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L'homme peut-il croire au bonheur ?

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« Sujet : L'homme peut-il croire au bonheur ? [L'amour de Dieu est en soi une félicité. Le connaître afin d'agir de manière vertueuse et généreuse est la voie conduisant au bonheur.

Ne souffrent que ceux qui ignorent que l'être divin est en l'homme.] Par le détachement, l'homme s'unit à Dieu Dans ses Sermons traités, Maître Eckhart écrit: «C'est quelque chose de beaucoup plus important d'obliger Dieu à venir à moi que de m'obliger à aller à Dieu, et cela parce que ma béatitude éternelle repose sur ce que Dieu et moi devenions un.» En me détachant de tout, je laisse Dieu entrer en moi et je saisis, non la misère de ma condition, mais son essence divine. Une vie vertueuse est une vie heureuse La vertu et la générosité, pour Descartes, ne sont qu'une seule et même chose. Ne pouvant agir de front contre les passions, la volonté peut le faire indirectement, par une sorte de ruse.

Prenons un exemple.

Comment vaincre la peur ? Non pas simplement en me disant qu'il ne faut pas avoir peur, mais en liant, par l'habitude, à mes mouvements spontanés l'idée de tout ce que la fuite a d'inefficace, ou de honteux.

Ainsi, ma fuite sera empêchée. Le plus que la volonté puisse faire, en cas de passion violente, n'est donc pas de s'empêcher de la ressentir, mais de ne pas consentir à ses effets.

Les exhortations sont inutiles, c'est la connaissance du mécanisme passionnel qui permet de se dresser soi-même. Mais alors que les faibles tentent de faire jouer les passions les unes contre les autres, sans trouver de vraie stabilité, les âmes fortes opposent à toutes les passions la générosité, qui est la passion – spirituelle – de la liberté. La raison autonome, après avoir fait la preuve indubitable de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme, peut en déduire tous les principes, d'abord physiques, puis moraux, permettant de se diriger dans l'existence en se sachant à l'abri du malheur. Dieu n'est pas une puissance transcendante L'être divin pur, sans défaut est la conscience de soi de l'entendement, la conscience que prend l'entendement de sa propre perfection.

L'entendement ignore la souffrance du coeur», écrit Ludwig Feuerbach dans L'Essence du christianisme.

L'infini est en l'homme.

Il n'a donc pas à se sentir écrasé par un Dieu auquel il ne fait qu'attribuer sa propre perfection. La religion s'enracine dans le sentiment du sacré.

Mais dans la société moderne, depuis le triomphe de la bourgeoisie, il semble que ce sentiment du sacré se soit évanoui ou ait été perverti.

Feuerbach est l'un des premiers philosophes à avoir pris toute la mesure du caractère profane de notre société.

Il reconnaît que les hommes se sont si bien « appropriés » « le vrai », « l'humain » et « l'antisacré » que le « christianisme a perdu toute force de résistance ».

Le christianisme, écrit-il, « est nié », « nié dans l'esprit et le coeur, dans la science et la vie, dans l'art et l'industrie, radicalement, sans appel ni retour » : « L'incroyance a remplacé la foi, la raison la Bible, la politique la religion et l'Eglise, la terre a remplacé le ciel, le travail la prière, la misère matérielle l'enfer, l'homme a remplacé le chrétien ».

Et, ajoute Feuerbach, « si dans la pratique l'homme a remplacé le chrétien, il faut alors que dans la théorie aussi l'être humain remplace l'être divin ».

Ce qui signifie que la philosophie doit cesser d'être « théologie » pour devenir « anthropologie ».

Dans « L'essence du christianisme », Feuerbach montre que, dans la religion, l'homme est aliéné, cad dépossédé de lui-même, de sa propre essence.

La religion n'est jamais que le mystère de l'homme fait Dieu.

Autrement dit, ce ne sont jamais que ses propres perfections et ses propres attributs que l'homme adore en Dieu.

L'homme s'est ainsi dépouillé de son être pour l'attribuer à une réalité étrangère, Dieu : « Pour enrichir Dieu, l'homme doit s'appauvrir ; pour que Dieu soit tout, l'homme doit n'être rien » (« L'essence du christianisme ») La religion est « la première conscience de soi de l'homme, mais elle est indirecte ».

En elle, l'homme « a pour objet son propre être sous forme d'un autre être ».

La religion chrétienne est « la relation de l'homme à lui-même, ou plus exactement à son essence, mais à son essence comme à un autre être ».

Aussi la tâche de la philosophie est-elle de faire reconnaître à l'homme sa propre essence au lieu qu'il adore en un autre être, nommé Dieu.

Pour Feuerbach, il y a du divin, car le savoir ou l'amour sont choses divines mais il n'y a pas de Dieu.

Il peut donc exister une religion sans Dieu.. »

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