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Parlant de l'émancipation des femmes, Freud écrit en 1883 : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avan

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  • Introduction

    La femme s'est vu longtemps dans notre société refuser le statut d'être humain à part entière. Elle n'avait pas les mêmes droits que l'homme et le Code Napoléon la classait parmi les irresponsables avec les enfants et les aliénés. Si aujourd'hui, sur le plan légal, les choses se sont améliorées, la femme continue dans certains pays d'être traitée en mineure.  Deux tendances s'affrontent dans l'interprétation de cet état de fait. Il y a d'une part ceux qui pensent qu'il ne s'agit là que d'une situation historique, donc susceptible de modification. Et d'autre part ceux qui pensent qu'il s'agit, au contraire, d'une situation inhérente à la nature de la femme, donc impossible à changer. C'est en particulier l'attitude de Freud qui écrit : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avance la destinée de la femme en termes de beauté, de charme et de douceur. »  

  • Première partie : critique de cette thèse

   La femme semble avoir pour Freud un destin tout tracé : être une « femme-poupée », les tâches sérieuses étant réservées aux hommes.  Ceux qui refusent la thèse soutenue par Freud admettent l'existence d'un comportement féminin propre caractérisé par le désir de séduction et même souvent un sentiment de dépendance par rapport à l'homme. Mais la différence fondamentale est la suivante :  — Pour Freud, ces comportements sont inscrits dans la nature biologique de la femme, dans son patrimoine génétique.

« Sujet : Parlant de l'émancipation des femmes, Freud écrit en 1883 : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avance la destinée de la femme en termes de beauté, de charme et de douceur.

» Qu'en pensez-vous ? Introduction La femme s'est vu longtemps dans notre société refuser le statut d'être humain à part entière.

Elle n'avait pas les mêmes droits que l'homme et le Code Napoléon la classait parmi les irresponsables avec les enfants et les aliénés.

Si aujourd'hui, sur le plan légal, les choses se sont améliorées, la femme continue dans certains pays d'être traitée en mineure. Deux tendances s'affrontent dans l'interprétation de cet état de fait.

Il y a d'une part ceux qui pensent qu'il ne s'agit là que d'une situation historique, donc susceptible de modification.

Et d'autre part ceux qui pensent qu'il s'agit, au contraire, d'une situation inhérente à la nature de la femme, donc impossible à changer.

C'est en particulier l'attitude de Freud qui écrit : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avance la destinée de la femme en termes de beauté, de charme et de douceur.

» Première partie : critique de cette thèse La femme semble avoir pour Freud un destin tout tracé : être une « femme-poupée », les tâches sérieuses étant réservées aux hommes. Ceux qui refusent la thèse soutenue par Freud admettent l'existence d'un comportement féminin propre caractérisé par le désir de séduction et même souvent un sentiment de dépendance par rapport à l'homme.

Mais la différence fondamentale est la suivante : — Pour Freud, ces comportements sont inscrits dans la nature biologique de la femme, dans son patrimoine génétique. De ce fait ce sont des comportements figés, impossibles à changer.

La femme est déterminée biologiquement à être une poupée et à n'être que cela.

Il y a un « éternel féminin » et toutes les réformes n'y changeront rien. — Ceux qui s'opposent à la thèse de Freud, laquelle doit être en vérité resituée dans son contexte socio-historique, refusent cette explication du comportement de la femme par la biologie. Pour eux la part de la biologie dans le comportement de la femme est très faible.

Ce qui est essentiel, au contraire, c'est le conditionnement auquel celle-ci est soumise dès son plus jeune âge.

Si par exemple elle s'est fait une spécialité de l'art de séduire (« beauté », « charme », « douceur »), c'est que c'était la seule solution qui lui était laissée pour jouer un rôle dans une société dominée par les hommes, et que dès ses premières années elle a été préparée à ce rôle.

Et si elle s'avère, à un moment donné, inférieure dans certains domaines, ce n'est pas — hormis en sport — pour des raisons qui tiennent à sa nature de femme; c'est le résultat de la situation qui lui est faite dans la société. (A titre documentaire voici l'exposé de ce point de vue par Simone de Beauvoir; il ne s'agit pas, évidemment, de retenir ce passage par cœur.

Il faut en retenir la substance et observer au passage la manière dont Simone de Beauvoir développe son argumentation) : « L'éternel féminin » c'est l'homologue de l' « âme noire » .../...

Il y a de profondes analogies entre la situation des femmes et celle des Noirs : les unes et les autres s'émancipent aujourd'hui d'un même paternalisme et la caste naguère maîtresse veut les maintenir « à leur place », c'est-à-dire à la place qu'elle a choisie pour eux; dans les deux cas elle se répand en éloges plus ou moins sincères sur les vertus du « bon Noir », à l'âme inconsciente, enfantine, rieuse, du Noir « résigné », et de la femme « vraiment femme », c'est-à-dire frivole, puérile, irresponsable, la femme soumise à l'homme.

Dans les deux cas, elle tire argument de l'état de fait qu'elle a créé.

On connaît la boutade de Bernard Sbaiv : « L'Américain blanc, dit-il en substance, relègue le Noir au rang de cireur de souliers : et il en conclut qu'il n'est bon qu'à cirer des souliers.

» On retrouve ce cercle vicieux en toutes circonstances analogues : quand un individu ou un groupe d'individus est maintenu en situation d'infériorité, le fait est qu'il est inférieur; .../...

le problème c'est de savoir si cet état de choses doit se perpétuer » (Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe). Conclusion sur cette partie Le grand reproche qu'on peut faire à la thèse de Freud est qu'elle considère comme naturels et immuables des faits qui sont culturels et susceptibles de modification. A cette invention des hommes qu'est l'« éternel féminin », Simone de Beauvoir répond par une formule paradoxale mais riche de sens : « On ne naît pas femme, on le devient.

» Deuxième partie : le problème des réformes. »

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