Peut-on considérer le corps comme le malheur de la conscience ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
Corps : vient du latin corpus dont le sens est lui-même lié à celui du mot grec sôma.
Si le mot « corps » peut
désigner ce qui réunit en un tout doué d'une unité propre des éléments distincts, il s'agit ici du corps « chair »,
qui s'oppose à la substance immatérielle qu'est l'esprit.
Le corps est donc la partie matérielle de l'être humain
par opposition à l'âme.
Ainsi, Descartes le définit en tant que « substance étendue » qui est à distinguer de la
« substance pensante » qu'est l'âme (dualisme).
La phénoménologie parle du « corps propre », c'est-à-dire du
corps vécu par le sujet comme l'ensemble des rapports que celui-ci entretient avec lui.
Conscience : avant tout, on désigne sous ce mot la perception, la connaissance qu'a l'homme de ses
sentiments et de ses actes.
Grâce à la conscience l'homme peut penser le monde qui l'entoure.
Pour
Descartes, elle est l'unique élément qui résiste au doute : Cogito ergo sum : « je pense donc je suis ».
La
conscience est ce qui permet à l'homme d'avoir connaissance de sa propre existence ainsi que du monde
extérieur.
Malheur : Le malheur évoque une situation pénible et difficile pour la conscience, quelque chose de funeste,
néfaste, négatif, non souhaitable.
Peut-on : implique une capacité.
On s'interroge ici sur la possibilité de considérer le corps comme étant le
malheur de la conscience.
Considérer : être d'avis, croire, estimer.
Considérer le corps comme le malheur de la conscience c'est le
penser, le juger et le déterminer comme tel.
Comme : Ici, cette conjonction relie les expressions « le corps » et « le malheur de la conscience ».
Il ne
s'agit pas ici d'une comparaison mais plutôt d'une assimilation éventuelle qui réunirait le corps au malheur de la
conscience.
C'est une relation causale qui est ici mise au jour : le corps peut-il être la cause du malheur de la
conscience ?
Problématique :
Dans ce sujet, les termes « corps » et « conscience » sont en opposition.
Cette question illustre donc une position
dualiste qui distingue et oppose le corps et l'âme en considérant implicitement cette dernière comme supérieure.
On
s'interroge en effet sur les effets du corps sur la conscience.
Il s'agit de déterminer si le corps a une influence et
une action néfastes pour la conscience, s'il la pervertit et entache sa pureté immatérielle.
En effet, si le corps est
indispensable parce que l'on ne peut rien faire sans lui, il peut aussi être source de souci ou entrer en conflit avec
l'âme.
Sa matérialité peut s'avérer pesante.
La question est de savoir si le corps peut causer la perte de la
conscience, s'il peut être considéré comme la faiblesse humaine qui empêche la conscience de rester droite ou s'il
est possible d'aborder le rapport entre le corps et la conscience d'une autre façon en dépassant la thèse dualiste.
Proposition de plan :
1- le corps est le malheur de la conscience :
Héritage judéo-chrétien.
Dans la bible, la chute d'Adam et Eve correspond à la prise de conscience de leur
corps.
Thèse des contempteurs du corps, morale judéo-chrétienne : le corps est la source de tous les péchés.
Corps
discrédité par la religion, on s'en méfie.
Pratiques de mortifications : ex.
le jeun.
En grec, jeu de mot entre sôma « corps » et sema « prison », « sépulture ».
Platon dans le Phédon : « le corps est la prison de l'âme », il est considéré comme un obstacle et la mort est
une délivrance.
En effet, le corps est lié aux désirs, il est même source de désir.
Or, pour Socrate, si on cherche à assouvir ses
désirs il est impossible d'être heureux car le désir est insatiable (ex.
le tonneau des Danaïdes).
De plus, les besoins du corps sont liés aux sensations (boire, manger…) et détournent l'âme des désirs plus
nobles (connaissance, savoir…).
De plus, le corps est matière à problème, source de difficulté.
Il peut subir la maladie, la vieillesse et nous
empêcher d'agir.
Mécanismes physiologiques du corps incontrôlables, pulsions que l'on peut regretter par la suite.
Ainsi, le corps
peut entrer en conflit avec la conscience.
Dans le Phédon, il n'y a pas trace des mortifications corporelles de la civilisation judéo-chrétienne.
Il s'agit
d'une culture physique.
Platon souhaite canaliser l'énergie du corps afin d'en rester maître.
Ex : Métaphore de
l'attelage.
L'âme humaine est tripartite, il y a trois instances symbolisées par un cocher et deux chevaux.
Le
premier cheval représente la force impétueuse des désirs et des pulsions, le second, l'énergie vitale et le
vouloir-vivre et le cocher incarne la partie rationnelle, l'esprit : il réfléchit et décide.
Son rôle est de canaliser
l'impétuosité des chevaux.
Dualisme cartésien en faveur de l'âme et au détriment du corps et des sens qui sont trompeurs et ne nous.
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