Peut-on être indifférent à la vérité ?
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POUR DÉMARRER
Une question en apparence assez paradoxale : la vérité étant la conformité de la pensée et de son objet, nous ne
voyons pas immédiatement comment on peut se comporter de façon totalement neutre par rapport à ce qui semble
directement issu de notre pensée.
En fait, pour bien comprendre le sujet, il faut se rappeler que la vérité est une
valeur et le fruit d'un choix.
Elle s'enracine dans notre liberté.
CONSEILS PRATIQUES
Il faut étudier les différentes raisons pour lesquelles on pourrait être neutre à l'égard de la vérité.
en particulier
lorsque cette dernière porte sur un objet ou un événement qui ne nous concerne pas.
Demandez-vous également si
être neutre ne signifie pas aussi que l'on admet qu'une vérité puisse ne pas l'être, ce qui enlèverait toute
signification à cette dernière.
BIBLIOGRAPHIE
Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, NRF-Gallimard.
NIETZSCHE, Textes choisis par Jean Granier, PUF.
Examen de l'énoncé:
"Peut-on": cette expression peut être comprise en deux sens.
soit la question porte sur la possibilité de fait, soit
elle porte sur la possibilité de droit.
Dans ce dernier cas elle équivaut à: "a-t-on le droit ?".
Sans doute faudra-t-il
passer d'un sens à l'autre, en le précisant explicitement.
"Etre indifférent": n'éprouver ni amour ni haine, ni attirance ni répulsion.
Laisser de côté, se désintéresser, ne pas
être concerné.
"La vérité": notion complexe dont le sens peut évoluer au cours de la réflexion.
Il y a dans la notion de la vérité
l'idée de correspondance entre la pensée et le réel.
Reformulation:
Est-il possible qu'un homme ne se préoccupe aucunement de la question de la vérité ? En quel sens une telle
attitude serait-elle justifiée ? Renier la vérité, n'est-ce pas encore affirmer une pensée que l'on croit vraie ? La
vérité de part son évidence ne s'impose-t-elle pas de fait à l'esprit ? Et l'indifférence à son égard n'est-elle pas une
preuve de mauvaise foi ?
Première partie:
Qu'est-ce qu'être indifférent à la vérité ? Ne pas se préoccuper de l'adéquation de ce que l'on dit avec ce qui est.,
revient à confondre erreur et vérité, mensonge et vérité.
De telles confusions entraînent la négation de toute
connaissance mais aussi de toute action, de toute communication.
De toute action, car l'action efficace suppose une connaissance au moins suffisante du matériau que l'on transforme
ou de l'outil que l'on utilise.
De toute communication, car dans ce cas autrui devient systématiquement objet de
soupçon, ou plutôt d'indifférence.
De toute justice également, car si on estime inutile de vérifier un jugement, le
coupable n'est plus distingué de l'innocent et inversement.
Pour toutes ces raisons, au premier abord, il semble bien
impossible d'être indifférent à la vérité.
allons plus loin, l'indifférence à l'égard de la vérité apparaît comme la
négation de toute pensée.
En effet, penser, c'est affirmer ou nier.
Dès que l'on pense, on croit nécessairement au
contenu de sa pensée, quoi qu'il en soit de la vérité de ce contenu.
Peut-on affirmer sans croire avoir raison ?
Un homme qui serait intégralement indifférent à la vérité serait incapable d'action, de communication, sans justice,
et ne croirait même pas ce qu'il pense.
Un tel homme est difficilement concevable.
Deuxième partie:
Si l'homme ne peut pas ne pas croire avoir raison quand il affirme, et donc que l'attachement à la vérité de ce que
l'on dit est pour ainsi dire viscéral, nous nous trouvons devant un paradoxe.
Car c'est alors que se manifeste la
véritable indifférence à la vérité.
En effet en rester à ses propres affirmations, c'est rester aveugle à toute critique,
c'est confondre croyance et savoir, opinion et science.
Qu'est-ce qui oppose croyance et savoir ? Croire, c'est donner son adhésion à un jugement sous l'effet d'une
certitude purement subjective, alors que le savoir se fonde sur des vérifications objectives.
La certitude impliquée
dans la croyance n'est donc pas nécessairement la vérité.
Pour analyser l'opinion il importe de distinguer l'opinion de
la science.
Pour analyser l'opinion, on peut chercher à en dégager l'origine:l'influence du corps et des habitudes.
L'homme qui, par indifférence pour la vérité, reste attaché à ses opinions est aveugle dans ses jugements.
A-t-on le droit de rester sourd et aveugle ? A cette question, la tradition philosophique qui fonde la sagesse sur le.
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