Ordre et désordre

« Problématique : • Note : Il faudra veiller, tout le long du sujet, à approfondir la définition de chacune des notions, à en donner de nouvelles interprétations et de nouveaux éclairages.

Il ne faut pas traiter séparément chaque notion mais toujours l'une par rapport à l'autre. • L'ordre est une disposition régulière et que l'on peut constater.

Elle implique un rapport intelligible aux choses : l'ordre, c'est ce qui peut être compris.

Son caractère fixe permet l'étude théorique : c'est à partir la conception du monde comme ordre que la science peut se développer. • Au contraire, le désordre se définit par l'absence d'ordre, ce qui manque de régularité, de cohérence et de logique. C'est le chaos, l'incompréhensible, menaçant pour la vie et pour la raison. • Mais confronter ces notions, est-ce nécessairement les opposer ? En effet, si ordre et désordre sont apparemment des contraires, comme l'indique leur étymologie commune et le préfixe privatif dés-, ils n'en existent pas moins l'un par rapport à l'autre.

Certes l'ordre est l'état qui n'est pas le désordre, et vice versa, mais il n'est pas possible de concevoir l'un sans l'autre.

Dès lors, on peut se demander si la relation qui unit ordre et désordre n'est pas plutôt une relation dialectique qu'une relation d'opposition. I – Une pensée de l'ordre 1.

L'ordre du monde • La pensée est une pensée de l'ordre, contre le désordre.

Pour conceptualiser et comprendre, il nous faut organiser les éléments qui se présentent à nous, trouver les liens fixes qui les unit, bref déceler l'ordre sous l'apparente profusion désordonnée. • C'est ainsi que procède également la science.

La notion d'ordre est le fondement de toute théorie scientifique, puisqu'une théorie implique justement une régularité ordonnée des choses.

La loi scientifique, qui permet de prévoir, repose donc sur une conception ordonnée du monde.

C'est ce qu'indique le déterminisme : la possibilité de prévoir, grâce au lien de causalité qui unit les événements, s'appuie sur la conception d'un ordre, exprimé sous forme de lois scientifiques. • Le monde ordonné est donc un monde certain, qui repousse et nie le désordre.

Laplace exprime cette idée en imaginant un être à l'intelligence absolue qui pourrait comprendre "les mouvements des plus grand corps de l'univers et ceux du plus léger atome; rien ne serait incertain [...] et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux". 2.

L'idée du désordre n'est qu'une mauvaise compréhension de l'ordre • Dans cette perspective, le désordre n'est donc qu'une mauvaise compréhension de l'ordre, une impression qui résulte d'un manque de connaissance.

Ainsi, l'âge préscientifique peut-il voir le monde comme un chaos difficilement compréhensible, où les événements échappent à la logique : c'est seulement que cette logique ne lui est pas perceptible. • Ainsi, la décomposition de la matière peut être perçue comme une forme de désordre, puisque la désagrégation nie l'ordre.

Or, l'ordre à l'oeuvre est ici : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

C'est bien l'ordre qui se cache sous l'apparent désordre. Transition : Mais quel est le lien chronologique ? Est-ce le monde, ainsi ordonné, qui révèle son ordre à la pensée ? Ou n'est-ce pas la pensée qui, seul moyen pour elle de comprendre, ordonne le monde, peut-être artificiellement ? Autrement dit, l'ordre est-il réellement dans le monde, n'est-il pas seulement dans notre pensée ? II – L'ordre procède du désordre 1.

La remise en question des fondements de l'ordre • La remise en question au XXè siècle du déterminisme et de la matière, sur lesquels reposaient la conception ordonnée du monde, réintroduit le désordre.

Il n'est plus possible, lorsqu'un élément de désordre apparaît (un phénomène inexpliqué) d'affirmer que l'on ne connaît pas encore la loi qui permettrait de l'expliquer et de le comprendre. • Le désordre du monde se dérobe à la pensée ordonnatrice qui ne parvient plus toujours à le réduire à un système cohérent et logique. 2.

Le désordre induit l'ordre • La conception cosmologique moderne est un bon exemple du fait que le désordre est un principe d'origine.

C'est le désordre qui est à l'origine du cosmos, cosmos qui est pourtant ordonné.. »