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Ma culture: Puis-je être le possesseur ou le propriétaire d'une culture ?

Publié le 25/09/2022

Extrait du document

« Rappel Les éléments qui doivent impérativement être pris en compte, sous peine de grave lacune, sont La distinction de deux grands sens de culture (ensemble d'habitudes sociales et travail de l'esprit sur lui-même + résultat de ce travail). L'interrogation sur le genre de distance avec la « nature », dans chacun des cas. L'interrogation sur le sens de « ma » dans chacun des cas. L'interrogation sur le « moi » ou le « je » qui est en relation avec la « culture », dans chacun des cas + l'interrogation sur le sens de cette relation (entre « moi » et « culture ») dans chacun des cas. De nombreuses constructions sont possibles à partir de cela, et aucune n'est exigible a priori ; en revanche, ce qui est exigible, c'est que tous ces éléments-là soient présents et discutés. Le plus simple est sans doute de partir de « culture » comme ensemble d'habitudes, et de voir les problèmes et enjeux que cela entraîne. I Culture = un ensemble d'habitudes, c'est-à-dire de manières d'être devenues naturelles, mais dont le contenu, lui, ne l'est pas, car elles touchent aux idées de bien, vrai, beau.

L'habitude est un rapport naturel (immédiat, non réfléchi) avec du non-naturel (ce qui est bien, juste, vrai, etc.). Ces habitudes se présentent d'abord comme collectives et forment un « monde ambiant » dans lequel l'individu « débarque » quand il vient au monde (car du coup c'est bien au monde qu'il « vient », et non pas à la nature). → « ma » culture me précède, m'enveloppe de toutes parts, s'impose à moi immédiatement du coup, quelle relation existe-t-il entre elle et moi en quel sens est-elle « mienne » Pas au sens où je suis le seul à l'avoir.

Pas non plus au sens où j'en serai le possesseur, et encore moins le propriétaire.

S'il y a ici une « possession », c'est plutôt elle qui semble me posséder que l'inverse.

Elle est mienne en ce sens que c'est à celle-là que j'appartiens, ou que c'est de celle-là que je suis membre. Mais justement, que suis-je par rapport à elle Un membre ou seulement un élément Si cette culture comme monde ambiant imprègne la totalité de mon être (la langue que je parle, ce que je pense, ma façon de me comporter, mes rapports avec les autres, etc.), ne suis-je pas entièrement déterminé par elle Et même, l'idée de « moi » ou de « je » a-t-elle encore vraiment un contenu Cf.

Bourdieu, ou plus essentiellement Marx (la conscience est déterminée par son monde ambiant extérieur).

On peut se demander si j'ai encore un véritable être propre, distinct du tout social (lui-même émanation d'une structure économique) → à la limite, j'appartiens tellement à « ma culture » que ni le mot « moi » ni le mot « ma » n'ont encore de véritable sens. [Remarque si on s'appuie sur Nietzsche au lieu de Marx ou Bourdieu, c'est différent mais au fond cela revient au même certes, « ma culture » est alors une émanation de ma nature, mon essence définie comme volonté de puissance (plutôt que quelque chose qui me modèle de l'extérieur) ; mais là non plus il n'y a aucune vraie différence entre elle et moi, et le « moi » apparaît comme irréel, fictif]. Mais comment pourrais-je voir cela, et le dire, et le penser, si « je » n'étais que cela Paradoxe pour que je puisse penser que je n'ai aucun être propre, distinct de ma culture (ou de la nature, interne ou externe, dont la culture elle-même n'est que le produit), il faut que j'en aie un.

Sinon je serais avec ma culture dans le même rapport que l'est l'animal par rapport à la nature (et plus précisément à son « milieu »), c'est-à-dire un rapport in-conscient, sans aucune possibilité de le savoir. II Une déprise du « je » semble donc possible, dans la mesure où il y a dans le « je » quelque chose d'irréductible au monde ambiant qui est le « sien ». Mais cette irréductibilité n'existe pas naturellement, en ce sens qu'il faut la faire vivre, l'entretenir, ce qui ne va pas de soi a) toutes les cultures ne favorisent pas le maintien d'une distance réelle entre elles-mêmes et les individus qui vivent en leur sein.

Cf.

Lévy-Bruhl, Mauss, Girard, etc.

le « holisme », les « sociétés archaïques » etc.

; b) mais surtout, je peux toujours me contenter d'être un simple rouage du monde ambiant que constitue ma culture, et adhérer à lui immédiatement ; dans ce cas, l'absence de distance entre ma culture et moi vient de moi, plutôt que d'elle.

Si mon être ne se résume pas à ce que ma culture fait de moi, alors cela signifie que, fondamentalement, c'est moi qui suis responsable de la présence ou de l'absence de distance entre elle et moi (même si la prise de distance est plus ou moins facilitée par le contenu de la culture en question).

[Léo Strauss peut servir à montrer cela je peux m'interroger sur ma culture → je ne suis pas entièrement façonné par elle] Si le « je » est bien réel en lui-même, s'il a un être propre distinct de tout ce qui n'est pas lui, qu'en est-il de ses rapports possibles avec la culture comme monde ambiant Figure du « je » comme pur libre-arbitre, qui se trouve, par rapport aux contenus culturels environnants, dans une position d'extériorité, et ainsi de choix ; n'est-ce pas la posture du consommateur moderne, qui fait face à un « donné culturel » devenant pour lui une « offre culturelle », dont il peut choisir ou rejeter tel ou tel aspect, à son gré Et ainsi se constituer « sa » culture propre, individuelle, à partir d'éléments qui peuvent provenir aussi bien de « sa culture » de départ (le monde ambiant dans lequel il est né) que d'« autres cultures » (= manières d'être propres à d'autres sociétés) Il semble qu'alors ma culture est vraiment mienne, puisque je l'ai choisie.

Mais si ce choix est arbitraire, contingent, reposant sur des « goûts », « envies » particuliers, il n'y a aucun vrai lien entre elle et moi ; elle reste provisoire, modifiable, je n'y suis pas lié, attaché véritablement, ses contenus ne sont pas installés en moi mais seulement de passage, ils ne m'habitent pas et moimême je n'habite pas en eux → pas de vrai habitus, au sens d'Aristote (habitus, hexis = disposition stable, lien profond, substantiel entre la disposition et le sujet). → Là non plus, le « ma » n'a pas de véritable sens, et cela parce que le « moi » reste en lui-même vide, indéterminé, simple source de « choix » par rapport auxquels il reste extérieur.

Pour que ces mots aient un véritable contenu, ne faut-il pas que le moi lui-même fasse l'objet.... »

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