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Peut-on dire que tout n'est que communication ?

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« [Parce que l'homme est un animal social, il ne cesse de communiquer.

Toute notre existence est marquée par la communication, qu'elle passe par la parole, l'écriture, les images.

Cela est d'autant plus vrai que le XXe siècle a considérablement développé et diversifié les moyens de communication.] La communication est partout; c'est même elle qui rend le mieux compte de l'histoire des idées Le XXe a vu naître, avec le développement et la diversification des moyens de communication (internet en tête), un «modèle de communication» que l'on peut ainsi résumer.

Du côté de l'émetteur: a) une source, b) un message, c) un codage.

Du côté du récepteur: a) un destinataire, b) un message, c) un décodage.

L'émetteur et le récepteur (qu'il s'agisse de deux personnes qui parlent, ou de deux ordinateurs) sont reliés par un canal, une interface au travers duquel circule l'information.

Cette circulation peut être perturbée par ce que l'on appelle en théorie de l'information, le «bruit», c'est-à-dire une déformation des messages, ou bien encore une perte partielle ou complète de l'information qu'ils véhiculent. L'histoire n'est pas seulement la mémoire du passé; elle est une pure communication Selon Michel Serres, l'histoire «est ce jeu du téléphone qui donne à la sortie une information d'autant plus déformée que la chaîne de communication a été longue.» Comprendre l'histoire, l'évolution des idées en mathématiques, en philosophie, en art, c'est analyser la relation qui existe entre un émetteur et un récepteur.

C'est analyser les messages qui circulent au sein du canal de communication qui les relie [Pour le savant, le philosophe, l'artiste ou le religieux, la communication n'est pas forcément la préoccupation première.

La communication ne suffit pas à expliquer toute l'histoire des idées.

Le savant, le philosophe, l'artiste ou le religieux, par exemple, ne cherchent pas forcément à communiquer.] Communiquer n'est pas la préoccupation première de celui qui veut comprendre la vérité des choses Pour le savant qui se consacre à la recherche fondamentale, c'est la vérité d'une loi qui prime sur tout autre impératif.

Dans un premier temps, il ne se préoccupe pas de la communication.

De la même façon, le philosophe peut se vouer uniquement à la recherche du bien, du vrai, du bonheur.

Quant à l'artiste, il n'est pas uniquement un diffuseur d'images ou de mots à l'intention de l'autre.

Sa préoccupation première peut être la recherche du beau, du vrai ou d'une manière de vivre en harmonie avec un idéal.

Le religieux ou le mystique, enfin, donne un sens à sa vie dans la contemplation et l'amour de Dieu. Chaque époque a sa manière de lire les événements Michel Serres le dit lui-même: l'âge classique (Pascal) a interprété le monde passé et présent en se fondant sur la raison et elle seule.

L'âge romantique s'est plus intéressé au sens de l'histoire, aux symboles, aux mythes qui la traduisent.

L'« âge de la communication», quant à lui, verra l'histoire des idées et l'évolution des sociétés au travers du «modèle de la communication». Cela ne signifie pas qu'un «autre âge», encore à venir, n'appliquera pas ses propres modèles afin de relire, d'une autre manière, les événements qui ont fait et font l'histoire des hommes. [] C'est la multiplication des moyens de communication qui a conduit la philosophie à réfléchir sur ce nouveau phénomène.

Michel Serres est l'un des premiers penseurs à s'être penché sur la communication en tant que réalité qui touche autant les sociétés modernes que les individus qui la composent.

S'il est parfaitement juste de dire que le monde actuel n'est pas compréhensible dès lors que l'on ignore l'importance de la communication, il ne faut pas croire que l'histoire des idées, des sociétés, n'est qu'une histoire des différents moyens que les hommes ont mis en oeuvre pour communiquer entre eux; même s'il est parfaitement vrai de dire que l'homme, de par sa nature, est voué à communiquer avec ses semblables.

D'une façon plus théorique, on peut dire que tout n'est pas que communication, que relation entre deux choses, car il faut au préalable deux choses bien réelles.

Dans ma relation avec l'autre, il y a d'abord moi et l'autre, en dehors de toute relation.. »

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