: Peut-on découvrir dans la conscience humaine le sentiment de l'infini ?

« Introduction.

— La philosophie d'un Pascal a pour centre le sentiment de l'infini, la tendance qui pousse ou qui pousserait l'homme à dépasser toute limite, à ne se satisfaire pleinement d'aucune réalité finie, « L'homme n'est produit que pour l'infinité », écrit Pascal. 1e partie.

— Il semble au premier abord difficile, impossible, de découvrir en l'homme une telle tendance.

L'expérience ne permet de constater que des états multiples et passagers, liés à un corps fini, en rapport avec un monde fini. 2e partie. A.

— Il serait absurde de contester que tel soit le caractère de la plupart de nos états psychologiques.

L'homme, comme l'animal, agit avant tout pour maintenir son organisme, par intérêt. B.

— Cependant, lorsqu'il a réussi à éviter les dangers et à satisfaire ses besoins fondamentaux, l'homme dépense le superflu de son activité en tout désintéressement.

Il cherche à sortir de soi, comme si une force infinie le poussait à dépasser son existence étroite. 3e partie.

— La passion (ex.

: passion amoureuse) paraît provenir de ce besoin d'infini ; elle lui apporte une satisfaction illusoire (elle transforme le relatif en absolu, selon Malebranche). 4e partie.

— D'autres faits peuvent être considérés comme révélant ce besoin d'infini : A.

— la curiosité scientifique ; le besoin de savoir toujours de plus en plus (Pascal); B.

— la contemplation esthétique quand elle atteint au sublime ; C.

— la vie morale qui consiste à aimer toujours de plus en plus ; D.

— Le sentiment religieux, qui, tout particulièrement, peut être le sentiment de l'infini (croyance, sacrifice, prière). Conclusion.

— L'étude précédente permettrait peut-être d'accepter la mystérieuse pensée de Max Muller : « Pardelà le fini, derrière le fini, au-dessous du fini, au-dessus du fini, au sein même du fini, l'Infini est toujours présent ».. »