MALEBRANCHE: les desseins et les volontes de Dieu
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Le texte débute par un constat: on ne connaît autrui (il faut entendre pour Malebranche aussi bien les hommes que les anges et les démons: toutes les créatures de Dieu douées de raison) que par conjecture. C'est dire qu'il n'est jamais l'objet d'une évidence pleine et entière mais seulement d'hypothèses forgées par mon esprit. Cette relative incertitude se laisse expliquer par la séparation des consciences qui fait que je ne suis jamais sûr d'autrui comme de moi-même. Nous ne faisons jamais que postuler l'identité (identité d'espèce, de sensations, de sentiments). J'ai pourtant des certitudes relativement à autrui: ce dernier doit connaître comme moi les vérités (qu'elles soient mathématiques ou morales). Elles sont en effet universelles, fondées en Dieu : tout être raisonnable les appréhende immédiatement. Mais ce savoir sur l'autre, ce n'est pas lui qui me l'apprend, mais Dieu: je ne connais autrui qu'en tant que créature de Dieu, c'est-à-dire dans la conformité de son intelligence aux vérités divines. C'est en Dieu seulement que je puise mes seules certitudes relatives à autrui. C'est pourquoi, dès qu'il s'agit d'affections qui mettent en jeu le corps (les sensations, les inclinations) mon savoir sur autrui s'évanouit et je ne peux qu'élaborer des hypothèses douteuses: elles ne se fondent plus sur les volontés générales de Dieu, mais sur un état déterminé de mon corps.
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