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Peut on limiter la justice à un simple idéal

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« INTRODUCTION Un idéal est ce qui représente pour l'individu une forme de perfection.

Ainsi nous parlons de notre idéal de beauté, de vertu, du monde idéal.

Quand nous utilisons ce terme nous mettons de la distance entre notre conception de l'idéal et la réalité dans laquelle nous vivons, comme si un idéal ne devait être réalisé pleinement que dans la pensée.

Identifier la justice à un idéal ce serait la confiner en dehors du réel, et la rendre par là même inaccessible.

Si nous admettons que la justice est un idéal nous en concluons qu'elle ne peut se réaliser dans notre monde.

Or dans ce cas qu'est-ce qui la différencie d'une simple idée n'ayant aucune forme concrète? Les termes liés à la philosophie pratique exigent d'avoir une efficience, si la justice n'est qu'un idéal cela signifie qu'il n'y a aucune action juste.

C 'est le concept même d'idéal qu'il s'agirait d'interroger, celui-ci est-il nécessairement inaccessible, admet-il une expression dans le réel même approximée? Pour répondre à cette question nous allons diviser notre analyse en trois parties.

La première a pour mission de développer l'hypothèse selon laquelle la justice ne serait qu'un simple concept.

La deuxième élargit la définition de la justice afin de laisser une place à sa réalisation.

Enfin la relation entre la réalité et l'idéal sera interrogée. PLAN DETAILLE Première partie: La justice serait-elle plus un concept qu'une réalité? 1.1 Le naturel philosophe. « Je me plains précisément de ne trouver aucune constitution politique qui convienne au naturel philosophe.

» PLATON, République, VI. Dans ce court extrait du dialogue consacré à la justice nous pouvons noter que la réalisation de la justice, qui n'est possible que par l'action du naturel philosophe, est rendue impossible par le fait qu'aucune cité ne convient à son action.

En ce sens l'imperfection de la réalité politique implique l'impossibilité, du moins à ce moment-là, d'une cité juste. 1.2 Il n'y a pas un seul juste. « Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis; il n'en est pas un qui fasse le bien, non, pas un seul.

» Epître aux Romains, 3.12. La nature corrompue de l'homme remet en cause l'existence d'un homme vertueux.

La justice est un idéal dans le sens où elle est inaccessible à l'homme mortel. Transition: Si la justice est bien un idéal, en tant qu'elle s'avère irréalisable ici-bas, alors il appert que cet idéal est vain dans la mesure où il est séparé de la réalité.

Les faits prouvent-ils ce caractère inaccessible de la justice ? Deuxième partie: La justice incarnée. 2.1 La justice et l'équité. « Quand, par suite, la loi pose une règle générale et que là-dessus survient un cas en-dehors de la règle générale, on est alors en droit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a péché par excès de simplification, de corriger l'omission et de se faire l'interprète de ce qu'eût dit le législateur lui-même s'il avait été présent à ce moment, et de ce qu'il aurait porté dans sa loi s'il avait connu le cas en question.

De là vient que l'équitable est juste, et qu'il est supérieur à une certaine espèce de juste, non pas supérieur au juste absolu, mais seulement au juste où peut se rencontrer l'erreur due au caractère absolu de la règle.

» ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, V 15. A ristote conçoit l'équité comme étant une sorte de justice, elle un correctif de la justice légale.

Dans la mesure où elle prend en compte la singularité des faits elle permet d'adapter la loi aux cas particuliers et de ne pas se soumettre au joug d'une loi générale inappropriée.

La justice dans ce cas est bien réelle et s'exprime par le jugement sagace de l'homme prudent. 2.2 La justice, un effet de l'état social? « Ainsi les règles de l'équité ou de la justice dépendent entièrement de la situation ou de l'état particulier dans lesquels les hommes sont placés, et elles doivent leur origine et leur existence à cette utilité qui résulte, pour le public, de leur stricte et régulière observance.

» HUME, Enquête sur les principes de la morale, section III. Les règles de justice découlent de l'état social.

En ce sens c'est l'état social qui conditionne leur émergence.

La justice naît de l'intérêt de la société. Transition: L'équité est une sorte de justice et n'a rien d'une simple idée, puisqu'il s'agit d'adapter la loi aux cas particuliers, sa dimension réelle ou concrète ne peut être remise en cause.

Ainsi soit nous devons revoir l'identification de la justice à un idéal soit nous devons modifier notre conception de ce dernier. Troisième partie: Un pont entre l'idéal et la réalité ou entre deux types de justice. 3.1 La cité de premier choix est un modèle pour nous. « Eh bien, tiennent la première place, la cité, la constitution et les lois les meilleures, où se réalise le plus possible pour toute la cité le vieux dicton qui veut que « vraiment tout est commun entre amis » [...] Que des dieux ou des enfants des dieux l'habitent à plusieurs, toujours est-il qu'ils passent leur vie dans la joie de s'y être établis.

Dès lors il ne faut pas regarder ailleurs pour trouver un modèle de constitution.

» PLATON, Les Lois, V. La cité de premier choix est la cité des dieux et est irréalisable ici-bas dans la mesure où la nature humaine est imparfaite, les hommes ne peuvent vivre dans une telle communion.

Pour autant il n'y a pas de hiatus entre ces deux sortes de cité et la cité de premier choix peut bien être un modèle pour la cité de deuxième choix.

En ce sens la cité juste des dieux peut trouver une certaine forme d'imitation au sein de la cité humaine.

Il y a donc bien une relation possible entre l'idéal de justice et la réalité humaine ce qui remet en cause l'idée que la justice serait un idéal inatteignable. 3.2 L'ajustement de la justice. « Nous pouvons observer que toutes les questions de propriété sont subordonnées à l'autorité de lois civiles, qui étendent, restreignent, modifient ou altèrent les règles de la justice naturelle selon la convenance particulière de chaque communauté.

» HUME, Enquête sur les principes de la morale, section III. Les lois civiles permettent à la justice de s'incarner dans l'état social.

L'idéal de justice s'adapte à chaque communauté. CONCLUSION La justice n'est pas un simple idéal, entendu comme une réalité inaccessible.

Elle est bien une forme de modèle que l'homme s'efforce de réaliser icibas.

Il y aurait en ce sens deux sortes de justice une justice parfaite idéale qui seule peut se manifester au sein de la cité divine platonicienne, et une justice imparfaite qui s'exprime dans les actions humaines.. »

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