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Marx et l'histoire

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Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu'ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises. La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils appellent craintivement les esprits du passé à leur rescousse, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour jouer une nouvelle scène de l'Histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage d'emprunt. C'est ainsi que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain. C'est ainsi que le débutant, qui a appris une nouvelle langue, la retraduit toujours dans sa langue maternelle, mais il ne se sera approprié l'esprit de cette nouvelle langue et ne sera en mesure de s'en servir pour créer librement, que lorsqu'il saura se mouvoir dans celle-ci en oubliant en elle sa langue d'origine. MARX

« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu'ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises.

La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants.

Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils appellent craintivement les esprits du passé à leur rescousse, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour jouer une nouvelle scène de l'Histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage d'emprunt.

C'est ainsi que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain.

C'est ainsi que le débutant, qui a appris une nouvelle langue, la retraduit toujours dans sa langue maternelle, mais il ne se sera approprié l'esprit de cette nouvelle langue et ne sera en mesure de s'en servir pour créer librement, que lorsqu'il saura se mouvoir dans celle-ci en oubliant en elle sa langue d'origine.

MARX QUESTIONS 1.

Dégager l'idée directrice du texte et les étapes de son argumentation. 2.

a.

Expliquer: «pour jouer une nouvelle scène de l'Histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage d'emprunt ». b.

Que signifie la comparaison finale avec l'apprentissage d'une nouvelle langue, et qu'apporte-t-elle à l'argumentation ? 3.

Les hommes font-ils librement leur histoire ? QUESTION 1 • La première phrase du texte énonce la thèse de l'auteur: « Les hommes font leur propre histoire ».

Marx explique d'emblée les conditions de ce faire : ils font l'histoire selon le temps dans lequel ils vivent, les forces productives de leur société.

L'homme est dans le temps, et l'histoire est une condition fondamentale de l'être humain ; ce n'est pas une propriété indépendante de l'homme.

Parler de l'homme, c'est parler de l'historicité de l'homme. • Dès l'énonciation de la thèse, Marx émet des restrictions : la conjonction de coordination « mais », répétée deux fois, nous avertit que les hommes font bien l'histoire, mais en prenant en compte certaines conditions. Lesquelles ? – Tout d'abord, il faut tenir compte du passé, de ce que nous ont transmis notre famille et la société dans laquelle nous avons vu le jour.

Mais cette « tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ». – D'ailleurs, il est tellement difficile de construire l'avenir librement, en rompant avec le passé, que même les hommes qui veulent transformer le monde appuient leurs idées révolutionnaires sur des moments historiques reconnus, admis par tous.

Ces références rassurent. – Pourtant, la seule façon d'être libre de créer son avenir, donc l'histoire, c'est de s'y sentir entièrement chez soi.

On fait l'histoire, on devient actif, dès que l'on a compris que les hommes sont l'histoire, et qu'elle n'existe que par eux.

Pour Marx, l'histoire humaine est l'histoire de la libération progressive de l'humanité par la lutte des classes. QUESTION 2 a.

« pour jouer une nouvelle scène de l'Histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage d'emprunt » Les hommes font l'histoire : ils en sont les acteurs.

Mais ils ont peur d'innover ou sont désarmés devant la nouveauté.

Tout comme un metteur en scène qui aurait entre les mains une pièce d'avant-garde mais la mettrait en scène comme une pièce classique, les hommes qui veulent transformer le monde et le cours de l'histoire mettent en scène des idées entièrement nouvelles, inédites, des mouvements révolutionnaires, en se servant de déguisements déjà portés, connus, qui rappellent des moments historiques passés.

Ils se raccrochent à des schémas existants.

Pour expliquer la Révolution française de 1789 à 1814, et la montée en puissance de Bonaparte par exemple, on s'est référé à la République romaine, puis à l'Empire romain lorsque Bonaparte devint Napoléon.

Pourquoi ? Parce que, pendant très longtemps, on expliqua l'histoire par les grands hommes, sans se préoccuper des forces productives, sans prendre conscience de la lutte des classes comme moteur de l'histoire. b.

Que signifie la comparaison finale avec l'apprentissage d'une nouvelle langue, et qu'apporte-t-elle à l'argumentation ?. »

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