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Ma perception est-elle une somme de sensations ?

Extrait du document

« 1.

La perception comme passivité La perception semble désigner d'abord le fait de recevoir passivement dans notre esprit des faits extérieurs par le biais des sens, mais également des faits intérieurs par la conscience.

La perception est, en ce sens, synonyme de sensation. "Toute impression simple s'accompagne d'une idée correspondante et toute idée simple d'une impression correspondante.

De cette conjonction constante des perceptions semblables, je conclus immédiatement qu'il y a une grande connexion entre nos impressions et nos idées correspondantes et que l'existence des unes exerce une influence considérable sur l'existence des autres.

Une telle conjonction constante, dans un nombre aussi illimité de cas, ne peut jamais naître du hasard ; mais elle montre clairement qu'il y a une dépendance des impressions par rapport aux idées ou des idées par rapport aux impressions.

Pour savoir de quel côté se trouve cette dépendance, j'envisage l'ordre de première apparition ; et je trouve, par expérience constante, que les impressions simples précèdent toujours les idées correspondantes et que l'ordre inverse ne se produit jamais.

Pour donner à un enfant l'idée de l'écarlate ou de l'orange, du doux ou de l'amer, je lui présente les objets, ou, en d'autres termes, je lui communique ces impressions ; mais je ne procède pas assez absurdement pour tenter de produire les impressions en éveillant les idées.

Nos idées, à leur apparition, ne produisent pas les impressions correspondantes et nous ne percevons aucune couleur, ni ne ressentons aucune sensation à seulement y penser.

D'autre part nous trouverons qu'une impression, qu'elle soit de l'esprit ou du corps, est constamment suivie d'une idée qui lui ressemble et qui en diffère seulement par le degré de force et de vivacité.

La constante conjonction de nos perceptions semblables est une preuve convaincante que les unes sont causes des autres ; et la priorité des impressions est une preuve tout aussi grande que nos impressions sont les causes de nos idées et non nos idées les causes de nos impressions." HUME 2.

La perception comme jugement La sensation est définie comme une donnée élémentaire des sens.

La perception désigne, quant à elle, l'acte par lequel nous organisons nos sensations en une unité.

Lorsque je me penche à ma fenêtre pour regarder le spectacle de la rue, je dis que je vois passer des hommes.

Or, « que vois-je sinon des chapeaux et des vêtements, sous lesquels pourraient se cacher des automates ? », écrit Descartes dans sa seconde méditation (Méditations métaphysiques).

Nous voyons des chapeaux et jugeons cependant que ce sont des hommes, et ainsi, ce que nous croyons voir par l'oeil, c'est par la seule faculté de juger que nous le comprenons.

Si la perception est une construction faite à partir de données originaires, c'est parce qu'elle constitue déjà un jugement, au-delà de la stricte sensation. On croit naïvement que la perception est la réception passive d'une réalité extérieure, que percevoir c'est sentir. Mais en réalité, tout est jugement dans la perception.

Par exemple, je ne sens jamais un dé cubique : « Je touche successivement des arêtes, dit Alain, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objet est cubique.

» La perception de l'objet est donc « une opération de l'entendement, dont les sens fournissent seulement la matière.

» Bref, « l'objet est pensé et non pas senti ». Alain prolonge les analyses de Descartes (la perception est une « inspection de l'esprit ») et de Kant (l'entendement, qui est le pouvoir de juger, relie les sensations par ses catégories ).

Par son intellectualisme (primat du jugement sur la sensation), Descartes s'oppose à l'empirisme (toutes nos idées et nos connaissances dérivent de la sensation). 3.

Percevoir, c'est unifier.

La perception n'est pas d'une somme de sensations. »

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