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l'âge de L 'ENCYCLOPÉDIE :Buffon et les sciences de la nature

Publié le 12/03/2022

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(1700-1770). Il avait voyagé à Londres, avait été reçu à la Royal Society, connaissait les physiciens de Leyde. Sa grande habileté d’expérimentateur et surtout de démonstrateur lui vaut d’être nommé dans une chaire de physique expérimentale au Collège de Navarre (où l’on construit pour lui un amphithéâtre de 600 places) , puis maître de physique des Enfants de France. Or, il affirme dans la préface à ses Leçons de physique expérimentale (1742) son indépendance à l’égard de toute philosophie, et récuse à l’avance le débat entre newtoniens, cartésiens, ou encore leibniziens. Il publie l’année de sa mort L’Art des expériences, ou Avis aux amateurs sur le choix, la construction et l’usage des instruments. Les cabinets de physique se répandent chez les riches particuliers ou dans les collèges. Le perfectionnement des instruments, en particulier d’optique ou de mesure du temps, va souvent de pair avec leur valeur esthétique. Rappelons que sans la balance de précision, sans l’horloge de précision, ni la chimie ni la cartographie modernes n’auraient été possibles. Cependant, si le goût de l’expérimentation éloigne des débats purement doctrinaux, il détourne souvent aussi des formulations mathématiques. Le talent de vulgarisation de l’abbé Nollet le pousse à des expériences spectaculaires, surtout en électricité, qui flattent l’attrait du public pour le merveilleux plus qu’elles ne forment l’esprit scientifique. L’intérêt porté aux sciences s’accompagne alors souvent d’une grande crédulité pour de prétendus « faits ». Dans les questions qui terminaient l'Optique de 1704, Newton encourageait l’extension de la notion d’attraction hors des domaines qu’il avait étudiés, et la recherche d’autres attractions qui auraient échappé à l’observation. Cette extension se fera d’ailleurs, selon Newton lui-même, moins par déduction que par analogie, mode de raisonnement qui repose sur la conviction que la nature est sans discordance, toujours semblable à elle-même {Nature is very consonanf). L’application de la loi d’attraction aux phénomènes chimiques avait été suggérée par le maître lui-même, et il citait une longue série d’expériences variées. Le mécanisme était obligé d’imaginer des combinaisons complexes de figures et de mouvements hypothétiques pour rendre compte des réactions partielles les unes sur les autres. L’application de la loi d’attraction semble plus facilement généralisable ; encore faut-il la moduler, tenir compte des propriétés spécifiques des corps sur lesquels le chimiste opère, et surtout renoncer à une

« L'ÂGE DE L'ENCYCLOPÉDIE:Buffon et les sciences de la nature La vie intellectuelle dans la seconde moitié du XVIII siècle ne se comprend pas sans le développement des sciences de la nature ou plutôt sans la diffusion de leurs résultats dans deux ouvrages monumentaux : l' Histoire naturelle générale et particulière de Buffon depuis 1749 et l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert depuis 1751. L'une et l'autre seront encore à reprendre et à compléter au siècle suivant.

Si le terme de nature est un des mots-clés du xvirre siècle, il est sans doute impossible de le cerner dans une unique définition : la nature est d'abord essence ou structure, et par là abstraction ; mais elle désigne aussi bien la multiplicité concrète de l'expérience phénoménale, ou plutôt tout l'entre-deux de l'unité d'un être à la diversité de ses manifesta­tions.

La nature est stabilité, permanence d'un ordre, et par là s'oppose aux aléas de l'histoire humaine, mais aussi elle est force, dynamisme organisateur ou énergie créatrice. C'est la même nature que l'homme sensible ressent directement en lui et hors de lui, et celle que l'homme intellectuel réduit en idées et en notions générales, la même nature encore que l'homme industrieux domine par ses outils et ses machines, mais dont le sage ou le poète savent n'être qu'une infime partie.

Mot-clé? Ce serait plutôt, pour le philosophe des Lumières, un mot question qui garde et retient en lui l'ambiguïté d'un oracle. Après Newton, l'unité du mécanisme cartésien semble compro­ mise, la science de la nature est connaissance de la nature comme matière - et c'est la physique expérimentale -, ou bien connaissance de la nature comme vie - et c'est la physiowgi,e, terme introduit par Albrecht von Haller (Elementa physiowgfoe cor­poris human� 1751).

L'expression même de « physique expéri­mentale» devient officielle en France avec l'abbé Nollet e. »

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