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Peut-on croire au bonheur?

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« Analyse : • La question du bonheur suppose la clarification de trois questions. L'essence : qu'est-ce que le bonheur ? L'existence : existe-t-il ? La méthode de réalisation : comment l'atteindre ? • C'est par rapport à ces trois questions que le croyant ou l'incroyant, concernant le problème posé par le bonheur, doivent se situer.

En effet, le croyant conçoit une idée du bonheur qu'il juge réalisable et dont il énonce les moyens d'y parvenir.

L'incroyant conçoit cette même idée, mais n'admet pas une possible réalisation du bonheur et s'efforce de dénoncer comme illusoire les moyens pour l'atteindre. • Avant de problématiser le sujet, donnons une première et définition du bonheur et deux grandes orientations pour le réaliser. • D'après le Grand Larousse, le bonheur est un « état dans lequel sont satisfaites toutes les aspirations de l'être ». La satisfaction de « toutes les aspirations de l'être » est donc plus vaste qu'un plaisir physique ou intellectuel.

Il comprend la sécurité de ses biens et de sa personne, la liberté d'expression, le pouvoir d'achat etc...Etant plus vaste, il est aussi plus durable.

Que serait un bonheur présent au lever du jour et absent le reste de la journée ? • L'étymologie du terme « bonheur » peut indiquer deux grandes orientations dans sa quête.

Le bonheur se compose de l'adjectif « bon » et du nom « heur ».

Ce dernier vient du latin « augurium » qui signifie « présage (favorable ou non) », d'où « chance (bonne ou mauvaise) ».

Le bonheur est donc la bonne fortune.

Il renvoie aux évènements extérieurs que l'on juge bienfaisants.

Dans son étymologie grecque, le bonheur renvoie au terme « eudaïmonia » qui a donné le mot « eudémonisme » par lequel on désigne les philosophies antiques qui font du bonheur le but de l'action.

Or « eudaïmonia » se décompose en « eu » et « daïmonia » qui signifient respectivement « bon » et « génie intérieur ».

Plutôt qu'aux évènements extérieurs, le bonheur désigne ici la direction intérieure à prendre pour atteindre la félicité.

Or ces deux approches sont-elles conciliables ? Y-t-il un accord possible entre l'évènement extérieur et la direction intérieure ? Problématique : Croire en la réalisation du bonheur ne suppose-t-il pas d'être réaliste et de se libérer des moyens illusoires pour l'atteindre ? Mais ce monde terrestre ne contredit-il pas fondamentalement toute recherche du bonheur, faisant de lui, non l'objet d'une quête réaliste, mais d'une espérance ? Dès lors, la croyance au bonheur ne pourrait-elle pas être rétablie si on renonce à l'opposer aux souffrances de ce monde ? 1-On peut croire au bonheur à condition de se libérer de nos illusions. • Remarquons d'abord que le fondement de la croyance dans la réalisation du bonheur vient du fait qu'il représente l'objet suprême du désir humain.

Au début de l'Ethique à Nicomaque, Aristote distingue les fins que nous souhaitons pour autre chose qu'elles-mêmes et celles que nous souhaitons pour elles-mêmes.

Ainsi n'apprenons-nous pas l'art médical pour lui-même, mais parce qu'il rétablit la santé.

Il existe donc des fins que nous désirons parce qu'elles sont des moyens pour atteindre des fins jugées désirables en elles-mêmes.

Or le désir humain se représente une fin vers laquelle tendrait toutes les autres et qui serait absolument désirable en elle-même.

Cette fin, c'est le bonheur. • Mais cette fin absolument désirable en elle-même est-elle un fruit du hasard, comme le suggère son étymologie « bon » et « heur » ? Dans ce cas il reviendrait aux évènements extérieurs de prendre en charge ce que nous désirons le plus profondément.

Bien évidemment, cette prise en charge ne peut être absolue et réclame l'exercice de notre volonté.

Seul le bébé laisse au monde l'entière responsabilité de le combler.

Mais l'adulte use de sa volonté de conquête pour rechercher hors de lui ce qu'il croit le combler.

Il travaille pour subvenir à ses besoins.

Il crée des institutions pour se protéger. • Or, même si c'est volontairement et en exerçant une maîtrise sur le monde que l'homme cherche hors de lui le bonheur, il n'en demeure pas moins que toute visée d'une fin extérieure introduit du hasard et rend la satisfaction instable.

Il est remarquable de constater que l'homme moderne voit toutes les sécurités laborieusement conquises dans la journée s'effondrer le soir devant son journal télévisé.

Il redécouvre la mortalité des corps et l'inconstance des hommes. • Contre l'avis commun qui cherche le bonheur dans une fin extérieure, la sagesse antique préconise la modération des désirs.

Deux écoles philosophiques peuvent être évoqués.

L'épicurisme prétend atteindre le bonheur en limitant les désirs aux seuls désirs naturels et nécessaires.

Le stoïcisme pose comme règle nécessaire et suffisante d'une vie. »

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