Aide en Philo

Peut-on être esclave d'un objet technique ?

Extrait du document

« I - LES TERMES DU SUJET La notion principale est la technique mais ici utilisée en adjectif et d'emblée associée au terme "objet". Un "objet technique" est un objet artificiel, fabriqué par l'homme (contrairement à la chose naturelle), en vue d'une utilité, d'une action, d'un usage, d'une fonction.

Contrairement à l'oeuvre d'art qui a pour seule finalité la beauté, un objet technique sert à quelque chose. Un esclave sert son maître.

L'esclavage, ou servitude, désigne un rapport de domination/soumission entre les hommes; l'esclave est un homme privé de liberté par un autre homme. Le "on" de la question n'est pas sans signification, puisque, contrairement au "nous", il désigne la masse indifférenciée des hommes c'est un terme impersonnel - et non pas la pluralité des sujets pensants et agissants. La question nous amène donc à nous interroger sur le rapport que nous avons, nous autres hommes, nous autres sujets pensants, avec les objets techniques. II - L'ANALYSE DU PROBLÈME Le travailleur contraint par le rythme de la machine, le passant "collé" à son portable, l'homme ordinaire "hypnotisé" par sa télévision... Autant d'images paradoxales qui invitent à la réflexion.

Comment un homme, sujet libre d e ses pensées et d e s e s actes, peut-il apparaître aliéné à un objet ? Comment peut-il sembler instrumentalisé par son propre outil ? Comment ce renversement est-il concevable ? La technique a été longtemps synonyme de progrès et de liberté.

Elle s'est réalisée dans le projet de l'homme de maîtriser la nature.

La technique se retourne-t-elle contre l'homme, ou est-elle plus simplement devenue un instrument de domination de certains hommes sur d'autres ? III - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - LES OBJETS TECHNIQUES COMME MOYENS DE MAÎTRISER LA NATURE On ne peut pas être esclave d'un objet technique qui est justement un instrument de notre domination (prendre des exemples simples pour montrer ce que certains objets techniques ont permis de réaliser). B - POURTANT, LES OBJETS TECHNIQUES NOUS IMPOSENT UN MODE DE VIE ET DE PENSÉE Par exemple, l'introduction du machinisme dans l'organisation du travail. Le fait de devenir "esclave" d'un objet technique peut revêtir alors plusieurs significations, qui peuvent être d'ailleurs complémentaires. 1) Une signification sociale et politique La technique devient un instrument d e domination d'une classe sociale sur une autre, la bourgeoisie industrielle et financière sur les travailleurs.

Mais alors on n'est pas esclave d'un objet technique mais plutôt d'une organisation sociale du travail et de la satisfaction des besoins.

C'est la perspective de Marx. 2) Une signification culturelle Le culte de la technique, comme synonyme de progrès dans la civilisation occidentale, aux dépens des valeurs esthétiques et morales. "Fétichisme" de l'objet technique. FÉTICHISME DE LA MARCHANDISE CHEZ MARX Dans les sociétés primitives, le fétiche est un objet sacré qui concentre tous les pouvoirs et confère à celui qui le p o s s è d e la toutepuissance.

Pareillement, dans le capitalisme, la marchandise prend une individualité et une autonomisation si forte qu'elle nous fait oublier ses origines à savoir qu'elle est le produit d'une aliénation.

De même, l'argent est l'élément central du système capitaliste qui fait de la production et de l'échange des marchandises non plus seulement des moyens mais des fins en soi.

Au lieu d'être le médiateur entre deux marchandises, l'argent devient le moteur qui tend à tout transformer en capital (ou valeur d'échange).

Le fétiche de tous les fétiches est en définitive l'argent lui-même. 3) Une signification plus métaphysique Si on veut approfondir le paradoxe posé par la question, alors il ne faut plus concevoir la technique comme un simple moyen, comme un simple ensemble d'instruments au service de l'humanité, mais comme un mode de pensée qui enferme l'homme dans un destin.

C'est la perspective de Heidegger, où l'objet technique est moins essentiel que le mode de pensée qu'il suppose. IV - DES REFERENCES UTILES Descartes, Discours de la méthode Marx, Le Capital H.

Jonas, Le principe responsabilité Heidegger, Essais et conférences V - LES FAUSSES PISTES Ne pas voir le paradoxe extrême qui sous-tend la question : un homme ne peut être l'esclave que d'un autre homme, et pas d'une chose ! Et partir ainsi sur un discours lénifiant sur les divers bienfaits ou dangers de la technique. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Un sujet très "actuel" qui exigeait cependant une rigoureuse analyse préalable afin d'éviter d'aligner les "clichés".. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles