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Karl Heinrich MARX : Plus on remonte dans le cours de l'histoire...

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Plus on remonte dans le cours de l'histoire, plus l'individu - et par suite l'individu producteur lui aussi - apparaît dans un état de dépendance, membre d'un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d'abord de façon tout à fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu'à former la tribu ; puis dans les différentes formes de communautés, issues de l'opposition et de la fusion des tribus. Ce n'est qu'au dix-huitième siècle, dans la "société bourgeoise", que les différentes formes de l'ensemble social se présentent à l'individu comme un simple moyen de réaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure. Mais l'époque qui engendre ce point de vue, celui de l'individu isolé, est précisément celle ou les rapports sociaux (revêtant de ce point de vue un caractère général) ont atteint le plus grand développement qu'ils aient connu. L'homme est, au sens littéral, un animal politique, non seulement un animal sociable, mais un animal qui ne peut s'isoler que dans la société. La production réalisée en dehors de la société par l'individu isolé - fait exceptionnel qui peut bien arriver à un civilisé transporté par hasard dans un lieu désert et qui possède déjà en puissance les forces propres à la société - est chose aussi absurde que le serait le développement du langage sans la présence d'individus vivant et parlant ensemble. Karl Heinrich MARX (1818-1883)

Chaque homme se développe dans une société, ensemble plus vaste que lui. Mais ce  développement peut paradoxalement être celui de l'individualisme : les liens sociaux peuvent devenir si complexes qu'ils font éclater les solidarités traditionnelles et le thème de l'incommunicabilité, auquel nous sommes si sensibles, accompagne un développement sans précédent des rapports sociaux.

  • indications pour la compréhension du texte

• L'homme est essentiellement un être social (cf. Aristote). Chaque individu est « membre d'un ensemble plus grand » par lequel il est ce qu'il est. • L'individualisme, marque de l'atomisation des individus, est un produit tardif de l'histoire, fruit des structures socio-économiques de la société bourgeoise. La communauté humaine devient abstraite et, par conséquent, elle n'est pas une communauté réelle, elle est une « nécessité extérieure » aux individus. • L'individualisme témoigne à la fois de l'isolement de l'individu et du développement accru des rapports sociaux puisque la division du travail isole les hommes tout en accroissant leur interdépendance. • L'homme ne peut donc s'isoler de la société, mais seulement « dans la société ». • Il ne peut ainsi y avoir de production, c'est-à-dire de travail, qui est la manifestation de l'homme, que sociale, puisqu'il n'y a d'homme que social.

« MARX : MÊME L'INDIVIDUALISME EST PRODUIT SOCIAL Chaque homme se développe dans une société, ensemble plus vaste que lui. Mais ce développement peut paradoxalement être celui de l'individualisme : les liens sociaux peuvent devenir si complexes qu'ils font éclater les solidarités traditionnelles et le thème de l'incommunicabilité, auquel nous sommes si sensibles, accompagne un développement sans précédent des rapports sociaux. « Plus on remonte dans le cours de l'histoire, plus l'individu - et par suite l'individu producteur lui aussi - apparaît dans un état de dépendance, membre d'un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d'abord de façon tout à fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu'à former la tribu ; puis dans les différentes formes de communautés, issues de l'opposition et de la fusion des tribus.

Ce n'est qu'au dix-huitième siècle, dans la "société bourgeoise", que les différentes formes de l'ensemble social se présentent à l'individu comme un simple moyen de réaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure.

Mais l'époque qui engendre ce point de vue, celui de l'individu isolé, est précisément celle ou les rapports sociaux (revêtant de ce point de vue un caractère général) ont atteint le plus grand développement qu'ils aient connu.

L'homme est, au sens littéral, un animal politique, non seulement un animal sociable, mais un animal qui ne peut s'isoler que dans la société.

La production réalisée en dehors de la société par l'individu isolé - fait exceptionnel qui peut bien arriver à un civilisé transporté par hasard dans un lieu désert et qui possède déjà en puissance les forces propres à la société - est chose aussi absurde que le serait le développement du langage sans la présence d'individus vivant et parlant ensemble.

» indications pour la compréhension du texte • L'homme est essentiellement un être social (cf.

Aristote).

Chaque individu est « membre d'un ensemble plus grand » par lequel il est ce qu'il est. • L'individualisme, marque de l'atomisation des individus, est un produit tardif de l'histoire, fruit des structures socioéconomiques de la société bourgeoise.

La communauté humaine devient abstraite et, par conséquent, elle n'est pas une communauté réelle, elle est une « nécessité extérieure » aux individus. • L'individualisme témoigne à la fois de l'isolement de l'individu et du développement accru des rapports sociaux puisque la division du travail isole les hommes tout en accroissant leur interdépendance. • L'homme ne peut donc s'isoler de la société, mais seulement « dans la société ». • Il ne peut ainsi y avoir de production, c'est-à-dire de travail, qui est la manifestation de l'homme, que sociale, puisqu'il n'y a d'homme que social. ordre des idées 1) Position de l'individu dans le groupe avant le XVIII siècle : il dépend de collectivités familles, tribu, etc., dont il se sent essentiellement dépendant. 2) Position de l'individu dans la société à partir du XVIII siècle : la société est perçue comme "nécessité extérieure" (donc non plus comme une nécessité intérieure, qui définit l'essence même de chaque être). - Explication de cette transformation : le point de vue individualiste ne peut pas naître dans un groupe où l'individu se fond; il suppose une richesse de liens sociaux qui le sépare de telles ou telles communautés particulières et lui donne le sentiment d'être isolé. 3) Conséquences : L'individualisme n'est pas séparable de faits sociaux, il dépend très précisément d'une forme de société qui n'a pas toujours existé. -Application de cette idée aux producteurs : de même que l'individu réellement séparé des autres en dépend encore (même s'il n'en a pas toujours le sentiment) le producteur (le travailleur) n'est que très exceptionnellement isolé, et cet isolement lui-même ne doit pas faire oublier l'origine sociale de tous ses savoir-faire, techniques etc. En quelques mots Marx souligne le caractère essentiellement social de la vie de l'individu.

Dégageant une ligne historique qui va des sociétés primitives jusqu'à la société occidentale du XVIIIe siècle, l'auteur montre comment le statut de l'individu social évolue dans l'histoire.

Selon Marx la dépendance de l'homme à une collectivité est exponentielle à mesure que l'on recule dans le temps.

Il identifie une cassure au XVIIIe siècle : l'individu devient individualiste, il ne se fonds plus dans la société mais cherche à dégager son propre profit.

Paradoxalement l'essor de l'individualisme coïncide avec un développement des rapports sociaux ; nous nous demanderons comment il faut. »

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