'est pas synonyme de valeur morale.] Il n'y a pas de règles du goût 0n ne peut pas nous reprocher une faute de goût parce qu'il n'y a pas de règles sûres pour reconnaître le beau.

Les règles du goût sont le plus souvent des canons artificiels dictés par la mode.

Aujourd'hui, telle couleur, tel vêtement, tel style de mobilier sont considérés comme le summum du goût; après-demain, ils seront démodés. La définition du beau change Les gardiens du bon goût ont condamné, au XIXe siècle, Baudelaire, Flaubert, Monet, Van Gogh.

Lorsqu'on veut édicter des règles du goût, on tombe dans l'académisme, on est incapable de reconnaître les nouvelles formes d'art.

Si le bon goût en art est aussi problématique, même pour ceux qui sont supposés en avoir, on ne saurait reprocher à personne de manquer de goût. Le goût n'est pas la morale Le goût n'a rien à voir avec le mérite et le sens moral.

L'on peut être insensible à l'art, sans être pour autant un méchant. Inversement, un tyran, un tortionnaire peuvent être des amateurs d'art raffinés.

Mon goût, même s'il ne correspond pas aux canons en vigueur, ne concerne que moi et ne nuit à personne.

On ne peut donc pas me le reprocher. Il est vrai qu'au regard de la moralité, le jugement esthétique est une faculté relativement secondaire.

S'il est impératif d'être moral, il n'est pas nécessaire en revanche d'avoir du goût.

Il est donc difficile de reprocher à quelqu'un, au nom de la morale, de manquer de jugement esthétique.

Toutefois, l'argument qui consiste à dire que tous les goûts se valent et qu'il ne saurait par conséquent y avoir ni bon ni mauvais goût ne tient pas.

Le goût est une marque de raffinement, de sensibilité, de culture.

Il ne dépend pas du niveau social, ni de la richesse: on peut posséder les plus grandes oeuvres d'art et ne pas avoir «les yeux pour les regarder», selon le mot de Vivant Denon.

A condition de ne pas en faire une règle exigeante et superficielle, le goût est simplement la faculté qu'a l'esprit - faculté qui peut être acquise - de reconnaître les choses de qualité.. »

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