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La justice est-elle un idéal inaccessible ?

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« Introduction La jus tice implique la conformité de la rétribution avec le mérite et le res pect de c e qui est c onforme au droit.

La justice peut donc être soit distributive, s oit corrective.

Par justice distributive, on entend la redis tribution des biens et des honneurs conformément au mérite de chacun : celui qui travaille plus, ou plus durement, ou mieux doit par exemple être rétribué plus que celui qui travaille moins.

La justice c orrective est plus proche de l'institution que nous appelons communément la justice : elle suppose que chaque citoyen doit obéir à la loi, et que quand il y désobéit, il est punit en fonction de son crime, sans que l'on tienne compte de s on rang.

La justice corrective est donc fondée sur un principe d'égalité absolu, tandis que la justice distributive suppose une proportion qui prenne en compte les inégalités et leur soit équitablement proportionnée.

La justice est donc l'idéal visé par toute société, puisque même les sociétés féodales ou élitistes, qui peuvent nous sembler injustes, repose sur l'idée que l'ordre établi est juste, et qu'il faut s'y conformer.

P ourtant, toute société est par définition c omposée d'êtres humains différents les une des autres : ces différences , qui constituent la richesse même d'une société, ne vont-elles pas à l'encontre de l'idéal de justice ? P eut-il y avoir une justice dans la différence ? La justice peut-elle réellement exister sans égalitarisme ? Et à l'inverse, l'égalitaris me n'est-il pas une forme d'injustice ? La justice n'est-elle qu'un idéal inacces sible en raison de la différence qui s épare néc essairement les êtres humains ? I.

la justice comme justice distributive : à chacun son mérite. A .

la distinction entre justice distributive et justice correc tive est définie par A ristote dans le livre V , chapitres 3 et 4, de l'Ethique à Nic omaque.

C ette dis tinction s uppose donc que la jus tice soit conciliable avec les différenc es et même les inégalités , puis que la jus tice distributive part du principe qu'il y a des inégalités, et qu'il faut en tenir compte. A ristote distingue deux grands types de justice.

Il y a une justice qui prend en compte la statut social des individus, c'est la justice distributive, elle es t sur le modèle de l'égalité géométrique, pas une égalité stricte mais elle est équitable.

P our A ristote, c'est ce type de justice qui doit être appliquée dans la répartition des distinctions et des honneurs.

Il y a un autre type de justic e, la justice commutative qui consiste en la rectitude d'une égalité arithmétique devant la loi appliquée aux personnes et aux biens.

C ette jus tice doit s'appliquer aux échanges .

O n voit que la notion de justice s'élabore selon de modèles d'égalité mathématique, de façon purement rationnelle donc. B.

Platon dans la République 4 3 3 a d é f i n i t l a j u s t i c e comme « c e principe qui ordonne à chacun de remplir s a propre fonction ».

C haque citoyen a donc une fonction : gardien, juge, dirigeant, artisan etc.

mais c 'est en fonction de la nature de chacun que cette fonction va lui être attribuée : les gardiens doivent être courageux, les dirigeants doivent être sages (philosophes).

Les rôles sont donc distribués et ne peuvent être changés.

La justice es t alors envisagée non d'un point de vue personnel, comme étant juste pour chacun, mais comme la justice de la c ité politique dans son ensemble. C .

mais cette définition de la justice ne peut elle pas justement créer un sentiment d'injustice ? Elle part du princ ipe que c ' e s t la nature même de chacun qui va déterminer sa fonction, elle réduit donc la place de l'éducation e t n ' e s t pas conciliable avec une perspec tive existentialiste de la nature humaine. T ransition : la justice distributive n'est juste que si elle s 'accompagne d'une égalité des chanc es : il ne suffit pas que chacun s oit rétribué s uivant son mérite, encore faut-il que tous puissent avoir une chance de mériter, de bien faire. II.

la justice comme égalité A .

Rousseau dans le discours sur l'origine de l'inégalité entre les hommes montre que si les hommes sont inégaux en ce que certains sont plus forts ou plus intelligents ou plus rapide, cela ne doit pas servir de principe de l'organisation s ociale, puisque la nature humaine est toujours la même : l'homme est libre.

Toute organisation politique doit donc veiller à respecter ce seul principe, et pour cela, doit veiller à ce que l'égalité soit maintenue. B.

pour Rousseau, dans le C ontrat social, la jus tice, c'est-à-dire la légitimité d'un gouvernement ne peut se comprendre que s 'il respec te la liberté fondamentale de chacun.

O r, c ette liberté ne peut se comprendre que comme une égalité.

Dès qu'un citoyen est suffisamment riche par exemple pour acheter un autre citoyen (ou son vote), il n'y a plus ni liberté, ni justic e, et le gouvernement devient illégitime. C .

la justice e s t d o n c i n c o n c e v a b l e s ans égalité d e s c itoyens.

C 'est là le rés ultat de la Révolution et des droits de l'homme : « les hommes nais sent libres et égaux en droits ».

La liberté s'accompagne donc d'égalité, mais cette égalité ne concerne pas uniquement le traitement de chacun par la justice ou la liberté au sens de « ce que l'on a le droit de faire ».

Il y a en effet une nouvelle sorte de droits : les droits créances, qui diffèrent des droits liberté, puisqu'il s'agit cette fois de dire que la liberté ne prend sens que si la soc iété se reconnaît c ertains devoirs envers les citoyens.

Ils ont donc des droits tels que le droit au travail ou à l'éducation. T ransition : mais les droits de l'homme n'ont pu que proclamer cette égalité, ils n'ont pu ni la prouver ni même l'appliquer : la différence entre les hommes peut-elle être compatible avec la jus tice ? III.

justice de fait et justice de droit. A .

l'un des points forts de la critique que mène M arx contre les droits de l'homme est de montrer que proclamer l'égalité en droit de l'individu alors même que dans les faits les hommes ne nais sent pas égaux, mais sont socialement déterminés par leur naissance, concourt à accroître les inégalités et à les rendre invisibles plutôt qu'à les atténuer ou à les combattre. B.

tout le débat actuel autour de l'égalité des hommes et des femmes reprend ce problème : il peut sembler que la jus tice est accomplie lorsque les lois condamnent la disc rimination à l'embauche et toute autre forme de distinction (s alariale par exemple).

M ais tout le combat des féministes , dont certaines philos ophes telles que Eleni V arikas, est de montrer que le soucis de l'égalité, loin de mener à la justice, peut rendre encore plus invisible, et par là même plus injuste et moins combattable toute forme d'injustice.

Une liberté de droit sans une liberté de fait est donc vide de sens. Conclusion La justice ne peut donc se comprendre sans la notion d'égalité de droit, mais aussi d'égalité des chances.

Une société qui proclamerait la justice en ferait effectivement un idéal inaccessible si elle s'interdit par là de penser les différences de fait, de condition sociale et économique.

C 'est donc en érigeant la justic e en princ ipe absolu afin de se donner bonne conscience que cette même jus tice devient un idéal inacces sible, pour la simple raison que cet idéal est supposé acquis .. »

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