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Mill: Le travail engendre-t-il l'inégalité entre les hommes ?

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Dans une société coopérative de production, est-il juste ou non que le talent ou l'habileté donnent droit à une rémunération plus élevée ? Ceux qui répondent négativement à la question font valoir l'argument suivant : celui qui fait ce qu'il peut a le même mérite et ne doit pas, en toute justice, être placé dans une position d'infériorité s'il n'y a pas faute de sa part ; les aptitudes supérieures constituent déjà des avantages plus que suffisants, par l'admiration qu'elles excitent, par l'influence personnelle qu'elles procurent, par les sources intimes de satisfaction qu'elles réservent, sans qu'il faille y ajouter une part supérieure des biens de ce monde ; et la société est tenue, en toute justice, d'accorder une compensation aux moins favorisés, en raison de cette inégalité injustifiée d'avantages plutôt que de l'aggraver encore. À l'inverse, les autres disent : la société reçoit davantage du travailleur dont le rendement est supérieur ; ses services étant plus utiles, la société doit les rémunérer plus largement ; une part plus grande dans le produit du travail collectif est bel et bien son oeuvre ; la lui refuser quand il la réclame, c'est une sorte de brigandage. S'il doit seulement recevoir autant que les autres, on peut seulement exiger de lui, en toute justice, qu'il produise juste autant, et qu'il ne donne qu'une quantité moindre de son temps et de ses efforts, compte tenu de son rendement supérieur. Qui décidera entre ces appels à des principes de justice divergents ? La justice, dans le cas en question, présente deux faces entre lesquelles il est impossible d'établir l'harmonie, et les deux adversaires ont choisi les deux faces opposées ; ce qui préoccupe l'un, c'est de déterminer, en toute justice, ce que l'individu doit recevoir ; ce qui préoccupe l'autre, c'est de déterminer, en toute justice, ce que la société doit donner. Chacun des deux, du point de vue où il est placé, est irréfutable et le choix entre ces points de vue, pour des raisons relevant de la justice, ne peut qu'être absolument arbitraire. C'est l'utilité sociale seule qui permet de décider entre l'un et l'autre.

« ill: Dans une société coopérative de production, est-il juste ou non que le talent ou l'habileté donnent droit à une rémunération plus élevée ? Ceux qui répondent négativement à la question font valoir l'argument suivant : celui qui fait ce qu'il peut a le même mérite et ne doit pas, en toute justice, être placé dans une position d'infériorité s'il n'y a pas faute de sa part ; les aptitudes supérieures constituent déjà des avantages plus que suffisants, par l'admiration qu'elles excitent, par l'influence personnelle qu'elles procurent, par les sources intimes de satisfaction qu'elles réservent, sans qu'il faille y ajouter une part supérieure des biens de ce monde ; et la société est tenue, en toute justice, d'accorder une compensation aux moins favorisés, en raison de cette inégalité injustifiée d'avantages plutôt que de l'aggraver encore.

À l'inverse, les autres disent : la société reçoit davantage du travailleur dont le rendement est supérieur ; ses services étant plus utiles, la société doit les rémunérer plus largement ; une part plus grande dans le produit du travail collectif est bel et bien son oeuvre ; la lui refuser quand il la réclame, c'est une sorte de brigandage.

S'il doit seulement recevoir autant que les autres, on peut seulement exiger de lui, en toute justice, qu'il produise juste autant, et qu'il ne donne qu'une quantité moindre de son temps et de ses efforts, compte tenu de son rendement supérieur.

Qui décidera entre ces appels à des principes de justice divergents ? La justice, dans le cas en question, présente deux faces entre lesquelles il est impossible d'établir l'harmonie, et les deux adversaires ont choisi les deux faces opposées ; ce qui préoccupe l'un, c'est de déterminer, en toute justice, ce que l'individu doit recevoir ; ce qui préoccupe l'autre, c'est de déterminer, en toute justice, ce que la société doit donner.

Chacun des deux, du point de vue où il est placé, est irréfutable et le choix entre ces points de vue, pour des raisons relevant de la justice, ne peut qu'être absolument arbitraire.

C'est l'utilité sociale seule qui permet de décider entre l'un et l'autre. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Quels sont les deux points de vue distincts qui permettent de poser le problème de la justice dans le travail ? 2 Est-il facile de départager ces deux exigences de justice ? 3 La rémunération est-elle la seule motivation pour travailler mieux ou davantage ? Réponses: 1 - Une conception part des désirs ou besoins des individus, égaux par principe.

L'autre part de la société, en considérant chez l'individu ce qu'il apporte à la collectivité. 2 - Non, et c'est bien là le problème.

On peut indiquer cependant que c'est l'utilité sociale qui doit décider.

Par exemple, un égalitarisme excessif peut pénaliser les performances économiques, ce qui nuit à tous ; mais de trop grandes inégalités de revenu, même si elles sont justes, peuvent être causes de troubles sociaux. 3 - Non, il y en a d'autres : la satisfaction personnelle, la réputation, le pouvoir ou les honneurs qui peuvent découler d'une telle supériorité, qui en soi représente déjà un avantage appréciable. Introduction Ce texte est un extrait de L’utilitarisme de John Stuart Mill et plus précisément du chapitre cinq intitulé « Du lien qui unit la justice et l’utilité ».

Il a pour thème la rémunération du travail.

La problématique porte sur des définitions de la justice, dont les points de vue diffèrent. L’argumentation se déroule en trois temps.

La première étape, qui s’étend jusqu’à « l’aggraver encore », présente la première thèse : l’égalité sociale dans la rémunération permettrait de compenser une inégalité naturelle.

La deuxième expose l’antithèse qui, cette fois, se place du point de vue de la société : il est juste que l’individu soit rémunéré en proportion du travail accompli.

Enfin la troisième étape, qui commence par une interrogation « Qui décidera… », ne prend pas parti pour l’une ou l’autre des thèses mais indique la difficulté qu’il y a à trancher entre les deux. Plan détaillé I- La rémunération doit-elle avoir pour critère les qualités de l’individu ? Dans la première phrase Mill formule le problème qu’il veut résoudre : « Dans une société coopérative de production, est-il juste ou non que le talent ou l'habileté donnent droit à une rémunération plus élevée ? » Il s’agit donc de décider si la proportionnalité entre la rétribution et les qualités propres de l’individu est juste.

La justice peut être définie comme étant un rapport d’égalité entre deux choses.

Il est juste qu’un coupable soit puni en proportion de la faute commise.

Pour un salarié la justice serait qu’il soit payé en proportion du travail accompli.

Or la difficulté de cette première partie est la suivante : l’inégalité naturelle peut-elle impliquer une inégalité sociale sans injustice ? Par inégalité naturelle il faut entendre le fait que les individus sont plus ou moins doués, tous n’ayant pas les mêmes capacités.

Le travail accompli ne sera donc. »

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