Peut-il exister une pensée inconsciente ?
Extrait du document
«
[Pour Nietzsche et Freud, il faut affirmer le primat de la pensée
inconsciente, qui a pour origine l'organisme en son ensemble.
L'on est obligé de reconnaître que les pensées surgissent
indépendamment de la volonté.]
Certaines pensées sont étrangères à ma volonté
Des pensées peuvent m'apparaître sans que je les aie voulues.
Ce fait constitue une objection de taille à la
thèse selon laquelle les pensées résultent toutes de l'activité du sujet conscient.
Une des grandes
découvertes de Freud, fondateur de la psychanalyse, est celle de l'inconscient.
Freud qualifie d'inconscient
tout processus psychique dont l'existence nous est démontrée par ses manifestations, mais dont par ailleurs
nous ignorons tout, bien qu'il se déroule en nous.
L'inconscient se manifeste d'abord dans les lapsus et les
actes manqués.
Les lapsus sont des erreurs de langage qui échappent à ceux qui parlent et qui ont un
caractère involontaire.
Par exemple, le locuteur dit le contraire de ce qu'il voudrait dire.
Freud cite le cas d'un
président qui, dans son discours d'ouverture, dit : « Je déclare la séance close ».
Les lapsus peuvent aussi
consister en erreurs d'expression qui, par oubli ou adjonction d'une négation, font énoncer des propos
offensants au lieu d'une formule de politesse.
Ainsi, par exemple, on dit : « Restez donc débout, je vous prie »
au lieu de : « Ne restez pas debout.
» Les lapsus ou actes manqués sont pour Freud des « actes physiques
complets ».
Ils témoignent d'un désir profond et inconscient et résultent de l'interférence de l'expression de
ce désir avec ce qu'on voudrait ou devrait consciemment dire.
L'inconscient se manifeste aussi dans les rêves.
Le rêve a le plus souvent un caractère incompréhensible et
absurde.
L'humanité a toujours cherché à dégager le sens des rêves, proposant même des clefs pour leur
interprétation.
Pour Freud, le rêve est l'expression d'un désir inconscient qui ne peut s'exprimer du fait de la
censure qui, bien que relâchée dans le sommeil, continue à s'exercer.
Le désir ne peut donc s'exprimer que
d'une façon déguisée en utilisant en particulier un langage symbolique.
Le rêve présente donc un double
contenu : un contenu manifeste absurde, incohérent, le rêve tel qu'il apparaît à celui qui en fait le récit ; un
contenu latent, cad une organisation de pensées, un discours, exprimant un ou plusieurs désirs, le rêve tel
qu'il apparaît une fois déchiffré.
L'investigation psychanalytique permet le passage du contenu manifeste au
contenu latent d'un rêve.
Le rêve, dit Freud, est « la voie royale de l'inconscient ».
L'inconscient se manifeste enfin dans les symptômes névrotiques.
La névrose se caractérise par des
obsessions, des manies, des angoisses qui peuvent perturber le comportement mais qui à la différence de la
psychose ne détruisent pas la personnalité.
Les symptômes sont souvent des comportements absurdes dont
la signification est cachée.
Ainsi, par exemple, Freud raconte le cas d'une jeune fille qui chaque soir avoir de
pouvoir dormir devait accomplir un cérémonial long et compliqué, exigeant en particulier que la porte qui
séparait sa chambre de celle de ses parents restât ouverte.
L'analyse a révélé qu'elle avait des désirs
incestueux pour son père et que par ce cérémonial elle empêchait ses parents d ‘avoir ses relations entre eux.
Les symptômes de la névrose présentent donc un sens latent.
Ils sont la satisfaction détournée et imaginaire
des pulsions du ça.
Le désir cherche à l'insu du moi conscient à se satisfaire.
Mais il y a à l'oeuvre un
processus de déformation : le refoulement.
Le désir ne peut donc s'exprimer que sous la forme déguisée du
symptôme.
La pensée consciente n'est pas toute la pensée.
»
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