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Parole et communication ?

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« VOCABULAIRE: COMMUNIQUER / COMMUNICATION: Transmission d'informations ou de signaux à l'aide d'un code.

Echange d'un message entre un récepteur et un émetteur (aussi bien animaux qu'humains). Communiquer avec une personne se fait par le moyen de la parole et du corps.

Nous répondons à un sourire par un sourire ou tout autre signe, verbal ou corporel.

Communiquer signifie, en ce sens, entrer en relation.

Mais lorsque nous déclarons à quelqu'un qu'une fleur est « belle », qu'il « fait beau », ou que la pierre est « lourde », nous lui indiquons quelque « chose » du monde, et lui signifions, en même temps, un état subjectif.

Communiquer c'est donc aussi indiquer à quelqu'un quelque chose dans le monde qui nous est commun, et s'exprimer. Mais « prendre » la parole, c'est toujours courir le risque de n'être pas entendu ou compris, s'exposer à la difficulté de la communication.

Dans le même temps, la communication nous ouvre sur l'autre et nous fait buter sur l'impossibilité de l'atteindre ou de le comprendre parfaitement.

Pourquoi la communication n'est-elle pas toujours « réussie » ? Les difficultés de l'échange L'homme n'est pas d'emblée un être parlant.

Il doit conquérir une parole qui va lui permettre de s'exprimer et de s'insérer dans le monde humain.

La communication est donc toujours à élaborer.

Il n'est pas surprenant, dès lors, de retrouver, au travers de son édification, les difficultés inhérentes à la rencontre d'autrui.

La communication peut, en effet, être « coupée » ou encore « brouillée ».

Elle n'assure que la possibilité d'un échange, ce qui ne veut pas dire qu'elle « réussit » à tout coup.

Une communication peut toujours être un échec et s'avérer inefficace. De plus, la communication nous place dans la difficulté d'être soi par la parole : notre parole n'est pas notre conscience.

Il faut ici distinguer sincérité et authenticité.

Nous pouvons, par exemple, communiquer des choses fausses, susciter des apparences trompeuses par notre parole, ne pas être sincère.

L'expérience du mensonge nous fait découvrir une dualité de la parole et de la conscience.

Et, plus encore, nous ne pouvons pas toujours parvenir à faire comprendre à quelqu'un, de façon authentique, ce que nous éprouvons ou pensons.

La communication peut s'avérer limitée, dans son contenu comme dans sa forme, parce qu'une parole juste et authentique est difficile. Cependant, parler une fois, c'est parler pour toujours, avoir donné sa parole.

En ce sens, nous ne pouvons pas faire que toute communication soit éteinte.

Même notre silence est une manière de communiquer.

Que signifie cette situation si particulière ? Distance et proximité Entrer en « communication », ne signifie pas fusionner avec quelqu'un.

Dans l'expression de « communication téléphonique » par exemple, il y a l'idée d'un transfert de l'information qui passe d'un point de l'espace et du temps à un autre.

C'est supposer qu'il n'y a pas de communication, téléphonique ou autre, sans distance.

Il n'y a qu'un passage de soi vers quelqu'un.

Dire qu'une pièce « communique » avec une autre, c'est sous-entendre qu'il y a entre elles une proximité spatiale et un passage.

Qu'en est-il de la communication humaine ? Pour qu'un tel passage de soi à autrui puisse avoir lieu, il est nécessaire que nous partagions un code commun assurant la transcription fidèle de ce qui est communiqué.

Le circuit élémentaire d'une communication exige : un sujet parlant, un interlocuteur, un code commun et un canal physique de transmission (organe vocal, signe de la main ou lecture labiale pour le sourd, etc.).

Nous retrouvons l'idée de passage dans le dialogue (de dia- à travers, logos- parole, du grec dialogos, entretien, de dialegein, discourir l'un avec l'autre). Communiquer revient ainsi à tenter de combler cette distance parce que nous croyons spontanément qu'une communauté est possible avec autrui.

Nous communiquons avec quelqu'un pour être compris, donc avec qui peut nous comprendre.

Le temps de la communication nous installe au coeur de toute communauté possible avec autrui. Communiquer : échanger et rencontrer En disant qu'une chose est belle, je signifie à quelqu'un un sentiment.

L'idée de « communication » est inséparable de l'idée « d'être avec » les autres.

Parler c'est aussi échanger, donc se situer d'emblée sur un plan intersubjectif. La possibilité d'une telle mise en partage inscrit d'emblée l'homme dans la perspective d'une vie sociale.

La communication humaine n'est évidemment pas réductible à une simple transmission d'informations. Encore faut-il le désir et la volonté d'établir une communication.

Qu'en est-il ? Personne ne parle seulement pour exprimer, mais encore pour s'exprimer, c'est-à-dire extérioriser quelque chose de lui-même.

Mais ce désir de communiquer sa personne n'a de sens que si nous l'envisageons comme un désir de rencontre.

Nous confions à autrui le soin de recevoir nos paroles, de nous écouter et nous comprendre.

Aussi avons-nous le secret espoir de partager quelque chose avec lui et, par conséquent, sommes-nous aussi en attente de ce qu'il va dire.

C'est par cet échange possible que notre parole prend tout son sens, direction et signification.

La médiation par la parole d'autrui est donc indispensable au sens de notre propre parole. Dans la communication humaine, c'est un rapport aux autres et à nous-même qui se joue, par lequel nous accédons à un plan d'existence nouveau.

Ne pas communiquer constitue, à cet égard, un trouble grave pour la personne humaine (l'autisme, par exemple).

Ce n'est pas seulement l'usage de la parole qui distingue l'homme de l'animal, mais la possibilité du dialogue.

Il est l'idéal de la communication (Kant), que la rencontre possible d'autrui et l'échange nous font entrevoir.

Il nous appartient d'être à la hauteur de l'exigence contenue dans toute volonté de « parler ».. »

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